153018PREMIER LIVRE
d’humidité.
qui eſt cauſequ’elles ne peuuẽt gueres viure en l’eau.
Or puis que ces choſes ſont telles cõme nous les auõs ia deduites,
& que les corps des animaux ſe treuuẽt, cõpoſés des principes que
leur auons aſſignés, ſi bien qu’ils ſouffrent merueilleuſemẽt, voire
juſques à diſſolution, quand ils ont faute ou trop grande abõdã-
ce d’aucune de ces parties: je ne doute point qu’il ne fale cher-
cher à toute diligẽce d habiter en lieux qui ayent le Ciel biẽ tẽ-
peré, aumoins ſi nous voulons demeurer ſains dedans l’enclos de
nos murailles. Et pour ce faire, fauttaſcher à reuoquer la raiſon
des antiques, leſquels apres auoir ſacrifié des beſtesqui paſturoyẽt
aux lieux où ils vouloyẽt fõder leurs demeurãces, ou aſſeoir pour
quelque tẽps leurs Tentes & Pauillons en paſſant païs, ils regar-
doyẽt les entrailles de ces beſtes: & ſides premieres ſe mõſtroyẽt
cõme meurtries ou corrõpues, incõtinẽt en ſacrifioyent d’autres,
pource qu’ils ne ſçauoyẽt à la verité ſi les foyes & inteſtins eſtoyẽt
intereſſés par maladie, ou vice du paſturage. Ainſi apres auoir
faict pluſieurs de ceseſpreuues, s’ilsvenoyẽt à trouuer la diſpoſitiõ
d’icelles entrailles ſaine, & nõ corrõpue par l’eau, ny par le paſtu-
rage, ils faiſoiẽt là leurs ſtations. Mais ſi par indice apparẽt ils les
trouuoyẽt gaſtees, s’en alloyent chercher autre demeure, jugeans
qu’il enpourroit autãt aduenir aux corps humainspar la mauuaiſe
nature des eaux & paſturages nourriſſãs les beſtes dõt ils auroyẽt
à prẽdre leur ſuſtãce. Voylà qui les faiſoit chãger cõtrees, pource
que ſur toutes choſes ils deſiroyẽt à viure en bõne ſãté. Or que lõ
puiſſe juger de la proprieté de la terre par les paſtures & viandes
qui en prouiẽnẽt, celà ſe preuue par aucunes cãpagnes de Crete,
voyſines du fleuue Pothere, lequel paſſe. ẽtre deux cités, à ſçauoir
Gnoſos, & Cortyne: car d’une part & d’autre de ce fleuue plu-
ſreurs troupeaux de beſtes y paſturẽt: & celles qui ſõt du coſté de
Gnoſos, ont biẽ de la rate en leurs entrailles: mais les autres de la
part de Cortyne, n’ẽ õt ne peu ne point, au moins qui apparoiſſe.
A ceſte cauſe les Medecins enquerans du motif de ceſt effect,
trouuerẽt vne herbe en ce lieu, laquelle eſtant mãgee par les be-
ſtes, leur faiſoit diminuer la rate: & de ceſte herbe qui fut nõmee
Aſplenion par les habitans de l’Iſle, iceux Medecins gueriſſoient
les perſonnes moleſtees du mal de la rate. Celà peut donner à cõ-
gnoiſtre que les proprietés des lieux ſont naturellement dange-
reuſes ou ſaines par le boire & manger qu’elles prõduiſent.
Or puis que ces choſes ſont telles cõme nous les auõs ia deduites,
& que les corps des animaux ſe treuuẽt, cõpoſés des principes que
leur auons aſſignés, ſi bien qu’ils ſouffrent merueilleuſemẽt, voire
juſques à diſſolution, quand ils ont faute ou trop grande abõdã-
ce d’aucune de ces parties: je ne doute point qu’il ne fale cher-
cher à toute diligẽce d habiter en lieux qui ayent le Ciel biẽ tẽ-
peré, aumoins ſi nous voulons demeurer ſains dedans l’enclos de
nos murailles. Et pour ce faire, fauttaſcher à reuoquer la raiſon
des antiques, leſquels apres auoir ſacrifié des beſtesqui paſturoyẽt
aux lieux où ils vouloyẽt fõder leurs demeurãces, ou aſſeoir pour
quelque tẽps leurs Tentes & Pauillons en paſſant païs, ils regar-
doyẽt les entrailles de ces beſtes: & ſides premieres ſe mõſtroyẽt
cõme meurtries ou corrõpues, incõtinẽt en ſacrifioyent d’autres,
pource qu’ils ne ſçauoyẽt à la verité ſi les foyes & inteſtins eſtoyẽt
intereſſés par maladie, ou vice du paſturage. Ainſi apres auoir
faict pluſieurs de ceseſpreuues, s’ilsvenoyẽt à trouuer la diſpoſitiõ
d’icelles entrailles ſaine, & nõ corrõpue par l’eau, ny par le paſtu-
rage, ils faiſoiẽt là leurs ſtations. Mais ſi par indice apparẽt ils les
trouuoyẽt gaſtees, s’en alloyent chercher autre demeure, jugeans
qu’il enpourroit autãt aduenir aux corps humainspar la mauuaiſe
nature des eaux & paſturages nourriſſãs les beſtes dõt ils auroyẽt
à prẽdre leur ſuſtãce. Voylà qui les faiſoit chãger cõtrees, pource
que ſur toutes choſes ils deſiroyẽt à viure en bõne ſãté. Or que lõ
puiſſe juger de la proprieté de la terre par les paſtures & viandes
qui en prouiẽnẽt, celà ſe preuue par aucunes cãpagnes de Crete,
voyſines du fleuue Pothere, lequel paſſe. ẽtre deux cités, à ſçauoir
Gnoſos, & Cortyne: car d’une part & d’autre de ce fleuue plu-
ſreurs troupeaux de beſtes y paſturẽt: & celles qui ſõt du coſté de
Gnoſos, ont biẽ de la rate en leurs entrailles: mais les autres de la
part de Cortyne, n’ẽ õt ne peu ne point, au moins qui apparoiſſe.
A ceſte cauſe les Medecins enquerans du motif de ceſt effect,
trouuerẽt vne herbe en ce lieu, laquelle eſtant mãgee par les be-
ſtes, leur faiſoit diminuer la rate: & de ceſte herbe qui fut nõmee
Aſplenion par les habitans de l’Iſle, iceux Medecins gueriſſoient
les perſonnes moleſtees du mal de la rate. Celà peut donner à cõ-
gnoiſtre que les proprietés des lieux ſont naturellement dange-
reuſes ou ſaines par le boire & manger qu’elles prõduiſent.
Sẽblablemẽt ſi les murailles ſont edifiees en lieux mareſcageux