3005LIVRE IV. DES EDIFICES MILITAIRES.
Si l’on veut ſavoir quel àge a un bois taillis ou futaye, on n’a
qu’à le couper par le pied, & on apercevra un nombre de circon-
ferences preſque concentriques, qui vont come en progreſſion
depuis le centre de l’arbre juſqu’à l’écorce, qui marquent aſſez diſ-
tinctement le nombre des croiſſances, & par conſequent celui
des années.
qu’à le couper par le pied, & on apercevra un nombre de circon-
ferences preſque concentriques, qui vont come en progreſſion
depuis le centre de l’arbre juſqu’à l’écorce, qui marquent aſſez diſ-
tinctement le nombre des croiſſances, & par conſequent celui
des années.
Le tems le plus propre pour abattre les arbres eſt depuis le
mois d’Octobre juſqu’au commencement de Mars; parce qu’alors
la ſéve n’eſt guere en action, & les pores ſont plus reſerrés. L’on
obſerve auſſi d’en faire la coupe dans le dernier quartier de la
lune, parce qu’on prétend qu’il y a plus ou moins d’humidité
dans les pores, ſelon que la lune croît ou decline: la maniere de
les couper, quand on veut prendre toutes les meſures neceſſaires,
eſt de les cerner par le pied, juſqu’à la moitié du cœur, & les
laiſſer ainſi quelque-tems, afin que la ſéve, coulant par cette en-
taille au travers de l’aubier, ne ſe corrompe point dans le bois.
mois d’Octobre juſqu’au commencement de Mars; parce qu’alors
la ſéve n’eſt guere en action, & les pores ſont plus reſerrés. L’on
obſerve auſſi d’en faire la coupe dans le dernier quartier de la
lune, parce qu’on prétend qu’il y a plus ou moins d’humidité
dans les pores, ſelon que la lune croît ou decline: la maniere de
les couper, quand on veut prendre toutes les meſures neceſſaires,
eſt de les cerner par le pied, juſqu’à la moitié du cœur, & les
laiſſer ainſi quelque-tems, afin que la ſéve, coulant par cette en-
taille au travers de l’aubier, ne ſe corrompe point dans le bois.
Comme tous les jours on achette des bois abattus, il faut, pour
ne pas y être trompé, les ſonder auparavant, afin que, s’ils pêchent
en quelque choſe, on puiſſe au moins en faire l’uſage qui leur eſt
le plus naturel: pour cela on répand, dans un des bouts de l’arbre,
un peu d’huile d’olive bien chaude, pour connoître ce qu’il eſt;
car s’il eſt venu dans un fonds marecageux, le ſel de l’arbre étant
acre, l’huile greſillera en la jettant; s’il eſt venu dans un terrain
doux, & qu’il ait été coupé en tems de ſéve, l’huile ne s’imbibera
pas entierement par-tout, il en reſtera vers les bords; au contrai-
re, s’il eſt crû dans un lieu ſec, & qu’il ait été coupé dans le tems
que la ſéve eſt amortie, l’huile s’y imbibera toute entiere, & ſe
ſêchera ſur le champ: prevenu de cela, il faudra prendre garde
de ne point employer celui qui ſera crû dans un lieu marecageux,
aux endroits humides ou expoſés à la pluye, parce qu’il s’y pour-
riroit en peu de tems: il eſt également dangereux de le mettre où
il regne un grand ſoleil; car la chaleur, ſurprenant l’humidité dont
il eſt rempli, l’ouvre & le fait fendre, comme on le remarque tous
les jours, non ſeulement aux ouvrages de charpente qui ſont
expoſés à l’air, mais même à ceux qui ſont à couvert. Quand on
en veut témoigner quelque mécontentement aux Entrepreneurs
ou aux Charpentiers, ils répondent que c’eſt un effet de la for-
ce du bois; & , ſoit par ignorance ou par malice, ils ſe tirent
d’affaire avec ce ſot raiſonnement. Cependant, comme l’on eſt
ſouvent contraint d’employer des bois de bonne & mauvaiſe qua-
lité, il faudra choiſir le meilleur, c’eſt-à-dire, le moins humi-
ne pas y être trompé, les ſonder auparavant, afin que, s’ils pêchent
en quelque choſe, on puiſſe au moins en faire l’uſage qui leur eſt
le plus naturel: pour cela on répand, dans un des bouts de l’arbre,
un peu d’huile d’olive bien chaude, pour connoître ce qu’il eſt;
car s’il eſt venu dans un fonds marecageux, le ſel de l’arbre étant
acre, l’huile greſillera en la jettant; s’il eſt venu dans un terrain
doux, & qu’il ait été coupé en tems de ſéve, l’huile ne s’imbibera
pas entierement par-tout, il en reſtera vers les bords; au contrai-
re, s’il eſt crû dans un lieu ſec, & qu’il ait été coupé dans le tems
que la ſéve eſt amortie, l’huile s’y imbibera toute entiere, & ſe
ſêchera ſur le champ: prevenu de cela, il faudra prendre garde
de ne point employer celui qui ſera crû dans un lieu marecageux,
aux endroits humides ou expoſés à la pluye, parce qu’il s’y pour-
riroit en peu de tems: il eſt également dangereux de le mettre où
il regne un grand ſoleil; car la chaleur, ſurprenant l’humidité dont
il eſt rempli, l’ouvre & le fait fendre, comme on le remarque tous
les jours, non ſeulement aux ouvrages de charpente qui ſont
expoſés à l’air, mais même à ceux qui ſont à couvert. Quand on
en veut témoigner quelque mécontentement aux Entrepreneurs
ou aux Charpentiers, ils répondent que c’eſt un effet de la for-
ce du bois; & , ſoit par ignorance ou par malice, ils ſe tirent
d’affaire avec ce ſot raiſonnement. Cependant, comme l’on eſt
ſouvent contraint d’employer des bois de bonne & mauvaiſe qua-
lité, il faudra choiſir le meilleur, c’eſt-à-dire, le moins humi-