Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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21733LIVRE III. DE LA CONSTRUCTION DES TRAVAUX. précipitation avec laquelle on les commence, le plus ſouvent ſans
avoir fait proviſion des materiaux dont on peut avoir beſoin, ni
ſans être aſſuré de la quantité d’Ouvriers qu’on y voudra employer,
d’autant que de cet empreſſement il arrive qu’avant qu’ils ſoient à
moitié faits, on manque de je ne ſçai combien de choſes, qui cauſent
toujours un retar dement dangereux, &
une augmentation de dépenſe
conſidérable par les ſecours extraordinaires qu’on eſt obligé d’em-
prunter ailleurs, &
qu’on paye quelquefois bien cher; ſans compter
les dommages que le Pays ſouffre de ce que l’on eſt contraint d’exiger
des courvées &
voitures, dans le tems même que les Payſans ſont
occupés à leur recolte:
c’eſt ce qui nous fait encore répeter, qu’on
ne doit jamais commencer un Ouvrage, ſans avoir bien pris des me-
ſures pour la fourniture des materiaux, &
ſans en avoir fait un amas
ſi conſidérable, que la quantité d’Ouvriers qu’on aura réſolu d’em-
ployer n’en puiſſe jamais manquer, ce qui doit être obſervé d’au-
tant plus exactement, que rien n’eſt ſi dangereux pour une Place que
la lenteur de ces Ouvrages, attendu que juſqu’à ce qu’ils ayent ac-
quis leur perfection, elle eſt toûjours en péril &
conſidérablement
affoiblie par la propre imperfection de ceux que l’on a bâti, par
l’embarras des materiaux répandus à l’entour, par l’ouverture de
ſes chemins couverts pour faire paſſer les Chariots, par le comble-
ment des Foſſés, accidens toûjours inſéparables des Travaux im-
parfaits, d’où s’enſuit que juſqu’à ce qu’une piece, telle qu’elle ſoit,
ait acquis ſon entiere perfection, elle eſt toûjours contre la Place;
c’eſt-à-dire, plûtôt en état de lui nuire que de ſervir à ſa deffenſe:
ſituation malheureuſe &
qui devroit faire trembler ceux qui ont la
conduite des Ouvrages qui ſont mal en train, &
qui languiſſent faute
d’avoir pris des meſures aſſés juſtes pour les diligenter, principale-
ment dans un tems de Guerre, où l’ennemi peut à tout moment
former des entrepriſes;
il n’y a rien de ſi commun dans l’hiſtoire des
Guerres paſſées que la perte des Places qui ont été ſurpriſes, ou
que l’on a été contraint d’abandonner, avant que leurs Fortifica-
tions fuſſent en état de deffence.
Soit que l’on conſtruiſe une Place neuve, ou qu’on en fortifie
d’autres pour les mettre plus en état deffenſe qu’elles ne le ſont,
on doit toûjours commencer par les chemins couverts, enſuite par
les Ouvrages les plus avancés afin d’avoir au moins une barriere
pour arrêter l’ennemi, cette précaution eſt ſur-tout neceſſaire quand
on eſt obligé de bâtir de nouveau quelque enceinte, ou de démo-
lir des déhors pour leur donner une conſtruction plus avantageuſe
que celle qu’ils avoient, l’ouverture d’une Place étant toûjours dan-

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