1667155DE VITRVVE.
D’auatage en ces lieux ainſi garnis d’arbres, nos predeceſſeurs
ont touſiours mis l’eſpoir du ſecours d’vne ville au temps de la
neceſſité: car quand l’on eſt aſſiegé, toutes les autres prouiſions
ſont plus faciles à faire que la munition de bois: au moins l’on ſe
garnit facilement de Sel auant le ſiege: & quant aux grains, il s’en
fait amas beaucoup plus à l’aiſe, tant pour les greniers publiques,
que pour les particuliers: & encores s’il en eſt indigence, l’on ſe
defend de la famine auec des chairs, herbes, & legumages, en at-
tendant que ledit ſiege ſoit leué.
ont touſiours mis l’eſpoir du ſecours d’vne ville au temps de la
neceſſité: car quand l’on eſt aſſiegé, toutes les autres prouiſions
ſont plus faciles à faire que la munition de bois: au moins l’on ſe
garnit facilement de Sel auant le ſiege: & quant aux grains, il s’en
fait amas beaucoup plus à l’aiſe, tant pour les greniers publiques,
que pour les particuliers: & encores s’il en eſt indigence, l’on ſe
defend de la famine auec des chairs, herbes, & legumages, en at-
tendant que ledit ſiege ſoit leué.
Et ſi la diſette d’eau preſſe le Peuple, l’on fouït force puits en la
terre: ou bien l’on conſerue en des Ciſternes celle qui chet des
pluyes & orages. Mais ladite prouiſion de bois, requiſe & neceſ-
ſaire pour faire cuire les viandes, ne ſe fait pas ſi de legier, à rai-
ſon que l’on n’en peut apporter ſi toſt ne ſi facilement comme il.
ſeroit requis: outre ce, l’õ en conſume beaucoup plus que d’autres
fournitures: parquoy aduenant le mauuais temps, l’on abbat les
arbres plantés en iceux promenoirs, & baille l’on du bois à cha-
cun chef de famille ſelon le train de ſon meſnage. Dont je dy
que ces promenoirs apportent deux commodités belles & ſin-
gulieres: l’vne de ſanté en temps de Paix, & l’autre de ſecours en
temps de Guerre. Et ainſi je veuil conclure que tels baſtiments
peuuent touſiours apporter grand proffit aux villes, non ſeule-
ment s’ils ſont eſtablis derriere les Theatres des Scenes, mais
auſſi bien aupres des Temples & maiſons de Religion.
terre: ou bien l’on conſerue en des Ciſternes celle qui chet des
pluyes & orages. Mais ladite prouiſion de bois, requiſe & neceſ-
ſaire pour faire cuire les viandes, ne ſe fait pas ſi de legier, à rai-
ſon que l’on n’en peut apporter ſi toſt ne ſi facilement comme il.
ſeroit requis: outre ce, l’õ en conſume beaucoup plus que d’autres
fournitures: parquoy aduenant le mauuais temps, l’on abbat les
arbres plantés en iceux promenoirs, & baille l’on du bois à cha-
cun chef de famille ſelon le train de ſon meſnage. Dont je dy
que ces promenoirs apportent deux commodités belles & ſin-
gulieres: l’vne de ſanté en temps de Paix, & l’autre de ſecours en
temps de Guerre. Et ainſi je veuil conclure que tels baſtiments
peuuent touſiours apporter grand proffit aux villes, non ſeule-
ment s’ils ſont eſtablis derriere les Theatres des Scenes, mais
auſſi bien aupres des Temples & maiſons de Religion.
Maintenant, pource qu’il me ſemble que j’ay aſſez amplement
traicté ce diſcours, je vois pourſuyure les baſtiments des Eſtuues,
demonſtrant comme on les doit faire pour eſtre bonnes.
traicté ce diſcours, je vois pourſuyure les baſtiments des Eſtuues,
demonſtrant comme on les doit faire pour eſtre bonnes.
De la diſpoſition des eſtuues, & de leurs particularités neceſſaires.
Chapitre X.
A Vant toute œuure il faut eſlire vn lieu chaut de
ſa nature, cõme ſont ceux qui ne ſont pas tournés
au Septentrion, & au vent de Biſe. Apres eſt be-
ſoin que les retraictes où l’on ſue, & les tiedes où
l’on reprend haleine, ayent leurs feneſtres & lu-
mieres du coſté de l’Occident d’hiuer. Mais ſi la
nature de la place y repugnoit, faudra qu’elles regardent vers
ſa nature, cõme ſont ceux qui ne ſont pas tournés
au Septentrion, & au vent de Biſe. Apres eſt be-
ſoin que les retraictes où l’on ſue, & les tiedes où
l’on reprend haleine, ayent leurs feneſtres & lu-
mieres du coſté de l’Occident d’hiuer. Mais ſi la
nature de la place y repugnoit, faudra qu’elles regardent vers