Tesoro De Las Tres Lengvas Española, Francesca, Y Italiana, 1637
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1618106QVATRIEME LIVRE à l’vſage des colonnes, & tindrent la groſſeur de leurs tiges d’vne
huictieme partie de la hauteur, à fin qu’elles euſſent vne eſpece
plus releuee.
En la baſe ils ſuppoſerent la Spire ou Bozel en lieu de ſoulier:
& au chapiteau colloquerent des volutes comme perruques ou
cheuelures creſpes entortillees &
pendantes tant d’vn coſté que
d’autre:
puis enrichirent leurs fronts de cymaiſes ou doucines, les
ornant de beaux feſtons de feuillages pour repreſenter vne teſte
de femme bien ornee.
En outre, tout à l’entour du corps de la colonne depuis le haut
juſques au bas, firent des canelures creuſes, à fin d’exprimer les
plis des veſtements des dames.
Et ainſi auec deux inuentions
differentes patuindrent à l’effect de leur deſir, conſideré qu’ils en
formerent (comme dit eſt) vne ſur la façon du corps maſle, (&

ceſte là nue de tous ornements) puis l’autre ſur la delicature de la
femme, qu ils parerent de beaux ouurages.
Les maiſtres donc qui vindrent apres eux, procedans à leurs e-
difices par ſubtiliation de penſees, &
touſiours cherchans leur
donner plus grand’ grace, ſe delectans des formes delicates, don-
nerent à la hauteur de la colonne Dorique ſept fois la largeur de
ſon diametre, &
à l’Ionique huict & demie: reſeruans neantmoins
le nom à ce que les Ioniens inuenterent, qui a touſiours depuis
continué d’eſtre appellé ouurage Ionique.
Mais la troiſieme eſpe-
ce de colonnes, qui eſt dicte Corinthienne, fut faicte à l’imitation
du gent corps de quelque pucelle, pource que les filles en leur
a@ge tendre ſont de membres greſles &
menus, tellement que
quand elles ſont bien parees, leurs perſonnes s’en monſtrẽt beau-
coup plus belles, &
d’apparence plus exquiſe. Au regard du cha-
piteau de ceſt ordre, lon dit que ſon inuention fut telle.
Vne vierge Corinthienne eſtant en aage d’eſtre mariee, fur ſur-
priſe de quelque maladie dõt à la fin la mort s’en enſuyuit.
Quoy
voyant ſa nourrice, apres ſa ſepulture aſſembla tous les vaſes auſ-
quels la fille en ſon viuant ſouloit prendre delectation, &
les mit
en vn pannier:
puis les porta deſſus ſon monument: où, à fin qu’ils
ſe gardaſſent plus long temps au vent &
à la pluye, les couurit
d’vne tuile.
Ce pannier fut d’auanture poſé ſur vne racine d’A-
canthe, ou Branque Vrſine:
& par ſucceſſion de temps, pour e-
ſtre icelle racine preſſee du fardeau, enuiron le printemps jecta
ſes tiges qui croyſſoient à l’entour du pannier, mais

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