Bion, Nicolas, Traité de la construction et principaux usages des instruments de mathématique, 1723

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120106CONSTRUCTION ET USAGES man, ſe tourne vers l'endroit du Monde oppoſé à celui qui regarde
ce pole;
c'eſt pourquoi ſi on veut que le bout de l'éguille ſe dirige
vers le Nord, il faut le faire toucher au pole de l'aiman quiregarde
le Sud.
Plus les éguilles ſont longues, moins elles ont de vibration.
Cette merveilleuſe direction de l'aiman & de l'éguille aimantée
vers les Poles du Monde, n'eſt connuë en Europe que depuis environ
200 ans, &
les Pilotes en tirent la principale connoiſſance de leurs
routes dans les grandes navigations.
Ce qui eſt incommode, c'eſt
que l'éguille aimantée ne ſe dirige pas toûjours exactement vers les
Poles du Monde, mais qu'elle décline tantôt plus, tantôt moins vers
l'Orient ou vers l'Occident, &
que ſa déclinaiſon n'eſt pas même é-
gale par tout.
En l'année 1610, elle déclinoit à Paris de 8 degrez du
Septentrion vers l'Orient;
en 1658, elle n'y déclinoit point du tout; en
1716, elle déclinoit de plus de 2 degrez 15 minutes vers l'Occident.
Outre la déclinaiſon de l'éguille aimantée, on y remarque enco-
re une inclinaiſon, c'eſt-à-dire, qu'une éguille de bouſſole étant en
équilibre ſur ſon pivot avant que d'être aimantée, perd cet équili-
bre en l'aimantant, &
le bout qui dans ce païs tourne au Nord,
panche vers la terre, comme ſi elle étoit devenuë plus peſante de
ce côté-là;
c'eſt ce quifait qu'avant que d'aimanter les éguilles, on
laiſſe le côté qui doit regarder le Nord, plus leger que celui qui doit
regarder le Sud.
Cette inclinaiſon augmente à meſure qu'on appro-
che du Pole, &
diminuë quand on aproche de l'Equateur; tellement
queſous la Ligne équinoxiale l'éguille ſe trouve en équilibre;
quand
on a paſſé la Ligne pour aller vers la partie méridionale du Monde,
pour lors l'aut re bout de l'éguille, qui regarde le Pole du Sud, com-
mence à pancher vers la terre, tellement que les Pilotes ſont obligez
de mettre un peu de cire tantôt à un bout de l'éguille, tantôt à l'au-
tre, pour la mettre en équilibre.
Plus l'aiman ſur lequel ou touche
les éguilles, a de force, plus illes fait pancher.
On fait exprès des éguilles pour obſerver cette inclinaiſon. C'eſt
un morceau d'acier fort uni, traverſé par le milieu à angles droits
d'un fil de laiton qui ſert à la ſoûtenir ſur deux petits pivots, à la
maniere que le fleau d'une balance eſt ſoûtenu.
Elle eſt d'abord mi-
ſe en équilïbre;
mais après qu'elle a été frotée d'un bon aiman,
quand on la met dans le plan du Méridien à Paris, le bout ne l'éguil-
le qui regarde le Nord, trebuche;
& quand elle eſt arrêtée, elle incli-
ne à 1 horiſon environ de 70 degrez.
Si on paſſe une lame d'acier ſur un des poles de l'aiman armé de
la même maniere que nous avons dit des éguilles de bouſſoles, cette

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