154937DE VITRVVE.
uenu ſolide:
ces meſmes quarreaux ne peuuẽt cõſeruer leur pre-
miere eſpaiſſeur, ains font vne telle retraicte, qu’ils ne s’y peuuent
allier, mais ſe ſeparent de ſa conjonction: parquoy les ouurages
de la maçonnerie venant à ſe desjoindre & applatir à l occaſion
d’icelle retraicte, ne peuuẽt demourer en eſtat: dõt eſt force que
le mur ſe fende, & voilà pourquoy les habitans d’Vtique en Afri-
que ne baſtiſſent de ces quarreaux, s’ils n’ont eu loiſir de ſecher
cinq ans auparauant: mais quand ils ont tout ce temps là, & que
les Maiſtres iurés les appreuuent mettables, adonc s’en ſeruent
ils en l’edification de leurs murailles.
miere eſpaiſſeur, ains font vne telle retraicte, qu’ils ne s’y peuuent
allier, mais ſe ſeparent de ſa conjonction: parquoy les ouurages
de la maçonnerie venant à ſe desjoindre & applatir à l occaſion
d’icelle retraicte, ne peuuẽt demourer en eſtat: dõt eſt force que
le mur ſe fende, & voilà pourquoy les habitans d’Vtique en Afri-
que ne baſtiſſent de ces quarreaux, s’ils n’ont eu loiſir de ſecher
cinq ans auparauant: mais quand ils ont tout ce temps là, & que
les Maiſtres iurés les appreuuent mettables, adonc s’en ſeruent
ils en l’edification de leurs murailles.
Il s’en fait ordinairement de trois eſpeces.
La premiere eſt cel-
le que les Grecs nomment Didoron: & de ceſte là vſent nos Ro-
mains. Elle a vn pied de lõg, & demy de large. Des autres deux ſe
font de jour enjour les maiſõnages d’iceux Grecs. L’vne eſt dicte
Pentadoron, & l’autre Tetradoron. Or ce que leſdicts Grecs diſẽt
Doron, c’eſt proprement ce que nous appellons vn Dour. Et de
là vient que vn don qui ſe fait d’vne main en autre, ſe dit Doron
entre iceulxGrecs. pour autant qu’il ſe porte touſiours en la pau-
me de la main. Ainſi le quarreau qui a de tous coſtés cinq pau-
mes, eſt nommé Pentadoron: & celuy qui n’en a que quatre, Te-
tradoron. De ceſtuy là qui en a cinq, ſe font les ouurages publi-
ques: & de l’autre qui n’ẽ a ſinon quatre, les priués ou particuliers.
le que les Grecs nomment Didoron: & de ceſte là vſent nos Ro-
mains. Elle a vn pied de lõg, & demy de large. Des autres deux ſe
font de jour enjour les maiſõnages d’iceux Grecs. L’vne eſt dicte
Pentadoron, & l’autre Tetradoron. Or ce que leſdicts Grecs diſẽt
Doron, c’eſt proprement ce que nous appellons vn Dour. Et de
là vient que vn don qui ſe fait d’vne main en autre, ſe dit Doron
entre iceulxGrecs. pour autant qu’il ſe porte touſiours en la pau-
me de la main. Ainſi le quarreau qui a de tous coſtés cinq pau-
mes, eſt nommé Pentadoron: & celuy qui n’en a que quatre, Te-
tradoron. De ceſtuy là qui en a cinq, ſe font les ouurages publi-
ques: & de l’autre qui n’ẽ a ſinon quatre, les priués ou particuliers.
Lon en fait auſſi des demis, proportionnés à ces grands:
&
quãd
ce viẽt à les mettre en œuure, le maçõ aſſiet vne rẽge des grãds,
& puis vne autre des petits: & fait celà iuſtement à la ligne, tant
d’vn coſté que d’autre de la muraille: parainſi ces cours diſtin-
gués & liés parenſemble, rendent vne fermeté bien grande, & ſi
ont vne preſence belle, & de bonne grace.
ce viẽt à les mettre en œuure, le maçõ aſſiet vne rẽge des grãds,
& puis vne autre des petits: & fait celà iuſtement à la ligne, tant
d’vn coſté que d’autre de la muraille: parainſi ces cours diſtin-
gués & liés parenſemble, rendent vne fermeté bien grande, & ſi
ont vne preſence belle, & de bonne grace.
Or à Calente, ville d’Eſpagne vlterieure, c’eſt à dire en la partie
Occidẽtale, à Marſeille en Gaule, & à Pitane en Aſie, lon y fait des
quarreaux, leſquels, quand ils ſont ſecs, ne vont point à fonds s’ils
ſont jectés en l’eau, mais flottent deſſus. Et ſẽble que lõ peut eſti-
mer celà prouenir de ce que la terre dont on les forme, eſt de la
nature de Ponce, qui eſtant legiere ſur toutes pierres, quãd elle a
eſté reſerree par auoir long@ement demouré à l’air, ne reçoit la
liqueur en ſoy, & n’en ſçauroit eſtre abbreuuee. Et pour ceſte pro-
prieté nõ poreuſe, & legiere, ne permet la puiſſãce humide pene-
trer en ſõ corps: dõt faut neceſſairemẽt à raiſon de ſa nature, que
l’eaula ſouſtienne: & parainſi les quarreaux ou tuiles faictes de
Occidẽtale, à Marſeille en Gaule, & à Pitane en Aſie, lon y fait des
quarreaux, leſquels, quand ils ſont ſecs, ne vont point à fonds s’ils
ſont jectés en l’eau, mais flottent deſſus. Et ſẽble que lõ peut eſti-
mer celà prouenir de ce que la terre dont on les forme, eſt de la
nature de Ponce, qui eſtant legiere ſur toutes pierres, quãd elle a
eſté reſerree par auoir long@ement demouré à l’air, ne reçoit la
liqueur en ſoy, & n’en ſçauroit eſtre abbreuuee. Et pour ceſte pro-
prieté nõ poreuſe, & legiere, ne permet la puiſſãce humide pene-
trer en ſõ corps: dõt faut neceſſairemẽt à raiſon de ſa nature, que
l’eaula ſouſtienne: & parainſi les quarreaux ou tuiles faictes de