3010SUR LA THÉORIE
La statique chimique de M.
Berthollet fit
naître entre lui et M. Proust une discussion sur
la fixité des proportions de plusieurs combinai-
sons; discussion aussi remarquable par la so-
lidité des arguments produits des deux côtés,
que par le ton modéré avec lequel elle fut sou-
tenue. On crut d’abord que les effets de l’action
de la masse chimique, constants dans les li-
quides, pouvaient s’étendre à des combinaisons
solides, telles que les oxides métalliques, admet-
tant qu’entre le maximum et le minimum d’oxi-
dation d’un métal, il pouvait y avoir un nombre
infini de degrés. Proust s’appliqua principale-
ment à prouver que cette idée était inexacte,
et démontra que les métaux ne produisent avec
le soufre comme avec l’oxigène qu’une ou deux
combinaisons dans des proportions fixes et in-
variables; tous les degrés intermédiaires qu’on
avait cru observer n’étant en effet que des mé-
langes de deux combinaisons à proportions
fixes. M. Berthollet se défendit avec une saga-
cité qui tint en suspens l’esprit de ses lecteurs,
même lorsque leur propre expérience leur par-
lait en faveur des opinions de Proust; mais la
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naître entre lui et M. Proust une discussion sur
la fixité des proportions de plusieurs combinai-
sons; discussion aussi remarquable par la so-
lidité des arguments produits des deux côtés,
que par le ton modéré avec lequel elle fut sou-
tenue. On crut d’abord que les effets de l’action
de la masse chimique, constants dans les li-
quides, pouvaient s’étendre à des combinaisons
solides, telles que les oxides métalliques, admet-
tant qu’entre le maximum et le minimum d’oxi-
dation d’un métal, il pouvait y avoir un nombre
infini de degrés. Proust s’appliqua principale-
ment à prouver que cette idée était inexacte,
et démontra que les métaux ne produisent avec
le soufre comme avec l’oxigène qu’une ou deux
combinaisons dans des proportions fixes et in-
variables; tous les degrés intermédiaires qu’on
avait cru observer n’étant en effet que des mé-
langes de deux combinaisons à proportions
fixes. M. Berthollet se défendit avec une saga-
cité qui tint en suspens l’esprit de ses lecteurs,
même lorsque leur propre expérience leur par-
lait en faveur des opinions de Proust; mais la
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