Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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242LA SCIENCE DES INGENIEURS, & même de ceux quipourroient s’en ſervir utilement, par l’éloigne-
ment où ils ſont de comprendre les principes qui ont conduit à la
recherche d’une infinité de choſes utiles, à moins qu’ils ne s’en
inſtruiſent &
neſe mettent, pour ainſi dire, eux-mêmes en état de
faire des découvertes:
d’ailleurs l’opinion qu’il n’y a que la ſeule
pratique qui peut les mener au but, eſt encore un obſtacle qui
n’eſt pas le moins difficile à vaincre, il eſt bien vrai que l’experience
contribuë beaucoup à donner des connoiſſances nouvelles, &
qu’elle
fournit tous les jours aux plus habiles gens des ſujets de reflexion
dont ils ne ſe ſeroient peut-être point aviſés ſi elle ne les avoit
fait naître.
Mais il faut que cette experience ſoit éclairée, ſans quoi,
l’on ne peut avoir que des idées très-confuſes ſur tout ce qui ſe
preſente, on voit toûjours les objets par la même face, on veut
qu’ils ſoient tels qu’on nous a dit qu’ils étoient, ou tels qu’il a plû
à notre imagination de nous les répreſenter:
& qu’on ſoit dans le
vrai ou non, on paſſe toute ſa vie ſans rien ſçavoir de juſte &
de
précis ſur ce que l’on croit pourtant poſſeder le mieux.
Delà vient
que bien des choſes imparfaites demeurent toujours dans le même
état, elles ſe tranſmettent d’une poſterité à l’autre avec les mêmes
défauts;
& ſi par hazard quelqu’un s’aviſe de les remarquer, auſſi-
tôt tous les gens du métier ſe révoltent contre la nouveauté, l’on
a peine à ſe figurer que ceux qui n’ont point travaillé toute leur
vie à certains ouvrages, puiſſent en raiſonner juſte, &
la verité toute
eſtimable qu’elle eſt ſe trouve ſouvent obligée de garder le ſilence,
ou de prendre des meſures &
des ménagemens pour s’inſinuer
Cela vient ſans doute, de ce que la plûpart des hommes ne con-
ſultent point aſſés la raiſon;
eſclaves du préjugé, c’eſt preſque toû-
jours l’uſage qui les détermine;
& pour ne parler que de l’Archi-
tecture, qui eſt le ſeul objet que j’ai en vûë, n’eſt-il pas ſurpre-
nant que depuis le tems qu’on la cultive, on l’ait ſi peu perfection-
née en certains points eſſentiels qui en ſont comme la baſe;
car ſi
l’on en excepte quelques régles de convenance &
de goût, qui
appartiennent à la décoration, on n’a rien d’aſſés précis ni d’exact
ſur la plûpat du reſte, aucun Architecte n’a donné des principes
pour trouver le point d’équilibre entre les forces agiſſantes &
cel-
les qui doivent reſiſter, on ne ſçait pas, par exemple, quelle épaiſ-
ſeur il faut donner aux revêtemens des Terraſſes, ou à ceux des Rem-
pars, des Quays &
des Chauſſées, aux piés-droits des Voutes, aux
Culées des Ponts, pour être en équilibre par leur réſiſtance avec
la pouſſée que ces differens murs doivent ſoûtenir, ſans y employer
des matériaux ſuperſlus.

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