33335LIVRE IV. DES EDIFICES MILITAIRES.
CHAPITRE CINQUIE’ME.
AVant qu’on ne fortifiât les Places comme on le fait depuis
un ſiécle, on avoit recours à mille inventions pour garentir
les Portes des ſurpriſes: on pratiquoit à droit & à gauche du paſ-
ſage des eſpeces de Corridors ou Places d’Armes garnis de Cre-
neaux qui ſervoient à paſſer par les armes ceux qui après avoir en-
foncé la premiere Porte avec le Petard ou le Canon ſe trouvoient
arrêtés par la herſe ou autre barriere; & , afin d’enfiler & voir de
revers, on faiſoit quelquefois le paſſage de biais, ce qui le rendoit
ſi obſcur à cauſe que l’entrée & la ſortie n’étoient point directe-
ment opoſées, qu’il reſſembloit à un coupe-gorge. Aujourd’hui
que la force des Places conſiſte dans les Ouvrages détachés, on fait
les Portes beaucoup plus ſimples. On ſe contente de les couvrir
par une demi-Lune lorſquelles ſont conſtruites dans le milieu des
courtines & d’en deffendre l’entrée par les flancs des Baſtions
voiſins; & , pour en juger d’un coup d’œil, il ſuffira de conſiderer
les Planches 13 & 14, qui comprennent les Plans, Profils, & Ele-
11Planch.
13 & 14. vations d’une Porte avec toutes les dimenſions de ſes parties, que
l’on a cottées exprès pour n’avoir pas recours à l’échelle: ainſi, ſans
entrer dans un grand détail, je dirai ſeulement, que les ouvertures des
Portes entre les piés-droits doivent avoir 9 à 10 pieds ſur 13 à 14
de hauteur; que le paſſage eſt accompagné de Pilaſtres de diſtance
en diſtance, pour porter les arcs-doubleaux de la Voûte; que ces
Pilaſtres ont 2 pieds & demi de largeur ſur 4 ou 5 pouces de ſaillie;
qu’on pratique entre deux des niches ménagées dans I’épaiſſeur des
piés-droits, qui ſervent à retirer les gens de pied, quand le paſſage
eſt embaraſſé par quelque Voiture. A l’égard de l’épaiſſeur des piés-
droits, je croi qu’il eſt inutile d’en parler, puiſque ſi l’on eſt bien
prévenu de ce qui a été enſeigné ſur la pouſſée des Terres & celle
des Voûtes, l’on pourra ſans difficulté trouver l’épaiſſeur qu’il faut
leur donner, ſelon la grandeur & la figure de la Voûte; & ayant dit
auſſi, dans le troiſiéme Livre, les précautions qu’il falloit prendre
pour garentir les Voûtes des injures du tems, on ne doit point igno-
rer non plus ce qu’il faudra faire ſi une partie du paſſage n’étoit point
couverte par un Bâtiment qui regnât d’un bout à l’autre, comme
un ſiécle, on avoit recours à mille inventions pour garentir
les Portes des ſurpriſes: on pratiquoit à droit & à gauche du paſ-
ſage des eſpeces de Corridors ou Places d’Armes garnis de Cre-
neaux qui ſervoient à paſſer par les armes ceux qui après avoir en-
foncé la premiere Porte avec le Petard ou le Canon ſe trouvoient
arrêtés par la herſe ou autre barriere; & , afin d’enfiler & voir de
revers, on faiſoit quelquefois le paſſage de biais, ce qui le rendoit
ſi obſcur à cauſe que l’entrée & la ſortie n’étoient point directe-
ment opoſées, qu’il reſſembloit à un coupe-gorge. Aujourd’hui
que la force des Places conſiſte dans les Ouvrages détachés, on fait
les Portes beaucoup plus ſimples. On ſe contente de les couvrir
par une demi-Lune lorſquelles ſont conſtruites dans le milieu des
courtines & d’en deffendre l’entrée par les flancs des Baſtions
voiſins; & , pour en juger d’un coup d’œil, il ſuffira de conſiderer
les Planches 13 & 14, qui comprennent les Plans, Profils, & Ele-
11Planch.
13 & 14. vations d’une Porte avec toutes les dimenſions de ſes parties, que
l’on a cottées exprès pour n’avoir pas recours à l’échelle: ainſi, ſans
entrer dans un grand détail, je dirai ſeulement, que les ouvertures des
Portes entre les piés-droits doivent avoir 9 à 10 pieds ſur 13 à 14
de hauteur; que le paſſage eſt accompagné de Pilaſtres de diſtance
en diſtance, pour porter les arcs-doubleaux de la Voûte; que ces
Pilaſtres ont 2 pieds & demi de largeur ſur 4 ou 5 pouces de ſaillie;
qu’on pratique entre deux des niches ménagées dans I’épaiſſeur des
piés-droits, qui ſervent à retirer les gens de pied, quand le paſſage
eſt embaraſſé par quelque Voiture. A l’égard de l’épaiſſeur des piés-
droits, je croi qu’il eſt inutile d’en parler, puiſque ſi l’on eſt bien
prévenu de ce qui a été enſeigné ſur la pouſſée des Terres & celle
des Voûtes, l’on pourra ſans difficulté trouver l’épaiſſeur qu’il faut
leur donner, ſelon la grandeur & la figure de la Voûte; & ayant dit
auſſi, dans le troiſiéme Livre, les précautions qu’il falloit prendre
pour garentir les Voûtes des injures du tems, on ne doit point igno-
rer non plus ce qu’il faudra faire ſi une partie du paſſage n’étoit point
couverte par un Bâtiment qui regnât d’un bout à l’autre, comme