1650118CINQVIEME LIVRE
s’en va tout de meſme, faiſant ſes mouuements en rondeur:
mais
les cercles qni l’engendrent ſur l’eau, ſe peuuent amplifier tant
que la nature du lieu le permet, parce qu’ils treuuẽt vne planure
egale, où la voix en montant contremont, ne ſe peut eſlargir que
de degré en degré. Comme donques il aduient à l’impreſſion des
ondes, que ſi les premieres ne treuuent point de reſiſtance, tou-
tes vont juſques au but où elles d-oyu-ent, d’autant que la premie-
re n’empeſche la ſeconde, ny celles qui ſuyuent, aux autres à ve-
nir: ainſi la voix ſortant de ſon organe, ſi elle ne treuue object
qui la retarde, fait que ſon premier ton ſe va eſtendant juſques où
il doit aller, pareillement le ſecond, & tous les autres qui enſuy-
uent: tellement qu’ils paruiennent ſans diſtinction aux oreilles
des auditeurs aſſis aux plus hauts & plus bas degrés du Theatre.
A ceſte cauſe les Architectes antiques, voulans en leurs ouurages
imiter la Nature, apres auoir examiné les effects de la voix, firent
les degrés des Theatres montans les vns apres les autres: puis
chercherent par reigles de Mathematique, & raiſons de Muſi-
que, à faire que toutes les voix ſaillantes des perſonnages du jeu,
ſe rendiſſent plus claires & entendibles en arriuant aux oreilles
des eſcoutans. Et tout ainſi comme les inſtrumẽts de lames d’Ai-
rain, ou de Corne, ſont faicts ſuyuant la proportion nommee par
les Grecs Dieſis (qui eſt la premiere apprehenſion du ſon, in-
continent qu’il ſort de ſon organe) à fin de donner plus d’har-
monie aux cordes, ainſi furent par les antiques eſtablies les fa-
çons des Theatres, pour augmenter la voix, & la rendre plus re-
ſonnante.
les cercles qni l’engendrent ſur l’eau, ſe peuuent amplifier tant
que la nature du lieu le permet, parce qu’ils treuuẽt vne planure
egale, où la voix en montant contremont, ne ſe peut eſlargir que
de degré en degré. Comme donques il aduient à l’impreſſion des
ondes, que ſi les premieres ne treuuent point de reſiſtance, tou-
tes vont juſques au but où elles d-oyu-ent, d’autant que la premie-
re n’empeſche la ſeconde, ny celles qui ſuyuent, aux autres à ve-
nir: ainſi la voix ſortant de ſon organe, ſi elle ne treuue object
qui la retarde, fait que ſon premier ton ſe va eſtendant juſques où
il doit aller, pareillement le ſecond, & tous les autres qui enſuy-
uent: tellement qu’ils paruiennent ſans diſtinction aux oreilles
des auditeurs aſſis aux plus hauts & plus bas degrés du Theatre.
A ceſte cauſe les Architectes antiques, voulans en leurs ouurages
imiter la Nature, apres auoir examiné les effects de la voix, firent
les degrés des Theatres montans les vns apres les autres: puis
chercherent par reigles de Mathematique, & raiſons de Muſi-
que, à faire que toutes les voix ſaillantes des perſonnages du jeu,
ſe rendiſſent plus claires & entendibles en arriuant aux oreilles
des eſcoutans. Et tout ainſi comme les inſtrumẽts de lames d’Ai-
rain, ou de Corne, ſont faicts ſuyuant la proportion nommee par
les Grecs Dieſis (qui eſt la premiere apprehenſion du ſon, in-
continent qu’il ſort de ſon organe) à fin de donner plus d’har-
monie aux cordes, ainſi furent par les antiques eſtablies les fa-
çons des Theatres, pour augmenter la voix, & la rendre plus re-
ſonnante.
De l’harmonie. # Chapitre IIII.
HArmonie eſt vne practique ou ſcience Muſicale,
obſcure & difficile, principalement à ceux qui n’ẽ-
tendentrien aux lettres Grecques.
obſcure & difficile, principalement à ceux qui n’ẽ-
tendentrien aux lettres Grecques.
Et ſi je la veuil expliquer, il eſt force que je me
ferue de termes Grecs, pourautant que certaines
choſes concernantes mon intention, n’ont point
des noms Latins. A ceſte cauſe je l’interpreteray le plus claire-
ment qu’il me ſera poſſible, ſuyuant les traditions du Philoſophe
Ariſtoxenus: & ſi en feray vne figure determinant les qualités
ferue de termes Grecs, pourautant que certaines
choſes concernantes mon intention, n’ont point
des noms Latins. A ceſte cauſe je l’interpreteray le plus claire-
ment qu’il me ſera poſſible, ſuyuant les traditions du Philoſophe
Ariſtoxenus: & ſi en feray vne figure determinant les qualités