1678166SIXIEME LIVRE
la Philotechnie, ou curioſité des bonnes ſciences, enſemble de
l’interpretation des eſcritures, & de celà preparay la poſſeſſion à
ma penſee, ſçachant que le fruict qui depend de ces vertus, eſt
n’auoir plus indigence d’aucune choſe, & que le propre de ri-
cheſſe eſt ne rien deſirer, ains eſtre content de ce que l’on poſſe-
de. Ie ſçay bien toutesfois, qu’il eſt aſſés de gents qui eſtiment la
congnoiſſance de tant de choſes, eſtre de petite valeur à celuy
qui l’acquiert, & reputent ſeulement ſages ceux qui ont des biens
en abondance.
l’interpretation des eſcritures, & de celà preparay la poſſeſſion à
ma penſee, ſçachant que le fruict qui depend de ces vertus, eſt
n’auoir plus indigence d’aucune choſe, & que le propre de ri-
cheſſe eſt ne rien deſirer, ains eſtre content de ce que l’on poſſe-
de. Ie ſçay bien toutesfois, qu’il eſt aſſés de gents qui eſtiment la
congnoiſſance de tant de choſes, eſtre de petite valeur à celuy
qui l’acquiert, & reputent ſeulement ſages ceux qui ont des biens
en abondance.
A la verité quelſques vns de ceux-là, qui pour leur but ſe ſont
propoſés les richeſſes, ont par le moyen de leur auoir, & auec
leurs entrepriſes audacieuſes, finalement acquis quelque peu de
lumiere. Mais au regard de moy, Sire, je ne me trauaillay jamais
d’eſtudier en eſperance de gaigner de l’argent, ains l’ay faict ſeu-
lement pour acquerir bonne renommee, aimant mieux auoir
peu auec elle, que beaucoup de biens ſans reputation. & ceſte
choſe a faict que j’ay eſté juſques à preſent incongnu; neãtmoins
j’eſpere, quand ces miens liures ſeront diuulgués par le monde,
qu’ils me donneront quelque eſtime, à tout le moins entre ceux
de noſtre poſterité. Mais pour vous donner à entendre les raiſons
pourquoy je n’ay point encores eſté employé, c’eſt que tous au-
tres Architectes cherchent les moyens, & paractiquent tout ce qui
leur eſt poſſible, à fin de ſe faire mettre en beſongne: & j’ay ap-
pris de mes inſtituteurs, que l’ouurier ſe doit faire prier pour prẽ-
dre la conduite d’vn baſtiment, & non ſolliciter qu’on la luy bail-
le: car celuy qui eſt de bonne & honneſte nature, vient à rougir de
honte quand il demande vne telle charge, & fait entrer en dou-
te le perſonnage qui veut baſtir, à ſçauoir mon s’il en pourra ve-
nir à bout, ou non: car ceux qui peuuent aider à vn befoin, ſont
cherchés & requis à grande inſtance, non pas les autres qui ont
neceſſité que l’on leur ayde. Quelle choſe pouuons nous don-
ques penſer que jugent de nos ſuffiſances les chefs de maiſon, à
qui nous voulons faire deſpendre argent, ſinon que c’eſt pour
gaigner ſur eux, & faire bien nos beſongnes à leurs deſpens? Pour
ces raiſons, Sire, nos deuanciers ſouloyent bailler leurs ouurages
à faire aux Atchitectes de bonne race, & qui auoyent bien de-
quoy: meſmes enqueroyent auant la main, s’ils eſtoyent bien &
deuëment inſtitués en leur profeſſion, & s’ils ſe monſtroyent mo-
deſtes, ou ſuperbes, d’autant qu’ils ne vouloyent commertre
propoſés les richeſſes, ont par le moyen de leur auoir, & auec
leurs entrepriſes audacieuſes, finalement acquis quelque peu de
lumiere. Mais au regard de moy, Sire, je ne me trauaillay jamais
d’eſtudier en eſperance de gaigner de l’argent, ains l’ay faict ſeu-
lement pour acquerir bonne renommee, aimant mieux auoir
peu auec elle, que beaucoup de biens ſans reputation. & ceſte
choſe a faict que j’ay eſté juſques à preſent incongnu; neãtmoins
j’eſpere, quand ces miens liures ſeront diuulgués par le monde,
qu’ils me donneront quelque eſtime, à tout le moins entre ceux
de noſtre poſterité. Mais pour vous donner à entendre les raiſons
pourquoy je n’ay point encores eſté employé, c’eſt que tous au-
tres Architectes cherchent les moyens, & paractiquent tout ce qui
leur eſt poſſible, à fin de ſe faire mettre en beſongne: & j’ay ap-
pris de mes inſtituteurs, que l’ouurier ſe doit faire prier pour prẽ-
dre la conduite d’vn baſtiment, & non ſolliciter qu’on la luy bail-
le: car celuy qui eſt de bonne & honneſte nature, vient à rougir de
honte quand il demande vne telle charge, & fait entrer en dou-
te le perſonnage qui veut baſtir, à ſçauoir mon s’il en pourra ve-
nir à bout, ou non: car ceux qui peuuent aider à vn befoin, ſont
cherchés & requis à grande inſtance, non pas les autres qui ont
neceſſité que l’on leur ayde. Quelle choſe pouuons nous don-
ques penſer que jugent de nos ſuffiſances les chefs de maiſon, à
qui nous voulons faire deſpendre argent, ſinon que c’eſt pour
gaigner ſur eux, & faire bien nos beſongnes à leurs deſpens? Pour
ces raiſons, Sire, nos deuanciers ſouloyent bailler leurs ouurages
à faire aux Atchitectes de bonne race, & qui auoyent bien de-
quoy: meſmes enqueroyent auant la main, s’ils eſtoyent bien &
deuëment inſtitués en leur profeſſion, & s’ils ſe monſtroyent mo-
deſtes, ou ſuperbes, d’autant qu’ils ne vouloyent commertre
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