Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile
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21632LA SCIENCE DES INGENIEURS, d’un Commis qui les faſſe dozer & conditionner ſelon les devis,
&
qui prenne garde qu’on ne les employe qu’après être refroidis;
ce qu’il ne faut point négliger, puiſque de la main d’œuvre, & de
la qualité du mortier, dépend abſolument celle de la Maçon-
nerie.
Il faut neceſſairement un certain nombre d’Inſpecteurs & de
Chaſſavants ſur les ouvrages, puiſque rien n’eſt plus important que
d’avoir des Argus fideles ſur la main des Ouvriers, qui obſervent
leurs actions &
les faſſent diligenter; mais il faut les connoître &
les bien choiſir, être auſſi prompt à récompenſer ceux qui font bien,
qu’à renvoyer ceux qui manqueront d’aplication &
de fidelité: par
exemple, j’en voudrois un pour les Maçons, un autre pour les
Terraſſiers, un autre pour les Voitures, un autre pour la décharge
des Materiaux:
s’il arrivoit que le nombre des Ouvriers de même
eſpece fut fort grand, il faut mettre un homme pour veiller à la
conduite de cent autres, n’étant guerre poſſible qu’il puiſſe en éclai-
rer davantage, ſur quoi l’on remarquera qu’il en faut beaucoup plus
dans les ouvrages qui ſe font en détail, que ſur ceux qui ſe font
par entrepriſes, puiſque pour ceux-ci il ſuffit d’en avoir à la Ma-
çonnerie &
au remuëment des Terres, au lieu qu’aux autres il en
faut de neceſſité ſur tous les differens ouvrages;
car il ne faut pas
penſer que deux ou trois hommes puiſſent ſuffire pour conduire
1000 ou 1200 Ouvriers, qui étant diviſés en je ne ſçai combien
d’ouvrages differens, il eſt comme impoſſible qu’il ne ſe commette
une infinité d’abus &
de négligences: ſi on n’y aporte une attention
continuelle, il ſe fait beaucoup de dépenſes ſuperfluës, les Ouvra-
ges ſont mal façonnés, deſorte que ce qui ſe fait mal-à-propos
excede au centuple la dépenſe des apointemens que l’on croit epar-
gner en employant trois ou quatre hommes de moins qu’il n’en au-
roit fallu:
ce n’eſt pas ici une exageration, & je m’aſſure qu’il n’y a
perſonne, qui aye fait un peu travailler, qui ne demeure d’accord
que quatre hommes bien obſervés font plus d’ouvrage que ſix
autres qu’on abandonneroit à leur propre conduite.
Une précaution, la plus neceſſaire de toutes celles que l’on peut
preſcrire pour la bonne conduite des Travaux, eſt de ne commen-
cer jamais aucun Ouvrage que l’on n’aye fait auparavant les amas
de materiaux &
de tout ce qui eſt neceſſaire pour une prompte
execution;
ces materiaux doivent être placés près des lieux où il
faut les employer, prenant garde cependant qu’ils n’embaraſſent
ni les Voitures ni les Ouvriers;
rien n’eſt ſi neceſſaire à la For-
tification que la diligence, ni rien ne lui eſt ſi opoſé que la grande

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