Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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253LIVRE I. DE LA THEORIE DE LA MAÇONNERIE.
S’il manque quelque choſe à l’Architecture, c’eſt que ceux
qui en ont traité, ont voulu tirer tout du même fond, &
ſe paſſer
des ſecours qu’ils ont crû étrangers à leur ſujet, n’ayant pas conſi-
deré que les ſciences doivent ſe donner des lumieres mutuelles,
&
que celle-ci roulant ſur des rapports, il n’y avoit que les Ma-
thématiques qui puſſent les déterminer, ils ont pourtant bien ſenti
qu’il leur manquoit quelque choſe, mais comme la plûpart n’avoient
que très-peu ou point du tout de connoiſſance de la Mécanique ni
de l’Algebre, qui ſeules pouvoient donner ce qu’ils cherchoient,
il n’eſt pas étonnant qu’ils n’y ayent point eu recours, &
qu’ils s’en
ſoient tenu à une certaine pratique, quià la verité leur a réüſſi dans
bien des cas, parce qu’ils n’ont point épargné les matériaux, quand
ils ont eu quelque ſujet d’aprehender queleur ouvrage ne fut point
aſſés ſolide.
Aprés cela quand on parviendroit à trouver des régles qui don-
neroient à l’Architecture toute la perfection poſſible, il eſt à crain-
dre qu’on n’en tire pas toute l’utilité qu’on pouroit ſe promettre;
parce que les régles que les Géometres donneront ne pourront pas
être entenduës auſſi aiſément qu’on a coûtume d’entendre les Livres
ordinaires de l’Architecture, &
qu’il faudra abſolument employer
l’Algebre &
la Mécanique, ces ſortes de choſes ne pouvant s’ex-
pliquer dans un autre langage.
On aura beau dire qu’on n’y com-
prend rien, ce ne ſera point la faute de ceux qui auront fait de
leur mieux pour donner des principes nouveaux &
plus certains
que ceux que l’on avoit.
Mais pourquoi, dira-t’-on, vouloir aſſujet-
tir l’Architecture à tant de connoiſſances abſtraites?
Les Architectes
juſqu’ici n’ont pas ſçû l’Algebre, &
leurs ouvrages n’en ſont pas
moins ſolides, ni moins beaux.
Je conviens qu’on ne ſauroit trop
les admirer, &
qu’il eſt ſurprenant qu’ils ayent pu ſe paſſer desré-
gles dont je parle;
cela vient apparemment du long uſage où ils
ont été de faire executer ſouvent la même choſe, qui leur a fourni
certaines pratiques dont ils ſe ſont bien trouvés;
mais quel tems
ne leur a-t’-il pas fallu avant d’être capables de travailler hardiment?

A peine toute leur vie a-t-elle pû ſuffire;
la malheureuſe condition
des hommes étant d’arriver au dernier terme de leurs jours lorſ-
qu’ils commencent ſeulement à ſavoir quelque choſe;
il faudroit
donc pour tirer le meilleur parti qu’il eſt poſſible d’une vie ſi cour-
te apprendre avec méthode, ce qu’on a envie de ſavoir, avoir
des régles ſures &
démontrées, afin qu’en étant une fois préve-
nu, on ne ſoit pas obligé d’attendre que l’experience ou le hazard
nous les apprenne;
ainſi dans quelque profeſſion que l’on ſoit, il

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