Ufano, Diego, Artillerie, ou vraye instrvction de l' artillerie et de ses appartenances : contenant une declaration de tout ce qui est de l' office du General d' icelle, tant en un siege qu' en un lieu assiegé; Item des batteries, contre-batteries, ponts, mines & galleries, & de toutes fortes de machines requises au train

Table of figures

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16883Del’ Artillerie.
Gen. En auriez-vous bien fait l’eſpreuue, puis que vous la trouuez ſi facile?
Cap. Ouy. L’an 1610. vn Commiſſaire de l’ Artillerie charge à DunKercKe cinq
grandes &
deux petites pieces en vne balendre, qui à l’entrée du grand lac, entre ladite vil-
le &
Furnebre, endura telle tourmente qu’elle s’enfonça, en ſorte qu’on ne voyoit que la
pointe du maſt, auec tous ceux quiy eſtoient, excepté le ſeul patron qui en eſchappa, &

porta les nouuelles audit Commiſſaire, qui faiſoit le chemin par terre à cheual.
Or ledit
Commiſſaire eſtant arriué à Nieuporte, où lors il eſtoit Capitaine de l’ Artillerie, deman-
da au Gouuerneur aſſiſtance tant des gens que des inſtrumens &
machines neceſſaires pour
retirer ladite balandre de l’eau.
Ce qui fuſt fait: ledit Gouuerneur m’en donnant la charge,
&
me demandant comment ie la voudrois mettre en effet: Ie luy reſpondis, que pour eſtre
au ſeruice de ſa Majeſté ie l’accepterois tres-volontiers, comme non ſeulement eſtant de
mon eſtat, mais auſsi qui me pourroit eſtre occaſion d’apprendre ou experimenter quel-
que choſe nouuelle &
vtile, mais que ie n’en ſçauroy deduire & monſtrer le moyen, iuſ-
ques à ce que i’euſſe veu le lieu &
la commodité ou incommodité d’iceluy.
Gen. Comment Monſieur, y a-il lac ſi dangereux & profond, qu’vn bateau s’y en-
fonce tellement, qu’on n’y voye que l’extrême pointe du maſt?
Cap. Combien que de ſoy-meſme il ne ſoit de telle profondeur, ſi eſt-ce qu’eſtant
eſmeu par les tourmentes qu’on y voit ordinairement, il cede au goulfre de Nerbonne:
&
quaſi tous les ruiſſeaux de la France s’y amaſſans, il eſt de telle hauteur, que ſouuent il en-
gloutit &
bateaux & marchandiſes & hommes: ayant trois lieuës enlongueur, & trois en
largeur.
Gen. Mais marchans vers le lieu auquel eſtoit le bateau enfoncé, quels inſtrumens
&
appareils auiez-vous pour l’en retirer?
Cap. Nous n’auions autre choſe que lesappreſts ordinaires, à ſçauoir vn guindal ou
cheure, auecſes cordes &
poulies, cognées, leuiers, pied de cheure. Iuſques à nous appro-
cher d’iceluy, où nous ſuſmes enſeignez, leſquels ſeroientles plus propres:
mais n’en appli-
quay aucun, ains trouuant que le meilleurmoyen ſeroit celuy duquel i’ay fait mention:
ie
demanday quatre bateaux ſemblables à celuy qui eſtoit au fond, leſquels m’eſtans en-
uoyez, ie les mis promptement en œuure.
Mais eſtans petits, de ſorte que les rempliſſant
d’eau on ne ſe pouuoit bonnement tenir deſſus au trauail, ie me ſeruis au lieu d’icelle de ſa-
ble, changeant ſi ſouuent, iuſques à ce qu’au bout du troiſiéme, le bateau fut ſauué ſur l’eau,
auec toutel’ Artillerie, &
ce qui auoit eſté dedans.
Gen. Ie confeſſe quele moyen a eſtébien propre, comme auſsi il eſt bien ſuccedé:
mais ſi ledit bateau eut eſté caſſé, & les planches emportées, de ſorte qu’il n’y fut reſté que
l’Artillerie ſeule, ie ſuis bien aſſeuré qu’on nel’en eut peu retirer ſi facilement.
Cap. Il n’y a point de danger Monſeigneur. Car bien que l’Artillerie de ſoy-meſme
ſoit fort peſante, le maniement toutesfois en eſt fort facile en cet endroit.
Ety a pluſieurs
moyens de l’en retirer.
Le meilleur eſt celuy qui eſt tracé en la figure 14. β. qui eſt la ſeconde de ce diſcours,
pour auquel paruenir on fera conduire deux bateaux ou deux plattes, leſquelles ſeront
couuertes de bonnes &
fortes planches, & bien affermies ſur leurs ancres: apres l’on aura
vn cabeſtrant, tel que la figure le monſtre, auec les pieces pointues pour tenir plus ferme,
lequel on mettra au millieu des planches trauerſées, qui ſeront bien cloüées ou attachées
aux bords, afin qu’ils ne puiſſent s’élargir entre leſdits bateaux.
Puis auallãt les cordes auec
le crochet, &
icelles bien attachées a la piece és dauphins par vn plongeur, en tournant la
vis, on l’en retire ſans grandlabeur bien aſſeurément, n’y ayant piece, tant ſoit-elle peſan-
te, qui par ce moyen ne puiſſe eſtre éleuée bien facilement.
Gen. Mais ſi la piece n’auoit point de dauphins, comment la pourroit-on attacher
ſeulement pour l’en retirer?

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