Ufano, Diego, Artillerie, ou vraye instrvction de l' artillerie et de ses appartenances : contenant une declaration de tout ce qui est de l' office du General d' icelle, tant en un siege qu' en un lieu assiegé; Item des batteries, contre-batteries, ponts, mines & galleries, & de toutes fortes de machines requises au train

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102Premier Traicté ritables que ledit Roy grand nigromancien & enchanteur, apres auoir coniuré par ſes en-
chantemens le malin eſprit, qu’il luy en montraſt la façon &
l’vſage, fut le premier qui en
vſa contre les Tartares au Royaume de Pegu &
en la conqueſte des Indes Orientales. Le
meſme eſt raconté par quelques Portugais qui ont nauigé &
coſtoyé ces quartiers: com-
me auſsi par le Pere Herrada &
ſes compagnons. Ets’accorde fort bien auec vne lettre du
Capitaine Artrede au Roy noſtre Sire, l’auiſant &
luy racomptant en grande diligence
toutes les particularitez de ce grand Royaume, diſans qu’en tous ces quartiers-là, on vſe
de meſmes armes &
de l’artillerie comme par deçà, & que dés long temps on y trouue
quelques vieilles piedrieres mal faictes:
que les fontes modernes ſont de meilleure façon
&
eſtoffe que celles de par deçà, & beaucoup plus fortes & durables: qu’en chacune ville
il y aarſenal, auquel entre autres choſes on prepare la poudre &
fond l’artillerie: Et que
l’artillerie n’eſt point colloquée es chaſteaux &
fortereſſes comme par deçà, mais ſur les
portes des villes enuironnées de fortes &
hautes murailles, & des larges & profonds foſ-
ſez, qu’ils peuuent facilement remplir d’eau des fleuues voiſins, &
ſont eſtimées les prin-
cipales fortereſſes du Royaume.
Il dit auſsi entre autres, que tout ce Royaume du coſté
des Tartares eſt enuironné d’vne grande muraille de la longueur de 500.
lieuës, commen-
çant dés la grande ville de Chioy, entre deux grandes montaignes, &
de là tirant de l’Oc-
cident vers l’Orient, pour l’enfermer entierement.
Et de ceſte muraille on trouue és hi-
ſtoires, qu’elle a eſté edifiée d’vn Roy nommé Teſineſon, pour ſe defendre à l’encontre
des Tartares qui luy faiſoient fort cruelle guerre:
mais auec cet auantage que les 400.
lieuës d’icelles ſont ſerrées de nature par hautcs montaignes, & que les autres cent lieuës
en vne vallée entre deux monts ſont cloſes parart &
grand labeur d’hommes, de bonne &
forte matiere ayant en largeur ou eſpoiſſeur ſept annes, &
autant en hauteur. Du coſté de
la mer elle commence en la Prouince de Canton &
s’eſtend par celle de Paguy & Can-
ſay iuſques à celle de Suan, où elle finit.
Auſsi toſt qu’elle fuſt acheuée de baſtir, le Roy
fit commandement tres-ſeuere à tous ſes Vicerois, en toutes ſesProuinces, villes &
lieux,
que ſur peine de la vie &
confiſcation des biens, perſonne de quelque eſtat ou condition
qu’il peuſt eſtre, ne fuſt ſi hardi ſous pretexte quelconque que ce fuſt, de la paſſer, ou per-
mettre que elle fuſt paſſée des circonuoiſins de dehors pour entrer au Royaume.
Lequel
commandement eſtant encor pour le iourd’huy gardé en toute rigueur, il ſemble que ce
ſoit la cauſe que iuſques à ce temps, on n’a veu ny ouy la moindre trace ou memoire
d’artillerie ny au Royaume de Sophi de Perſe, qui toutesſois eſt ſi proche de celuy de la
Chine, ne en autres lieux voiſins, voire en toute l’Aſie A frique &
Europe: Eſtant choſe
certaine que ni leSophi, ni aucune autre nation n’en a rien ſçeu, iuſques à l’année 1330.
en
laquelle comme dit eſt, vn moine curieux derechercher les effets de nature par le moyen
de l’Alchimie l’a trouuée.
Toutesfois ie ne vuideray du tout cette queſtion, en laiſſant la
deciſion d’icelle à autres, qui, peut-eſtre, y auront plus eſtudié que moy:
me contentant
de ce que les plus aſſeurez autheurs teſmoignent;
à ſçauoir que le premier inuenteur de la
poudre fut vt moine, qui en certain temps, ſans penſer aux canons &
poudre, ayant en
ſon mortier vne mixtion de ſoulphre &
nitre ou ſalpetre pour en vſer en quelque ſien
deſſein, il y tomba par aduenture vne eſtincelle de feu qui l’alluma, &
emporta ſubite-
ment &
auec grand effort toute la matiere, ce qui, comme choſe nouuelle luy cauſa gran-
de admiration, l’eſueillant à en rechercher la raiſon, laquelle en fin il trouua naturelle, &

procedante de la chaude &
ſeiche qualité du ſoulphre, & de la froide humidité du ſalpe-
tre.
Et y adioutant apres quelque peu de charbon naturel, aëré, ſec & chaud, propre
pour receuoir le feu, il a peu à peu produit à ſa perfection ceſte inuention malheureuſe
&
ſi dommageable aux hommes. Et tient-on pour aſſeuré que le meſme moine ayt auſ-
ſi trouué le canon ou artillerie.
Car voyant cet effect du feu ſi vehement qui ne peut
aucunement eſtre enfermé;
& ſe trouuant pris, ſe deliure auec grande violence, il en fit
l’eſpreuue en vn petit tuyau, au quel il enferma quelque peu de ſa poudre, la

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