Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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25868LA SCIENCE DES INGENIEURS, ploye la graiſſerie comme on vient de le dire; à l’égard de la brique,
on commence par poſer une premiere aſſiſe de deux briques &
demi
d’épaiſſeur, une ſeconde de deux briques, &
une troiſiéme d’une &
demi, chaque aſſiſe bien arraſée avec du moîlon, après quoi on
recommence tout de nouveau une aſſiſe de deux briques &
demi,
une ſeconde de deux briques, &
une troiſiéme d’une brique & demi
toûjours bien liées &
arraſées avec le moîlon & la graiſſerie. Quand
on eſt parvenu à la derniere aſſiſe de graiſſerie &
qu’on veut faire
de brique le reſte de la hauteur du parement, on la poſe par aſſiſe
reglée comme on vient de le voir pour l’interieur, &
afin de rendre
la liaiſon plus parfaite, on peut de trois en trois aſſiſes faire une
chaîne de deux briques d’épaiſſeur ſur toute l’étenduë de l’ouvrage
poſées plain ſur joint.
Les ſoûbaſſemens d’un mur étant faits, ſi on éleve le reſte du pa-
rement avec du moîlon, on a ſoin de le bien ébouſiner &
de le
tailler juſqu’au vif, l’on ſe ſert encore de boutiſſes &
de pannereſſes,
en obſervant toûjours de ne les poſer que plain ſur joint, car ce ſe-
roit un deffaut groſſier de voir deux ou pluſieurs joints perpendi-
culaires ſur un même allignement, parce que le mur n’en ſeroit pas
ſi ſolide, &
choqueroit le coup d’œil. Dans les ouvrages que l’on
veut faire proprement, on a égard, non-ſeulement de donner la mê-
me hauteur à toutes les pierres qui doivent compoſer les aſſiſes;
mais encore de les tailler de façon que la largeur des pannereſſes
ſoit double de celles de la tête des boutiſſes, afin d’obſerver une
bonne liaiſon &
un certain ordre de ſimétrie qui fait un fort bel
effet.
Les Anciens étoient extrémement attentifs à travailler les pare-
mens des Edifices conſiderables:
ils en rendoient les joints preſque
imperceptibles, ce qui a fait croire, comme il y a toute aparence,
qu’il leur arrivoit quelquesfois de bâtir ſans mortier, aimant mieux
tailler les pierres ſi juſtes, que leur ſituation &
leur poids puſſent
fuffire pour donner à l’ouvrage toute la fermeté poſſible.
Ils avoient
encore recours à une pratique aſſés ingenieuſe pour rendre les pa-
remens polis:
ils tailloient bien proprement les faces des pierres
qui devoient être unies les unes contre les autres, &
laiſſoient un
pouce de velu à celles qui devoient compoſer le parement, quand
l’ouvrage étoit entierement achevé on recoupoit ces pierres en ra-
valant;
ainſi, quand ils ſe ſervoient de mortier, il ne paroiſſoit preſ-
que point, &
le tout ne ſembloit être compoſé que d’une ſeule
pierre.
Outre les pierres de parement dont on vient de parler, & que

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