9751De l’Artillerie.
cepoinct, deſcriuant l’vſage &
l’vtilité d’iceux.
Or ne conſiſte-elle pas ſeulement en ce,
que partelle multitude, la neceſſité le demandant, les fortifications & tranchées ſe font
bien ſubitement, mais auſſi qu’on s’en peut ſeruir en autres occaſions. Dont ne ſont cou-
ſtumierement du tout nuds, mais en partie armez; les vns de leurs eſpieux & pertuiſanes,
les autres de piſtolets ou carrabines, les autres d’eſpées ou glaiues courts & larges, pour
pouuoir manier, l’opportunité ſe preſentant, (à quoy ils ne ſe font gueres prier) les
mains non ſeulement en garde & deffence des trenchées, amis auſſi de l’Artillerie meſme.
Ioint qu’ils eſpargnent, eſtant ainſi mis en œuure, vne bonne partie de la peine des ſoldats,
qui ſouuentefois bien las & maltraitez ſont poſez à la garde de ladite Artillerie, & meſme
comme ſans profit, & auſſi auec grand danger. Caril aduient ſouuent qu’vne compagnie
qui a cheminé tout le iour en l’arriere-garde, eſchet en garde de l’Artillerie, auquel ils ne
peuuent arriuer deuant la minuict, bien las & mal traitez, & qui quelquesfois demeurent
du tout en arriere. En la place deſquels ceux-cy s’employent volontiers. Ioint que le Ge-
neral en pourroit tirer ſeruice en autres affaires d’importance, comme de s’approcher des
embuſcades des trenchées des fondemens, des murailles pour les miner, & autres ſembla-
bles: & principalement le General les loüant, ce ſeroit pour les faire oublier tout danger.
Ce ſeroit auſſi vn moyen aſſeuré d’euiter maint larcin, qui ſe fait pour l’occaſion du chan-
gement des gardes, eſtant choſe commune à tous quartiers, de quelque nation qu’ils ſoient,
qu’au lieu de faire la garde aux munitions, ils dreſſent des embuſches pour emporter diſſi-
mulément quelques bribes: l’vniettantl’ œil ſur la poudre, l’autre ſur les balles, l’autre ſur
les cordes ou meſches, l’autre ſur quelqu’autre choſe propre à ſa boutique. Et ſi le maiſtre
d’Hoſtel s’en apperçeuant ſe plaint au Capitaine: Pour toute reſponce, on luy dit que c’eſt
pour s’en ſeruir vaillamment au beſoing. Reſponſe mal à propos pour ſon compte, qui luy
en eſt demandé bien eſtroittement. Dont encor ie ſuis & demeureray de cet aduis, que
pour les raiſons ſuſdites on aye touſiours ledit nombre de telles gens au train de l’Artille-
rie, y adiouſtant encor cecy, que la neceſſité le requerant, ils feroient auſſi bien l’office de
bons ſoldats: perſonne ne conſentant volontiers qu’on le tuë.
que partelle multitude, la neceſſité le demandant, les fortifications & tranchées ſe font
bien ſubitement, mais auſſi qu’on s’en peut ſeruir en autres occaſions. Dont ne ſont cou-
ſtumierement du tout nuds, mais en partie armez; les vns de leurs eſpieux & pertuiſanes,
les autres de piſtolets ou carrabines, les autres d’eſpées ou glaiues courts & larges, pour
pouuoir manier, l’opportunité ſe preſentant, (à quoy ils ne ſe font gueres prier) les
mains non ſeulement en garde & deffence des trenchées, amis auſſi de l’Artillerie meſme.
Ioint qu’ils eſpargnent, eſtant ainſi mis en œuure, vne bonne partie de la peine des ſoldats,
qui ſouuentefois bien las & maltraitez ſont poſez à la garde de ladite Artillerie, & meſme
comme ſans profit, & auſſi auec grand danger. Caril aduient ſouuent qu’vne compagnie
qui a cheminé tout le iour en l’arriere-garde, eſchet en garde de l’Artillerie, auquel ils ne
peuuent arriuer deuant la minuict, bien las & mal traitez, & qui quelquesfois demeurent
du tout en arriere. En la place deſquels ceux-cy s’employent volontiers. Ioint que le Ge-
neral en pourroit tirer ſeruice en autres affaires d’importance, comme de s’approcher des
embuſcades des trenchées des fondemens, des murailles pour les miner, & autres ſembla-
bles: & principalement le General les loüant, ce ſeroit pour les faire oublier tout danger.
