155341DE VITRVVE.
aucunement diſſoudre.
Or qu’il y ayt de l’ardeur en ces lieux là,
ceſte preuue le peut aſſez faire apparoir. Aux mõtaignes de Cu-
ma & de Baye ſe treuuent certaines cauernes expreſſemẽt creu-
ſees en la roche pour y ſeruir d’eſtuues. Dedans celles là, vne va-
peur chaude procedant du fonds de la terre, contraincte par la
force dufeu, perce & penetre celle roche, & en paſſant parmy ſes
pores, y engendre vn air gros & chaud, qui cauſe de merueilleu-
ſes vtilités pour ceux leſquels y vont ſuer, Auſſi dit-on que anciẽ-
nement ſous les racines du mont Veſuue s’exciterẽt quelques ar-
deurs, qui puis apres vomirent grandes flammes ſur les cãpagnes
du païs d’enuiron. parquoy la pierre que lon appelle auiourd’huy
Ponce, ou Eſponge Pompeiane, ſemble par cuiſſon auoir eſté re-
duite d’vne autre eſpece de pierre en la qualité que lon la void.
Toutesfois ce genre dePonce que lon tire de ſẽblables endroirs,
ne naiſt pas en toutes contrees, mais ſeulement enuiron la mon-
tagne d Etna, & aux vallees de Myſie, quiſont nommees par les
Grecs Catakekaumeni, c’eſt à dire a@dentes: & autres qui ſont de
pareille nature. Si donques lon treuue en ces lieux des fontaines
d’eau bouillante, & que dedans les cauernes des Roches y ayt des
vapeurs chaudes, meſmes queles antiques diſent que lon a jadis
ſenti des ardeurs ſous les plantes des pieds en cheminant par ces
campagnes, il ſemble eſtre choſe certaine, que ceſte exhalation
eſt par la ſubtilité du feu eſleuee hors de ce tuf & de la terre, cõ-
me celle de la chaux en fournaiſes. Quand donc aucunes eſpe-
ces diſſemblables & de qualité differẽte ſont priſes & reduites en
maſſe, l’humeur chaude qui a longuement jeuſné, ou eſté priuce
de nourriture, ſe venant ſoudainement à remplir & ſaouler de la
ſubſtance qu’elle treuue dedans les corps cõmuns, cõmẽce lors à
fumer, à l’occaſion de la chaleur latẽte, & les fait vehementemẽt
aſſẽbler: meſmes (qui plus eſt) prõptement & ſans autre demeure
receuoir la vertu de ſolidité. Mais ſi quelcun venoit ſur ce poinct
à demãder, Puis qu’au païs d’Hetrurie (maintenãt dit Tuſcane) il
y a pluſieurs ſources d’eau chaude: pourquoy n’y naiſtil auſſi bien
de la pouſſiere de laquelle par meſme raiſon les baſtimẽs s’ẽdur-
ciſſent en l’eau? Il me ſẽble qu’auant laiſſer faire ceſte demande,
il eſt raiſonnable d’y reſpõdre, & dire ce qui en eſt. En toutes re-
giõs & cõtrees les terres ne ſõt pas d’vne pareille proprieté, & ne
croiſt par tout de la pierre: car certains endroits ſõt terreux, au-
cuns ſablonneux, quelques vns glaireux, & d’autres produi-
ceſte preuue le peut aſſez faire apparoir. Aux mõtaignes de Cu-
ma & de Baye ſe treuuent certaines cauernes expreſſemẽt creu-
ſees en la roche pour y ſeruir d’eſtuues. Dedans celles là, vne va-
peur chaude procedant du fonds de la terre, contraincte par la
force dufeu, perce & penetre celle roche, & en paſſant parmy ſes
pores, y engendre vn air gros & chaud, qui cauſe de merueilleu-
ſes vtilités pour ceux leſquels y vont ſuer, Auſſi dit-on que anciẽ-
nement ſous les racines du mont Veſuue s’exciterẽt quelques ar-
deurs, qui puis apres vomirent grandes flammes ſur les cãpagnes
du païs d’enuiron. parquoy la pierre que lon appelle auiourd’huy
Ponce, ou Eſponge Pompeiane, ſemble par cuiſſon auoir eſté re-
duite d’vne autre eſpece de pierre en la qualité que lon la void.
Toutesfois ce genre dePonce que lon tire de ſẽblables endroirs,
ne naiſt pas en toutes contrees, mais ſeulement enuiron la mon-
tagne d Etna, & aux vallees de Myſie, quiſont nommees par les
Grecs Catakekaumeni, c’eſt à dire a@dentes: & autres qui ſont de
pareille nature. Si donques lon treuue en ces lieux des fontaines
d’eau bouillante, & que dedans les cauernes des Roches y ayt des
vapeurs chaudes, meſmes queles antiques diſent que lon a jadis
ſenti des ardeurs ſous les plantes des pieds en cheminant par ces
campagnes, il ſemble eſtre choſe certaine, que ceſte exhalation
eſt par la ſubtilité du feu eſleuee hors de ce tuf & de la terre, cõ-
me celle de la chaux en fournaiſes. Quand donc aucunes eſpe-
ces diſſemblables & de qualité differẽte ſont priſes & reduites en
maſſe, l’humeur chaude qui a longuement jeuſné, ou eſté priuce
de nourriture, ſe venant ſoudainement à remplir & ſaouler de la
ſubſtance qu’elle treuue dedans les corps cõmuns, cõmẽce lors à
fumer, à l’occaſion de la chaleur latẽte, & les fait vehementemẽt
aſſẽbler: meſmes (qui plus eſt) prõptement & ſans autre demeure
receuoir la vertu de ſolidité. Mais ſi quelcun venoit ſur ce poinct
à demãder, Puis qu’au païs d’Hetrurie (maintenãt dit Tuſcane) il
y a pluſieurs ſources d’eau chaude: pourquoy n’y naiſtil auſſi bien
de la pouſſiere de laquelle par meſme raiſon les baſtimẽs s’ẽdur-
ciſſent en l’eau? Il me ſẽble qu’auant laiſſer faire ceſte demande,
il eſt raiſonnable d’y reſpõdre, & dire ce qui en eſt. En toutes re-
giõs & cõtrees les terres ne ſõt pas d’vne pareille proprieté, & ne
croiſt par tout de la pierre: car certains endroits ſõt terreux, au-
cuns ſablonneux, quelques vns glaireux, & d’autres produi-
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