Bion, Nicolas, Traité de la construction et principaux usages des instruments de mathématique, 1723

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180166CONSTRUCT. ET USAGES DE LA BOUSSOLE verre taillé en rond que l'on fait tenir dans une petite renure faite
exprès autour du cercle, pour empêcher que l'agitation de l'air
ne donne trop de mouvement à l'éguille.
Un des bouts de l'éguille aimantée, ſçavoir celui qui a été froté
du Pole méridional de la pierre d'aiman, ſe tourne toûjours vers la
partie Septentrionale du Monde, non pas préciſément, mais avec
quelque déclinaiſon qui change de tems à autre.
Suivant les Obſervations faites au mois d'Octobre de l'année
1715, dans l'Obſervatoire Roïal, l'éguille aimantée déclinoit de
douze degrez quinze minutes du Nord à l'Oüeſt.
Les éguilles ſont faites de lames d'acier, de la longueur du diame-
tre de la Bouſſole.
On y ſoude au milieu une petite chape de cuivre,
que l'on perce fort droit, en forme de cône, &
on donne un petit
coup de pointeau au fond, afin que l'éguille ait un mouvement bien
libre ſur ſon pivot.
On les lime fort délicatement en leur donnant
differentes figures;
les unes en dard par un bout, & par l'autre une
flèche, ce ſont ordinairement les grandes qu'on lime de cette façon.
Aux moyenes & aux petites on y fait un anneau vers l'extremité,
pour diſtinguer le côté qui doit tourner vers le Nord, telles que les
petites figures qui ſont auprès de la Bouſſole le montrent.
Pour aimanter les éguilles il faut les faire paſſer ſur le Pole d'un
bon aiman ou ſur ſon armure, de maniere que le bout qui doit tour-
ner vers le Sud, touchele premier ſur la pierre, en coulant l'éguille
au long de l'aiman;
& que le bout qui doit ſe diriger au Nord
y paſſe le dernier.
Il faut faire la même choſe trois ou quatre fois,
écartant la main en arc afin que la vertu y reſte mieux imprimée.
Cette admirable proprieté de l'aiman & de l'éguille aimantée,
n'eſt connuë en Europe que depuis environ l'an 1260.
C'eſt par ſon moyen que l'on a oſé entreprendre de grands voïa-
ges par Mer, &
que l'on a découvert deux cens ans après, dester-
res fort riches vers l'Orient &
d'autre vers l'Occident.
On peut auſſi par ſon moïen ſe conduire par terre dans un voïage,
lorſqu'on ne trou ve perſonne pour enſeigner le chemin, ayant une
Carte géographique;
car pour cet effet il n'y a qu'à poſer le centre
de la Bouſlole ſur le lieu du départ, faire couvenirl éguille aiman-
tée avec le Méridien de ce lieu, &
remarquer quel angle fait ce Mé-
ridien avec la ligne de Route;
c'eſt-à-dire, qui conduit au lieu où
l'on veut aller.
Ainſi les Pilotes & les Voïageurs connoiſſent par
la Bouſſole la ſituation dans laquelle ils ſe trouvent à l ègard des
Poles du Monde.

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