234211DENEUTON.
en longueur, largueur &
profondeur, il eſt
pénétrable, il eſt inſéparable, & c. Il eſt
vrai que je ne peux pas me faire dans le
cerveau une image de l’Eſpace étendu, com-
me je m’en fais une du Corps étendu; mais
je me ſuis démontré que cet Eſpace éxiſte.
Je ne puis en Géométrie me repréſenter une
infinité de cercles paſſant entre un cercle &
une tangente; mais je me ſuis démontré
cependant que la choſe eſt vraie en Géo-
métrie, & cela ſuffit. Je ne puis conce-
voir ce que c’eſt qui penſe en moi, je ſuis
cependant convaincu que quelque choſe
penſe en moi. De même je me démontre
l’impoſſibilité du Plein & la néceſſité du
Vuide, ſans avoir une image du Vuide; car
je n’ai d’image que de ce qui eſt corporel,
& l’Eſpace n’eſt point corporel. Autre cho-
ſe eſt ſe repréſenter une image, autre cho-
ſe eſt concevoir une vérité; je conçois
très-bien l’Eſpace, & les Philoſophes Epi-
curiens, qui n’avoient guère raiſon qu’en
cela, le concevoient très-bien.
pénétrable, il eſt inſéparable, & c. Il eſt
vrai que je ne peux pas me faire dans le
cerveau une image de l’Eſpace étendu, com-
me je m’en fais une du Corps étendu; mais
je me ſuis démontré que cet Eſpace éxiſte.
Je ne puis en Géométrie me repréſenter une
infinité de cercles paſſant entre un cercle &
une tangente; mais je me ſuis démontré
cependant que la choſe eſt vraie en Géo-
métrie, & cela ſuffit. Je ne puis conce-
voir ce que c’eſt qui penſe en moi, je ſuis
cependant convaincu que quelque choſe
penſe en moi. De même je me démontre
l’impoſſibilité du Plein & la néceſſité du
Vuide, ſans avoir une image du Vuide; car
je n’ai d’image que de ce qui eſt corporel,
& l’Eſpace n’eſt point corporel. Autre cho-
ſe eſt ſe repréſenter une image, autre cho-
ſe eſt concevoir une vérité; je conçois
très-bien l’Eſpace, & les Philoſophes Epi-
curiens, qui n’avoient guère raiſon qu’en
cela, le concevoient très-bien.