Ce ſeroit auſſi vn moyen aſſeuré d’euiter maint larcin, qui ſe fait pour l’occaſion du chan-
gement des gardes, eſtant choſe commune à tous quartiers, de quelque nation qu’ils ſoient,
qu’au lieu de faire la garde aux munitions, ils dreſſent des embuſches pour emporter diſſi-
mulément quelques bribes: l’vniettantl’ œil ſur la poudre, l’autre ſur les balles, l’autre ſur
les cordes ou meſches, l’autre ſur quelqu’autre choſe propre à ſa boutique. Et ſi le maiſtre
d’Hoſtel s’en apperçeuant ſe plaint au Capitaine: Pour toute reſponce, on luy dit que c’eſt
pour s’en ſeruir vaillamment au beſoing. Reſponſe mal à propos pour ſon compte, qui luy
en eſt demandé bien eſtroittement. Dont encor ie ſuis & demeureray de cet aduis, que
pour les raiſons ſuſdites on aye touſiours ledit nombre de telles gens au train de l’Artille-
rie, y adiouſtant encor cecy, que la neceſſité le requerant, ils feroient auſſi bien l’office de
bons ſoldats: perſonne ne conſentant volontiers qu’on le tuë.
Les tendeurs ſontobligez à ce que le train venu en ſon quartier, incontinent ils ar-
ment & éleuent les tentes principales, à ſçauoir de lachapelle, des munitions, & apres cel-
le du General, ſes Lieutenans & autres officiers.
ment & éleuent les tentes principales, à ſçauoir de lachapelle, des munitions, & apres cel-
le du General, ſes Lieutenans & autres officiers.
Or combien que iuſques à preſent on n’ait eu couſtume en l’armée de ſa Majeſté d’y
auoir des maiſtres arquebuſiers, & forgerons de cuiraſſes: ſi ſerois-ie d’aduis qu’à l’adue-
nir il y en eut pour le moins deux ou trois au train de l’Artillerie. Caril aduient ſouuent
aux ſoldats que les ſerpentins de leurs arquebuſes, les bouches & tuyaux de leurs flaccons
ſe rompent, qui eſtans deſtituez de la commodité de les refaire, ne peuuent ſi prompte-
ment ſeruir au beſoing, lequel ils doiuent attendre à chaque moment. Auſsi à l’vn ſe dé-
fait quelque clou en ſon halecret, à l’autre défaut quelque iointure de ſon heaume, & ne
trouuant quile reface, il ſera rendu inutile. De fait on ſe peut ſeruir de ceux-cy, non ſeu-
lement en ladite occaſion, mais auſsi en l’eſſay deſdites armes, leſquelles le General pour-
ra bien faire eſprouuer, mais non iuger de leur force & valeur, qui ſe cognoit en l’alliage
& trempe de leurs metaux. Eticy conclurray par lerecit des perſonnes, & des offices du
train de l’Artillerie, & de l’obligation de chacun en particulier. Cy apres nous verrons
les batteries, & la façon d’icelles.
auoir des maiſtres arquebuſiers, & forgerons de cuiraſſes: ſi ſerois-ie d’aduis qu’à l’adue-
nir il y en eut pour le moins deux ou trois au train de l’Artillerie. Caril aduient ſouuent
aux ſoldats que les ſerpentins de leurs arquebuſes, les bouches & tuyaux de leurs flaccons
ſe rompent, qui eſtans deſtituez de la commodité de les refaire, ne peuuent ſi prompte-
ment ſeruir au beſoing, lequel ils doiuent attendre à chaque moment. Auſsi à l’vn ſe dé-
fait quelque clou en ſon halecret, à l’autre défaut quelque iointure de ſon heaume, & ne
trouuant quile reface, il ſera rendu inutile. De fait on ſe peut ſeruir de ceux-cy, non ſeu-
lement en ladite occaſion, mais auſsi en l’eſſay deſdites armes, leſquelles le General pour-
ra bien faire eſprouuer, mais non iuger de leur force & valeur, qui ſe cognoit en l’alliage
& trempe de leurs metaux. Eticy conclurray par lerecit des perſonnes, & des offices du
train de l’Artillerie, & de l’obligation de chacun en particulier. Cy apres nous verrons
les batteries, & la façon d’icelles.