DIALOGVE XX.
G En.
Monſieur le Capitaine, l’ay ſouuent ouy dire, qu’eſprouuant vn canon con-
tre vne couleurine, on trouueroit que le canon en auroit le pris: & quant à moy
i’en ſerois de meſme opinion, ſi voſtre diſcours par cy deuant ne m’en euſt de-
tourné.
tre vne couleurine, on trouueroit que le canon en auroit le pris: & quant à moy
i’en ſerois de meſme opinion, ſi voſtre diſcours par cy deuant ne m’en euſt de-
tourné.
Cap.
Monſeigneur, ſans les raiſons alleguées, il y en a encor pluſieurs autres, par
leſquelles il faut conceder que la portée de la couleurine ſera beaucoup plus loingtaine
que celle du canon.
leſquelles il faut conceder que la portée de la couleurine ſera beaucoup plus loingtaine
que celle du canon.
Gen.
Ie le croy, &
en ſuis bien aſſeuré, Toutesfois i’en ay ouy qui diſoient en auoir
fait l’eſpreuue, & trouuer le contraire, & que le canon portoit beaucoup plus loing.
fait l’eſpreuue, & trouuer le contraire, & que le canon portoit beaucoup plus loing.
Cap.
Pourroit bien eſtre qu’ils ſe ſont perſuadez d’en auoir fait l’eſpreuue, mais non
pas qu’il ſoit veritable qu’ils l’ayent bien ſçeu faire.
pas qu’il ſoit veritable qu’ils l’ayent bien ſçeu faire.
Cap.
C’eſt vne choſe certaine que la couleurine a le fuſt plus haut, droit &
long que
le canon, & queles trauerſes, ſur le ſquelles la cullatte de la piece repoſe, eſtans plus hau-
tes, ladite piece qui de ſoy eſt auſſi plus longue, ne ſe peut abbaiſſer, pour éleuer ſa bouche
autant que le canon, qui ayant le fuſt plus court & les trauerſes baſſes, & la piece tant qu’el-
le eſt plus courte, s’éleue autant plus facilement meſme par deſſus le 45. degré du qua-
drant. Dont s’enſuit que le canon eſtant plus éleué, fait auſſi ſon coup plus loing que la
couleurine: & ce non pas par ſa propre faute, mais par la faute de l’éleuation requiſe. De
ſorte que ſion taſche de l’éleuer à meſme poinct & degré, on verra que la couleurine le
deuancera de beaucoup.
le canon, & queles trauerſes, ſur le ſquelles la cullatte de la piece repoſe, eſtans plus hau-
tes, ladite piece qui de ſoy eſt auſſi plus longue, ne ſe peut abbaiſſer, pour éleuer ſa bouche
autant que le canon, qui ayant le fuſt plus court & les trauerſes baſſes, & la piece tant qu’el-
le eſt plus courte, s’éleue autant plus facilement meſme par deſſus le 45. degré du qua-
drant. Dont s’enſuit que le canon eſtant plus éleué, fait auſſi ſon coup plus loing que la
couleurine: & ce non pas par ſa propre faute, mais par la faute de l’éleuation requiſe. De
ſorte que ſion taſche de l’éleuer à meſme poinct & degré, on verra que la couleurine le
deuancera de beaucoup.
Cap.
Peut-eſtre qu’ayant chacun de ceux-cy fait toute diligence, ils n’en ſont parue-
nus à l’entiere perfection. Car en l’Artillerie, auſſi bien qu’en la fabrique & l’effect d’au-
tres machines, il y a beaucoup de ſecrets, qui ne ſont ſi facilement remarquez d’vn
chacun.
nus à l’entiere perfection. Car en l’Artillerie, auſſi bien qu’en la fabrique & l’effect d’au-
tres machines, il y a beaucoup de ſecrets, qui ne ſont ſi facilement remarquez d’vn
chacun.
Gen.
Comment faudroit-il donc faire pour deſcouurir ce myſtere icy?
&
faire l’eſ-
preuue du tout aſſeurée, & qu’vne piece n’euſt quelque aduantage ſur l’autre?
preuue du tout aſſeurée, & qu’vne piece n’euſt quelque aduantage ſur l’autre?
Cap.
Pour faire l’eſpreuue iuſte &
aſſeurée, il ſaudroit premierement que les fuſts
fuſſent faits fort proprement & iuſtement, ſerrez des trauerſes aſſez baſſes, pour donner la
deuë éleuation aux dites pieces, comme on voit fig. 13. a.
fuſſent faits fort proprement & iuſtement, ſerrez des trauerſes aſſez baſſes, pour donner la
deuë éleuation aux dites pieces, comme on voit fig. 13. a.