15186PREMIER LIVRE
oeuure en perfection, s’il n’eſt fidelle, &
pur de conſcience,
Il ne faut point auſſi qu’il ſoit ambitieux, ny ententif à receuoit
preſents: mais qu’auec vne meure grauité il contregarde ſa repu-
tation, & cherche d’acquerir bonne renommee. Voilà que veut
philoſophie: laquelle outre toutes ces particularités luy fait en-
tendre la nature des choſes, que les Grecs nomment Phyſiolo-
gie, & qu’il eſt force à vn tel homme de ſçauoir, pource qu’elle
fait ſoudre pluſieurs & diuerſes queſtions naturelles, qui ſuruien-
nent aucuuesfois de la conduite des eaux, qui en leurs cours tiẽ-
nent des voyes toutes contraires les vnes aux autres, veu qu’elles
coulent autrement par les plaines qu’à trauers les païs mõtueux.
Choſe qui vient ſeulement par les impulſions des eſprits natu-
rels, aux violences deſquels nul ne ſçauroit mettre remede, s’il
n’a par la philoſophie congnu les principes des choſes. Et qui li-
roit les liures de Thesbias, Archimede, & autres qui ont eſcrit
de matieres ſemblables, il ne ſçauroit accorder auec eux, s il n’eſt
preallablement inſtitué en ces ſpeculations au moyen de la phi-
loſophie.
preſents: mais qu’auec vne meure grauité il contregarde ſa repu-
tation, & cherche d’acquerir bonne renommee. Voilà que veut
philoſophie: laquelle outre toutes ces particularités luy fait en-
tendre la nature des choſes, que les Grecs nomment Phyſiolo-
gie, & qu’il eſt force à vn tel homme de ſçauoir, pource qu’elle
fait ſoudre pluſieurs & diuerſes queſtions naturelles, qui ſuruien-
nent aucuuesfois de la conduite des eaux, qui en leurs cours tiẽ-
nent des voyes toutes contraires les vnes aux autres, veu qu’elles
coulent autrement par les plaines qu’à trauers les païs mõtueux.
Choſe qui vient ſeulement par les impulſions des eſprits natu-
rels, aux violences deſquels nul ne ſçauroit mettre remede, s’il
n’a par la philoſophie congnu les principes des choſes. Et qui li-
roit les liures de Thesbias, Archimede, & autres qui ont eſcrit
de matieres ſemblables, il ne ſçauroit accorder auec eux, s il n’eſt
preallablement inſtitué en ces ſpeculations au moyen de la phi-
loſophie.
Il faut auſſi que l’Architecte entende la Muſique, à fin qu’il co-
gnoiſſe la raiſon reguliere & la valeur des quantités, tellement
qu’il en puiſſe faire bien & adroit les temperatures des Arbale-
ſtes ou Brieoles, Fondes Bacules, & autres inſtruments de traict:
car en leurs bouts à dextre & à ſeneſtre ſont les pertuis ou co-
ches à ſemitons, par où les cordages de nerfs entortillés ſont bã-
dés à leurs cheuilles, & ne les arreſte lon aucunement juſques à
ce qu’on les ayt tant montés, qu’ils rendent certains ſons egaux,
aggreables aux oreilles de l’ingenieux: adõc les bras ou branches
de leurs arcs, qui ſe cambrent quand on les tend, doyuent en vn
meſme inſtant & tout enſemble jecter le traict quand on les de-
laſche, & s’ils n’eſtoient tirés auſſi fort l’vn que l’autre, jamais ne
pouſſeroyent leur charge ainſi droit comme il eſt neceſſaire. Pa-
reillement faut que les vaiſſeaux d’airain, qui ſe mettent aux
chambrettes voutees ſous les degrés des Theatres, y ſoyent aſſis
par raiſon de Mathematique, à ce que les differẽces des tons (que
les Grecs nomment Echeia (ſoyent accordantes aux harmonies
& doux accents de Chantres, & que le Diateſſaron, Diapente, &
Diapaſon, ſoyent diuiſés juſtement au compas, ſi que la voix s’e-
ſpandant par la Scene, puiſſe reſonner en diſpoſitions conuena-
bles, de ſorte qu en rencontrant ſes objects, elle s’accroiſſe & am-
gnoiſſe la raiſon reguliere & la valeur des quantités, tellement
qu’il en puiſſe faire bien & adroit les temperatures des Arbale-
ſtes ou Brieoles, Fondes Bacules, & autres inſtruments de traict:
car en leurs bouts à dextre & à ſeneſtre ſont les pertuis ou co-
ches à ſemitons, par où les cordages de nerfs entortillés ſont bã-
dés à leurs cheuilles, & ne les arreſte lon aucunement juſques à
ce qu’on les ayt tant montés, qu’ils rendent certains ſons egaux,
aggreables aux oreilles de l’ingenieux: adõc les bras ou branches
de leurs arcs, qui ſe cambrent quand on les tend, doyuent en vn
meſme inſtant & tout enſemble jecter le traict quand on les de-
laſche, & s’ils n’eſtoient tirés auſſi fort l’vn que l’autre, jamais ne
pouſſeroyent leur charge ainſi droit comme il eſt neceſſaire. Pa-
reillement faut que les vaiſſeaux d’airain, qui ſe mettent aux
chambrettes voutees ſous les degrés des Theatres, y ſoyent aſſis
par raiſon de Mathematique, à ce que les differẽces des tons (que
les Grecs nomment Echeia (ſoyent accordantes aux harmonies
& doux accents de Chantres, & que le Diateſſaron, Diapente, &
Diapaſon, ſoyent diuiſés juſtement au compas, ſi que la voix s’e-
ſpandant par la Scene, puiſſe reſonner en diſpoſitions conuena-
bles, de ſorte qu en rencontrant ſes objects, elle s’accroiſſe & am-