156654SECOND LIVRE
contiennent:
parquoy venãs à ſe deſſeicher, en acquierẽt plus lõ-
gue duree. Mais au regard des arbres qui n’õt point d’emõctoires
pourſe purger, les humeurs croiſſantes en leurs tiges, ſe viennent
à putrifier, de ſorte qu’elles les rendent inutiles & corrompus. A
ceſte cauſe, ſi ceux qui ſont vifs, & en pied, ne vieilliſſent de long
temps en ſe deſſeichant, il n’y a point de doute que quand on les
abbat pour les faire ſeruir de merrein, apres qu’ils ont eſté purgés
de la maniere declaree, ils peuuent longuement durer en edifi-
ces, & donner des commodités bien grandes.
gue duree. Mais au regard des arbres qui n’õt point d’emõctoires
pourſe purger, les humeurs croiſſantes en leurs tiges, ſe viennent
à putrifier, de ſorte qu’elles les rendent inutiles & corrompus. A
ceſte cauſe, ſi ceux qui ſont vifs, & en pied, ne vieilliſſent de long
temps en ſe deſſeichant, il n’y a point de doute que quand on les
abbat pour les faire ſeruir de merrein, apres qu’ils ont eſté purgés
de la maniere declaree, ils peuuent longuement durer en edifi-
ces, & donner des commodités bien grandes.
Toutesfois iceux arbres ont entr’eux des proprietés naturelles
toutes differentes les vnes des autres, cõme ſont le Cheſne, l’Or-
me, le Pouplier, le Cypres, le Sapin, & pluſieurs autres dediés à ba-
ſtir: car le Cheſne ne peut ſeruir à ce que fera bien le Sapin: ny le
Cypres à ce que fera l’Orme: pourautant qu’ils n’ont pas vne
meſme conformité de nature: mais chacũ ſa vertu en ſon eſpece,
laquelle luy a eſté donnee au cõmencement de ſa creatiõ. & de là
viẽt que les vns eſtans mis en ouurages, font des effects tous cõ-
traires aux autres. Premieremẽt le Sapin, pource qu’il a beaucoup
d’air & de feu en ſa compoſition, mais bien peu d’humidité & de
terreïté, ayant eſté aſſorti des plus legiers elemẽts de nature, celà
fait qu’il n’eſt gueres peſant: & à raiſon qu’il a en ſoy grande force
& vigueur naturelle, il ne ploye pas volõtiers ſous le faix, ains de-
meure droit en charpenterie. ce neantmoins a raiſõ qu’il a beau-
coup de chaleur, il engẽdre & nourrit des vers, par leſquels ſa ſub-
ſtance eſt corrompue: & ſi bruſſe facilement. Puis pource que ſes
pores ou conduicts ſont delicats, la ſubtilité de lair enclos en ſa
maſſe corporelle reçoit incontinent le feu, & puis rend vne flam-
me violente à merueilles. De ce Sapin dont je parle, auant qu’il
ſoit coupé, la partie qui eſt la plus prochaine de la terre, receuant
par les racines l’humidité qui luy eſt voiſine, prouient toute vnie
& ſãs neuds: mais celle qui eſt plus haut, ayãt produit ſes rameaux
en l’air par l’attraction de la chaleur, ſi elle eſt coupee enuiron
vingt pieds pres du bout, & charpentee à la doloire, adonc les
ouuriers la nomment Fuſterne, à cauſe de la durté de ſes neuds.
Mais la plus baſſe quãd elle eſt ſiee pour mettre en œuure, & que
les liqueurs fluentes de ſes veines ſont deſſeichees ſuyuant ce
que j’ay dit, meſmes apres que lon en a jecté la ſeue dehors, lon
s’en ſert en lambriſſements ou reueſtements de murailles, & l’ap-
pellent iceux ouuriers Sapin. Au contraire le Cheſne
toutes differentes les vnes des autres, cõme ſont le Cheſne, l’Or-
me, le Pouplier, le Cypres, le Sapin, & pluſieurs autres dediés à ba-
ſtir: car le Cheſne ne peut ſeruir à ce que fera bien le Sapin: ny le
Cypres à ce que fera l’Orme: pourautant qu’ils n’ont pas vne
meſme conformité de nature: mais chacũ ſa vertu en ſon eſpece,
laquelle luy a eſté donnee au cõmencement de ſa creatiõ. & de là
viẽt que les vns eſtans mis en ouurages, font des effects tous cõ-
traires aux autres. Premieremẽt le Sapin, pource qu’il a beaucoup
d’air & de feu en ſa compoſition, mais bien peu d’humidité & de
terreïté, ayant eſté aſſorti des plus legiers elemẽts de nature, celà
fait qu’il n’eſt gueres peſant: & à raiſon qu’il a en ſoy grande force
& vigueur naturelle, il ne ploye pas volõtiers ſous le faix, ains de-
meure droit en charpenterie. ce neantmoins a raiſõ qu’il a beau-
coup de chaleur, il engẽdre & nourrit des vers, par leſquels ſa ſub-
ſtance eſt corrompue: & ſi bruſſe facilement. Puis pource que ſes
pores ou conduicts ſont delicats, la ſubtilité de lair enclos en ſa
maſſe corporelle reçoit incontinent le feu, & puis rend vne flam-
me violente à merueilles. De ce Sapin dont je parle, auant qu’il
ſoit coupé, la partie qui eſt la plus prochaine de la terre, receuant
par les racines l’humidité qui luy eſt voiſine, prouient toute vnie
& ſãs neuds: mais celle qui eſt plus haut, ayãt produit ſes rameaux
en l’air par l’attraction de la chaleur, ſi elle eſt coupee enuiron
vingt pieds pres du bout, & charpentee à la doloire, adonc les
ouuriers la nomment Fuſterne, à cauſe de la durté de ſes neuds.
Mais la plus baſſe quãd elle eſt ſiee pour mettre en œuure, & que
les liqueurs fluentes de ſes veines ſont deſſeichees ſuyuant ce
que j’ay dit, meſmes apres que lon en a jecté la ſeue dehors, lon
s’en ſert en lambriſſements ou reueſtements de murailles, & l’ap-
pellent iceux ouuriers Sapin. Au contraire le Cheſne