Ufano, Diego, Artillerie, ou vraye instrvction de l' artillerie et de ses appartenances : contenant une declaration de tout ce qui est de l' office du General d' icelle, tant en un siege qu' en un lieu assiegé; Item des batteries, contre-batteries, ponts, mines & galleries, & de toutes fortes de machines requises au train

Table of figures

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11860Second Traicté
Item 1500. charges de charbons, tant pour les ſerruriers que pour la cuiſine, aſin que
l’ennemy ne voye la fumée, de laquelle il iuge du lieu auquel il pourroit faire du dommage.
Item 1000. charges de foing & de paille, tant pour le fourrage desbeſtes, que pour
en faire les tappons à l’Artillerie.
Gen. Monſieur le Capitaine i’entends quand vous faites mention des canons, deſ-
quels vous ne dites mot au compte que vous me fites les iours paſſez, &
que ny alors ne
maintenant vous n’auez aucune memoire des couleurines;
dont i’en deſirerois ſçauoir la
raiſon, eſtimant de ma part qu’on s’en pourroit auſſi bien ſeruir que d’autres pieces.
Cap. Quand au compte de ces iours paſſez, ie n’ay fait mention des canons ny des
couleurines, c’eſtoit premierement que quand aux canons, que ie les eſtime inutils, ſi ce
n’eſt en vne citadelle d’vne grande &
puiſſante ville, pour tenir les habitans en bride &
obeyſſance, eſquelles auec les petites pieces, ces grandes ſont de ſingulier effet, tant pour
les humilier par leur grand effort, que pour les faire trembler de leurs effroyables tonner-
res.
Mais quand aux couleurines, ie les ay obmiſes, comme du tout inutiles, ſi ce n’eſt és
lieux maritimes, és ports de mer, pour de bien loing offenſer l’ennemy qui à bateau y vou-
droit approcher, ou pour deffendre les vaiſſeaux allans &
venants, tant des marchands que
des peſcheurs.
De fait les canons non ſeulement ne ſont propres en lieux eſtroits, mais auſ-
ſi tant à cauſe de leur poids exceſſif, que de la vehemence de leur ſouffle, y ſont dommagea-
bles, &
aux habitans tres-griefs, à cauſe de leur grand couſt, iceux ſe mettront, s’ils en vſent
trop gaillardement au commencement, en danger de faute de munitiõs ſur la fin, &
quand
ils en auroient plus de beſoing.
Comme il aduint à ceux d’Amiens, quiaſsiegez par l’ar-
mée du Roy Henry IIII.
ſe deffendans au commencement trop brauement de leurs ca-
nons, &
dépendans toute la poudre, furent à la ſin contraints de ſe rendre par faute d’icelle.
De meſme en print-ill’année 1606. à ReinbercK, auquel l’ennemy ſe ſeruant de grandes
pieces, &
y perdant toute ſa poudre: en ſin, quand plus il auoit de beſoing, il s’en trouua
deſtitué.
Dont encorie ſuis d’aduis, qu’vne ville ne ſe charge de ſemblables pieces, ſi elle
n’eſt bien aſſeurée d’eſtre puiſſante aſſez, &
bien pourueuë qu’elle puiſſe faire ſon compte
(qui ſe fait bien difficilement) de n’eſtre en danger de quelque defaut.
Cap. C’eſt vne reſponce fort raiſonnable, de laquelle ie me trouue bien ſatisfait
Mais l’ennemy ayant fait ſa batterie, &
qu’il fuſt de beſoing de faire vne contrebatterie,
pour luy oſter tant ſon Artillerie que ſon deſſein:
I’eſtimerois certes, que ladite contrebat-
terie ſeroit de bien peu d’effet, s’il n’y auoit, auſsi bien qu’en la batterie, des canons.
Gen. Les demy-canons font autant propres à cet effet, que, ſelon l’experience que
i’enay, ie m’en ſeruirois beaucoup mieux en vne ville, que des canons.
Ne diſant pourtant,
que quand il y auroit piece contre piece, que les canons ne ſeroient meilleurs que les de-
mys:
mais ie parle de la deſſenſe, pour laquelle faiſant vne contrebatterie ie prendrois plu-
ſtoſt les demy-canons que les canons, premierement pource qu’ils ſont plus maniables;
&
aprez, pource queles canonniers les pouuant recharger &
apoſter pluſtoſt que l’en nemy
ſes canons, luy en peuuent ( choſe de ſoigneuſeremarque en ſemblable affaire) facilement
gaigner la main.
Quand aux aſſiegeants, il eſt vray que les canons leur ſont plus propres:
tant pource que les murailles en ſont pluſtoſt ruinées, que pour la capacité du lieu, duquel
couſtumierement il y a de la faute en petites villes &
chaſteaux. Ioint que quand on ſe
voudroit ſeruir ſur les murailles, de ces grandes pieces, on ſe mettroit tous les moments en
ce danger, de les veoir renuerſées &
de montées: eſtant choſe aſſeurée, que celuy qui eſt à
la ville ne peut faire ſon compte de ſi bien couurir ſes pieces, que l’ennemy qui eſt dehors
ne les deſcouure:
cõme au 8. dialogueila eſté monſtré. Toutesfois l’habilité & prudence
eſt la compagne d’vn bon ſuccez.
En ſomme, comme les canons en cet endroit ſont de
peu d’vſage:
ainſi y ſont les couleurines du tout inutiles, ſi ce ne fuſt qu’en plattes-for-
mes bien eſleuées, on voudroit attendre l’ennemy, deuant de venir en ſon quartier, pour

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