Ufano, Diego, Artillerie, ou vraye instrvction de l' artillerie et de ses appartenances : contenant une declaration de tout ce qui est de l' office du General d' icelle, tant en un siege qu' en un lieu assiegé; Item des batteries, contre-batteries, ponts, mines & galleries, & de toutes fortes de machines requises au train

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17388Second Traicté reputation, on le fit tenir loing, iuſques à ce que l’armée & l’Artillerie auec tout ſon train
fut paſſée?
Cap. Certes en tel endroit le danger eſt bien grand, & n’y a General ny Capitaine
ſi fier &
hardy, qui alors ne ſoit obligé de marcher auec grande prudence, employant toute
ſa diligence &
tout ſon ſçauoir, pour s’en depétrer auec honneur: s’eſtant meſme pour cet
effet dés long-temps pourueu de ponts, bateaux, plattes &
autres telles choſes.
Cependant ſe trouuant en danger d’eſtre attaqué en tel endroit: il paſſera deuant tou-
tes autres choſes 6.
ou 8. pieces des plus legeres, les logeant en telle ſorte, que ſous bonnes
couuertures elles découurent bien le lieu dont on penſe que le danger pourroit prouenir,
faiſant cependant du coſté de deçà eſleuer vne grande demie-lune, &
y logeant tellement
le reſte de l’Artillerie, qu’elle découure les approches de l’ennemy, &
flanque les amis, afin
que ſans de ſordre ils puiſſent paſſer.
Et les pieces de l’autre riue iouëront touſiours, en telle
ſorte que l’ennemy ne ſe puiſſe ſans danger manifeſte approcher de l’arriere-garde:
en
quoy leur ſera de ſingulier ſeruice, s’il y a quelque commandement à leur auantage.
Choſe
qui ſans doute le fera tenir au loing, ſans donner malgré qu’il en aye aucun empeſchement
audit paſſage.
Et s’il y a du ſoupçon, qu’il pourroit attaquer les derniers: on fera vn petit
retranchement, y logeant quelques vnes des plus petites pieces auec certain nombre des
mouſquetaires, qui y demeureroient iuſques à ce que tout ſoit paſſé, eſtants eux auec les
derniers bateaux, les derniers audit paſſage, ſous la couuerture des pieces de l’autre riue.
En cette maniere ſe gouuerna ce tant renommé guerrier Alexandre Farneſe Prince de
Parme &
de Plaiſance, General de l’armée de ſa Majeſté en ces eſtats, quand par l’aduis &
conſeil de Monſieur de la Motte, qui en l’abſence du Comte Charles de Mansfeld, auoit la
charge de l’Artillerie, il paſſa auec loüange digne d’eternelle memoire, aux confins de la
ville de Nimegue, la V valle, fleuue &
profond & dangereux, dont l’iſſuë en fut ſinguliere-
ment heureuſe.
Gen. Il y a certes employé grande prudence, diligence, & magnanimité, comme
auſſi la neceſſité le requeroit.
Mais dites-moy ie vous prie, quel eſt le but, auquel le Gene-
ral doit en telle neceſſité principalement viſer.
Cap. Certes alors tout l’heur de l’armée dépend de la prudente dexterité du Gene-
ral de l’Artillerie:
& comme en toutes autres charges militaires il ſe faut garder bien ſoi-
gneuſement de commettre quelque faute:
ainſi en eſt-il principalement de celle-cy, d’a-
uoir ſoing qu’en toute loyauté &
fidelité tous les autres s’employent brauement & dili-
gemment chacun en ſa charge, afin qu’ils ne ſoient tous enſemble mis en deſarroy ou dan-
ger, par la negligence &
inaduertence du chef de l’Artillerie. le vous raconteroye volon-
tiers l’incroyable diligence, les ruſes &
les prudents ſtratagemes que i’ay veu pratiquer aux
Generaux, ſous leſquels iuſqu’a preſenti’ay ſeruy, n’eſtoit qu’il faudroit trop de temps à
vous les reciter.
Mais ſur tout, d’autant que ſelon le commun prouerbe, l’œil du Seigneur
engraiſſe le cheual, qu’il taſche de ſetrouuer touſiours preſent en toutes ſes entrepriſes,
pour obuier promptement à toutes trauerſes, qui ſans y auoir penſé, ſe pourroient preſen-
ter, ſur quoy ie vous raconteray cet exemple.
L’Admiral d’Arragon paſſant en Friſe auec l’armée de ſa Majeſté pour y trauailler
l’ennemy, il ſe preſenta qu’auprés de V vittcomen, ville ennemie, &
laquelle il falloit gai-
gner deuant toutes choſes, il falloit paſſer la Lippe, moyen fleuue.
Or Don Louys de Ve-
laſco, General de l’Artillerie, ayant ordonné &
marqué les pieces ſuffiſantes pour l’entre-
priſe, commanda que de nuict on les y paſſeroit:
& luy meſme ayant ſondé le gué, & trou-
ué la choſe faiſable, non ſeulement l’eau eſtant baſſe, mais auſſi le fond ferme, ſans ſe dou-
ter d’autre danger, il s’en alla voir les autres batteries, tranchées &
couuertures, qu’il auoit
ordonné de faire contre ladite ville.
Mais l’iſſuë ne fut telle qu’il auoit penſé. Car les pie-
ces legeres eſtans paſſées facilement, ily eut vne grande quifut la derniere à paſſer, qui

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