155038SECOND LIVRE
ceſte matiere, ſont de grande vtilité, meſmement pource qu’elles
ne chargent gueres vn ouurage, & ne ſe deſtrempent par les ora-
ges ou rauines de pluye.
ne chargent gueres vn ouurage, & ne ſe deſtrempent par les ora-
ges ou rauines de pluye.
De l’Arene ou Sable. Chap. IIII.
AVx baſtiments qui ſe font de moi lon ou blocca-
ge, faut ſur toutes choſes aduiſer que le ſable ſoit
bon à lier les pierres, & ne ſe treuue aucunemẽt
terreux, Les eſpeces de celuy qui ſe fouille à la
beſche ou hoyau, ſont, Noir, Gris, Rouge, & vn au-
tre de couleur de Carboncle. Mais entre tous ce-
ſtuy là eſt le meilleur, qui cracque quand on le frotte entre ſes
mains. Celuy qui eſt terreux, & n’a aucune aſpreté, ou qui eſtant
mis ſur vne robbe blanche, ne la ſouille point quand elle eſt ſe-
couee, & n’y laiſſe rien de terreſtre, eſt ſuffiſamment receuable.
Mais s’il ne ſe trouuoit point de ſablonniere où lõ en peuſt fouil-
ler de tels, il en faudra prendre aux riuieres, ou le tirer de terre
glaire, ou bien des riuages de la Mer. Toutesfois celuy qui s’en
tire, a ces incommodités en baſtiſſant, qu’il ne peut ſeicher ſinon
à peine, & que la muraille qui en eſt faicte, ne veut eſtre gueres
chargee: meſmes faut qu’on la laiſſe repoſer de temps à autre en
la faiſant: & ſi n’eſt commode à lier voutes, berceaux, ny telles au-
tres façons d@edifices. Et au regard du ſable de Mer, encores a il
ce vice d’auantage, que quand lon en a faict des murailles, & que
lonles a bien couuertes, elles ſe mettenta ſuinter, à cauſe de la ſa-
lure, qui ſe vient à diſſoudre: choſe qui fait creuer les baſtimens.
Mais le mortier meſlé de ſable de foſſë, ſe ſeiche tãtoſt & à proffit:
voire ſi bien, que les œuures que lon en edifie, ſont de fort longue
duree: & ſi il s’en eſtoffe de bonnes voutes: la où ſi lon prend du
ſable frais nouuellement tiré des ſablonnieres, & que lon le laiſſe
ſeicher de longue main, il ſe reſout & conuertit en terre, tellemẽt
que les licts de mortier que lon en met en beſongne, ne tiennẽt
point, ains viennent à ſe fondre: qui fait qu’ils tumbent en menue
poudriere: & les murailles ainſi decimentees, ne peuuent ſuppor-
ter leur cha@ge. Au regard du ſable de foſſé, encores qu’il ayt tãt
de proprietés & vertus en baſtimẽts, ſi eſt-ce qu’il n’eſt gueres dur-
ſant en couuertures: car ſi lon vient à le broyer parmi de la chaux
meſlee de paille, celà ne peut ſeicher ſans creuaſſes, à cauſe de la
ge, faut ſur toutes choſes aduiſer que le ſable ſoit
bon à lier les pierres, & ne ſe treuue aucunemẽt
terreux, Les eſpeces de celuy qui ſe fouille à la
beſche ou hoyau, ſont, Noir, Gris, Rouge, & vn au-
tre de couleur de Carboncle. Mais entre tous ce-
ſtuy là eſt le meilleur, qui cracque quand on le frotte entre ſes
mains. Celuy qui eſt terreux, & n’a aucune aſpreté, ou qui eſtant
mis ſur vne robbe blanche, ne la ſouille point quand elle eſt ſe-
couee, & n’y laiſſe rien de terreſtre, eſt ſuffiſamment receuable.
Mais s’il ne ſe trouuoit point de ſablonniere où lõ en peuſt fouil-
ler de tels, il en faudra prendre aux riuieres, ou le tirer de terre
glaire, ou bien des riuages de la Mer. Toutesfois celuy qui s’en
tire, a ces incommodités en baſtiſſant, qu’il ne peut ſeicher ſinon
à peine, & que la muraille qui en eſt faicte, ne veut eſtre gueres
chargee: meſmes faut qu’on la laiſſe repoſer de temps à autre en
la faiſant: & ſi n’eſt commode à lier voutes, berceaux, ny telles au-
tres façons d@edifices. Et au regard du ſable de Mer, encores a il
ce vice d’auantage, que quand lon en a faict des murailles, & que
lonles a bien couuertes, elles ſe mettenta ſuinter, à cauſe de la ſa-
lure, qui ſe vient à diſſoudre: choſe qui fait creuer les baſtimens.
Mais le mortier meſlé de ſable de foſſë, ſe ſeiche tãtoſt & à proffit:
voire ſi bien, que les œuures que lon en edifie, ſont de fort longue
duree: & ſi il s’en eſtoffe de bonnes voutes: la où ſi lon prend du
ſable frais nouuellement tiré des ſablonnieres, & que lon le laiſſe
ſeicher de longue main, il ſe reſout & conuertit en terre, tellemẽt
que les licts de mortier que lon en met en beſongne, ne tiennẽt
point, ains viennent à ſe fondre: qui fait qu’ils tumbent en menue
poudriere: & les murailles ainſi decimentees, ne peuuent ſuppor-
ter leur cha@ge. Au regard du ſable de foſſé, encores qu’il ayt tãt
de proprietés & vertus en baſtimẽts, ſi eſt-ce qu’il n’eſt gueres dur-
ſant en couuertures: car ſi lon vient à le broyer parmi de la chaux
meſlee de paille, celà ne peut ſeicher ſans creuaſſes, à cauſe de la