Tesoro De Las Tres Lengvas Española, Francesca, Y Italiana, 1637

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1747235DE VITRVVE. parmi des lieux ardans: puis, apres auoir couru grand païs, eſtans
refroidies, ſortent en apparence, &
apportent leurs ſaueur, odeur,
&
couleur, corrompues: comme fait le fleuue Albula, lequel paſſe
au long de la voye Tyburtine:
& les ſources froides dites Sulfu-
rees, qui ſont en la campagne d’Ardea, &
en pluſieurs lieux ſem-
blables.
Or nonobſtant que leurs eaux ſoyent froides, ſi ſemble-il à les
voir, qu’elles bouillent.
la raiſon eſt, que quand elles ſont cheutes
de haut en quelſques endroits ardans, l’humeur &
le feu venans
à ſe rencontrer, excitent vn bruit vehement à merueilles, en ma-
niere qu’il s’en engendre des bouffees de vent fort impetueuſes,
dont elle eſtant enflee, eſt contrainte à bouillonner, &
à ſortir
ainſi en la ſuperficie de la terre.
Entre leſdites eaux, celles qui n’ont point de paſſages ouuerts,
mais ſont arreſtees par quelſques rochiers ou autres empeſche-
ments, ſont cõtraintes d’eſtre pouſſees à trauers certaines veines
eſtroites juſques au coupeau des montaignes:
parquoy ceux qui
penſent trouuer en ceſte grãde hauteur aucunes ſources de fon-
taines, ſe voyent abuſés quand ils viennẽt à faire leurs foſſes plus
larges:
car tout ainſi comme vn vaiſſeau d’airain, qui n’eſt plein
juſques au bords, mais contient ſeulement en ſa capacité, de trois
parts les deux d’eau, quand il eſt muni de ſon couuertoir, &
mis
ſur le feu qui le penetre de ſa chaleur ardante, &
contraint l’eau
à s’eſchauffer, elle pour amour de ſa ſubtilité naturelle reçit en
ſoy vn enflemẽt exceſſif cauſé par la chaleur, ſi que non ſeulem ẽt
elle ne comble tout le vaiſſeau, ains par les bouffees qui en pro-
cedent, fait leuer ledit couuertoir, &
croiſt ſi deſmeſurement,
qu’elle regorge par deſſus:
& adonc, ſi toſt que l’on vient à oſter
ce couuertoir, &
qu’elle peut enuoyer ſes exhalations en l’air, in-
continent retourne à ſon premier eſtat:
ne plus ne moins, & par
meſme moyen, quand icelles ſources de fontaines ſont contrain-
tes de paſſer par des conduits eſtroits, les eſprits de l’eau bouil-
lonnante s’eſlieuent contremont:
& auſſi toſt qu’ils ſont eſlargis,
la ſubtilité de la vertu liquide ſe raſſiet, &
retourne en ſon lieu, de
ſorte qu’elle eſt reintegree en la proprieté de ſa meſure, ainſi
qu’elle ſouloit eſtre auant l’eſchauffement.
Toute eau chaude eſt medecinale, pourautant qu’elle eſt cuite
par ſes rencontres qui luy font receuoir vne autre vertu pour nos
vſages.
Et qu’il ſoit vray, les fontaines ſulfurees gueriſſent les

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