Tesoro De Las Tres Lengvas Española, Francesca, Y Italiana, 1637

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156856SECOND LIVRE Et cela ſe peut voir en la ville de Rauenne, en laquelle tous ediſi-
ces tãt publiques cõme particuliers ſõt fondés deſſus tels pilotis.
Au regard de l’Orme, & du Freſne, ils ſont garnis d’abondãce
d’humeurs, mais ils n’ont comme point d’air &
de feu, en compa-
raiſon de la terreïté dont ils ſont doüés par la nature.
Auſſi
quand on les charpente pour mettre en beſongne, ils ſe treu-
uent mols, &
meſmes n’ont point de reſiſtance ſous le faix,
à cauſe de l’exceſſiue portion de leur humidité qui les fait ployer.
Toutesfois, quand ils ſont deſſeichés par vieilleſſe, ou bien apres
que lon les a purgés aux champs par la maniere que dit eſt, la li-
queur qui reſide en eux durant qu’ils ſont en pied, ſe vient à eua-
porer, de ſorte qu ils durciſſent aſſez, &
adonc pour cauſe de leur
nature lente, lon en peut faire de bons planchers &
fermes.
Quant eſt du Charme, pourautant qu’en ſa mixtion il a peu de
feu &
de terre, mais beaucoup d’humidité, il n’eſt pas aiſé à rom-
pre, ains a vne traictabilité ſingulierement proffitable:
à l’occaſiõ
dequoy les Grecs, pource qu’ils en font des jougs à leurs beſtes,
leſquels ils appellent zyga, auſſi nomment-ils ceſt arbre Zygeia.
Il ne ſe faut moins eſmerueiller du Cypres, & du Pin: car no-
nobſtant qu’ils ayent abondãce d’humeur, &
mixtion egale des
trois autres principes, à cauſe de l’humeur dont ils ſont pleins,
ordinairement ſe rendent courbes quand on s’en ſert en edifi-
ces, &
neantmoins ſe conſeruent ſans corruption juſques à mer-
ueilleuſe vieilleſſe.
La raiſon eſt que la liqueur dõt ils ſont abbreuués, a vne ſaueur
grandement amere:
laquelle par ſon amertume ne permet que la
vermoulure y puiſſe penetrer, ny que les Artuiſons, Courtelieres,
ou ſemblable vermine la rongent:
& de là vient que les ouurages
qui s’en font, durent ſant fin.
Auſſi le Cedre & le Geneurier ont leurs vertus pareilles, & leurs
vtilités de meſme:
car tout ainſi que la Reſine procede du Pin, &
ſemblablement du Cypres, ainſi du Cedre prouient l’huile que
lon nomme Cedreleum, duquel toutes choſes qui s’en frotent,
juſques aux couuertures des liures, ne ſont jamais endommagees
ny de moyſiſſure, ny de vers.
Ces arbres, que je nomme Cedres,
ont le feuillage reſemblant au Cypres, &
dauantage leur bois &
leurs veines toutes de droit fil.
V oylà pourquoy en la ville d’Epheſe, dedãs le tẽple de Diane,
la ſtatue de ceſte deeſſe en fu@ faicte, &
le lãbriſſement des voutes

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