Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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20420LA SCIENCE DES INGENIEURS, le ſable, il ſe fait une fermentation cauſée par les parties ſulfurées
qui
ſont reſtées dans la Chaux, &
qui font ſortir du ſable une quan-
tité
de ſels qui ſe mêlant avec la Chaux en rempliſſent les pores;
(car le ſable eſt plein de ſel volatil ainſi que les autres corps) & ce
ſont
ces mêmes ſels qui ſe trouvent en plus grande abondance dans
de
certains ſables plûtôt qu’en d’autres qui font la difference de leur
bonne
ou mauvaiſe qualité:
delà vient, que plus on broye la Chaux
&
le ſable, & plus le mortier eſt bon & durcit davantage quand il
eſt
employé;
parce que le froiſſement réïteré fait ſortir du ſable
une
plus grande quantité de ſel;
c’eſt auſſi pour cette raiſon que le
mortier
, mis en œuvre tout chaud, n’eſt pas ſi bon qu’au bout de
quelques
jours, parce qu’il faut un certain tems pour que les ſels vo-
latils
puiſſent paſſer du ſable dans les pores de la Chaux aſin qu’il ſe
faſſe
une union intime de ces deux matieres;
cependant il eſt à re-
marquer
(comme l’experience le fait voir) que quand on laiſſe le
mor
tier long-tems ſans l’employer, il ſe deſſéche, &
ne fait plus
de
liaiſon quoiqu’on y mette de l’eau, parce que les ſels ſe ſont
évaporé
s, deſorte qu’il ne reſte plus qu’une matiere ſéche, maigre
&
ſans onctuoſité; ce qui n’arrive pas quand il eſt employé à pro-
pos
, c ar alors il fait ſortir des pierres une grande quantité de ſel qui
paſſe
dans les pores de la Chaux, pendant qu’elle même s’inſinuë
dans
ceux de la pierre:
car quoiqu’il ſemble en ſe ſervant du mor-
tier
qu’il n’ait plus de chaleur, la fermentation entretenuë par les
parties
ſulfurées de la Chaux ſubſiſte encore très long-tems après
que
la Maçonnerie eſt formée;
ce qui ſe remarque bien ſenſible-
ment
par la dureté que le mortier acquiert de jour en jour &
qui
ne
ceſſe de croître avec le tems par les nouveaux ſels volatils qui
paſſent
de la pierre dans le mortier, par la tranſpiration que la cha-
leur
dont je viens de parler y entretient;
& c’eſt ce que l’on remar-
que
dans la démolition des anciens édiſices par la peine que l’on
rencontre
à ſéparer les pierres que le mortier tient uni, juſques-là
même
qu’on en a moins à les rompre, qu’à les ſéparer, ſur
tout
quand ce ſont des pierres un peu ſpongieuſes dans leſquelles
le
mortier a pénétré.
Je crois même avec Philbert de Lorme, qu’on
pourroit
rendre cette union de la pierre &
du mortier preſqu’indiſ-
ſoluble
, ſi l’on faiſoit la Chaux avec des pierres de même qualité que
celles
qu’on veut employer dans le Bâtiment, parce que les ſels
volatils
qui en ſortiroient ſe trouvant d’une figure propre à rem-
plir
les pores qui reſtent dans la Chaux par la perte qu’elle a fait des
ſiens
, le mortier &
la pierre ne feroient plus qu’un même corps.

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