Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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20319LIVRE III. DE LA CONSTRUCTION DES TRAVAUX. d’eau qu’on pourra; car à force de la corroyer avec des rabots il
devient liquide &
ſéche plus promptement que ſi il avoit été abreu-
vé davantage;
cependant, il faut faire attention que ſi le mortier doit
être employé avec des pierres qui s’imbibent aiſément, il faut le
faire plus liquide que quand on s’en ſert pour joindre des pierres fort
dures.
Il y en a qui pour faire prendre le mortier plus promptement mê-
lent de l’urine avec l’eau dont on ſe ſert pour le corroyer;
mais ce
que je ſais par experience, c’eſt que ſi l’on fait diſſoudre du ſel Ar-
moniac dans l’eau de Riviere, &
qu’on ſe ſerve enſuite de cette
eau pour corroyer de la Chaux qui auroit été faite avec de bons
cailloux, elle compoſe avec le ſable un mortier qui prend auſſi
promptement que le plâtre, ce qui peut être d’un excellent uſage dans
les pays où cette matiere eſt rare;
j’ajoûterai que ſi au lieu de ſable
on ſe ſervoit de la pierre pulveriſée, &
qui fut de la même dont on
a fait la Chaux, le mortier qui en ſeroit compoſé ſeroit incompara-
blement meilleur quand on voudroit s’en ſervir au lieu de plâtre.
L’on ſait que la principale qualité du mortier eſt d’unir les pierres
les unes aux autres, &
de ſe durcir quelque tems après avoir été
employé, pour ne faire plus qu’un même corps avec les autres ma-
teriaux.
Comme c’eſt la Chaux qui contribue le plus à cet effet
ſingulier, on demande pourquoi la pierre, ayant perdu dans le Four
à Chaux ſa dureté, la reprend par le moyen de l’eau &
du ſable?
Comme ceci nous offre une Diſſertation aſſés curieuſe, je vais
faire enſorte d’en donner la raiſon.
L’opinion des Chimiſtes eſt, que la dureté des corps vient des
ſels qui s’y trouvent répandus qui ſervent à lier leurs parties, de-
ſorte que ſelon leur ſiſtême la deſtruction qui arrive par la ſuite des
tems aux corps les plus durs ſe fait par la’perte de leur ſel qui s’é-
vapore inſenſiblement par la tranſpiration, &
que ſi par quelque
moyen on rend à un corps les ſels qu’il a perdu, il reprend ſa pre-
miere dureté par la réünion qui ſe fait de ſes parties.
Comme il y
a mille experiences qui favoriſent cette hipoteſe, je ne ferai nulle
difficulté de la recevoir avec le plus grand nombre des Phiſiciens.
Quand la pierre eſt brûlée par la violence du feu, il ſe fait une
évacuation de la plus grande partie de ſes ſels volatils &
ſulfurés qui
ſervoient de liens à ſes parties, ce qui fait qu’elle devient poreuſe
&
branchue: or comme voilà l’état où ſe trouve la Chaux en ſor-
tant du Four, voyons preſentement ce qui peut lui rendre la du-
reté qu’elle avoit avant d’être calcinée.
Quand la Chaux eſt détrempée à propos, & qu’on la mêle avec

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