1767255DE VITRVVE.
Demoerite, Platon, Ariſtote, &
autres ſages, qui ſont journellemẽt
cultiuees par induſtries continuelles, ne donnent ſans plus aux
gents de ìeur païs aucuns fruicts de bon gouſt, meſlés de fleurs
ſouëfues & odorantes, mais ſi font elles à toutes gents, ſi bien que
ceux qui en ſont abreuués dés leur jeuneſſe, & ſuffiſamment ſu-
ſtantés, en fin viennent à congnoiſtre que c’eſt de ſapience, puis
en ordonnent aux bõnes villes des loix ou couſtumes ciuiles fon-
dees ſur l’equité de droit: de quoy ſi vne cité eſt deſtituee, elle ne
peut longuement demourer en proſperité. Ce conſideré donc,
meſmes que tels & ſi grands biens ont par la voye des eſcritures
eſté preparés aux hommes, tant en public, comme particulier, je
ne ſuis ſeulement d’opinion qu’il fale ordonner des corõnes aux
gents de bien qui ſe meſlent d’eſcrire, mais d’auantageleur eſta-
blir des triomphes, voire les juger dignes d’eſtre colloqués entre
les ſieges des Dieux immortels. Et à fin de monſtrer que leurs in-
uentions ſont vtiles aux creatures raiſonnables, j’en reciteray cy
apres pour exemples quelſques vnes tirees d’une groſſe multitu-
de, à ce que les perſonnes, en recongnoiſſance des commodités
qui leur en prouiennent, confeſſent liberalement que tels hon-
neurs ſont deus à ceux dont nous les auons euës.
cultiuees par induſtries continuelles, ne donnent ſans plus aux
gents de ìeur païs aucuns fruicts de bon gouſt, meſlés de fleurs
ſouëfues & odorantes, mais ſi font elles à toutes gents, ſi bien que
ceux qui en ſont abreuués dés leur jeuneſſe, & ſuffiſamment ſu-
ſtantés, en fin viennent à congnoiſtre que c’eſt de ſapience, puis
en ordonnent aux bõnes villes des loix ou couſtumes ciuiles fon-
dees ſur l’equité de droit: de quoy ſi vne cité eſt deſtituee, elle ne
peut longuement demourer en proſperité. Ce conſideré donc,
meſmes que tels & ſi grands biens ont par la voye des eſcritures
eſté preparés aux hommes, tant en public, comme particulier, je
ne ſuis ſeulement d’opinion qu’il fale ordonner des corõnes aux
gents de bien qui ſe meſlent d’eſcrire, mais d’auantageleur eſta-
blir des triomphes, voire les juger dignes d’eſtre colloqués entre
les ſieges des Dieux immortels. Et à fin de monſtrer que leurs in-
uentions ſont vtiles aux creatures raiſonnables, j’en reciteray cy
apres pour exemples quelſques vnes tirees d’une groſſe multitu-
de, à ce que les perſonnes, en recongnoiſſance des commodités
qui leur en prouiennent, confeſſent liberalement que tels hon-
neurs ſont deus à ceux dont nous les auons euës.
En premier lieu done j’en deduiray vne de pluſieurs profita-
bles, que Platon a inuentees de ſon eſprit, & diray comment il
l’expliqua.
bles, que Platon a inuentees de ſon eſprit, & diray comment il
l’expliqua.
L’inuention de Platon pour meſurer vne piece de terre.
Chapitre I.
SIvne piece de terre ou autre place ſe treuue quar-
ree de pareils coſtés, & il eſt beſoing la doubler,
luy donnant pareille proportion de toutes parts,
pource que l’on n’en peut venir à bout par multi-
plication, ny autre voye de nombres, il faut que
celà ſe face au moyen de certaine deſcription de
lignes conduites & menees ainſi qu’il appartient. Le lieu don-
ques quarté, qui a dix pieds de long, & autant de large, fait vne ai-
re ou parterre lequel en contient cent. Et s’il eſt queſtion de dou-
bler, tellement que l’aire ſoit touſiours de coſtés egaux, & retien-
ne deux cents pieds de meſure, il eſt requis auant toute ocuure
ree de pareils coſtés, & il eſt beſoing la doubler,
luy donnant pareille proportion de toutes parts,
pource que l’on n’en peut venir à bout par multi-
plication, ny autre voye de nombres, il faut que
celà ſe face au moyen de certaine deſcription de
lignes conduites & menees ainſi qu’il appartient. Le lieu don-
ques quarté, qui a dix pieds de long, & autant de large, fait vne ai-
re ou parterre lequel en contient cent. Et s’il eſt queſtion de dou-
bler, tellement que l’aire ſoit touſiours de coſtés egaux, & retien-
ne deux cents pieds de meſure, il eſt requis auant toute ocuure