Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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21834LA SCIENCE DES INGENIEURS, gereuſe dans la Paix même la plus profonde: l’art de fortifier eſt
ſuſceptible d’une infinité d’attentions qu’on ne peut négliger, ſans
qu’elles ne tirent à de grandes conſequences.
Une attention qu’on doit avoir & qui eſt eſſentielle, continuë Mr. le
Marêchal de Vauban, eſt de donner les employs ſuivant la neceſſité
des Ouvrages &
la capacité d’un chacun, afin de n’y employer que
des gens utiles &
neceſſaires, & de ne charger perſonne de ce
qu’il ne ſait pas, ni de plus qu’il ne ſait faire:
ce deffaut, où l’on ne
prend pas garde, étant ordinairement l’origine &
la ſource de tous
les deſordres dans la conduite des Fortifications.
Il eſt très conſtant que ce qui nuit le plus à l’œconomie, & même
à l’avancement des Ouvrages, eſt le renouvellement frequent que
l’on fait de ceux qui en ont les principaux ſoins, ſpecialement des
Ingenieurs;
vû que de ce changement il arrive que perſonne ne
s’inſtruit jamais à fond, &
l’on y eſt toûjours nouveau; que l’on
ne connoît qu’imparfaitement la qualité des materiaux, leur prix,
&
la capacité des Ouvriers; que l’on ne ſait, ni les moyens de faire
les Voitures, ni de quelle maniere s’y prendre pour établir ún bon
ordre:
cependant, ce ſont des parties qu’il faut neceſſairement ſa-
voir, &
qui ne s’aprennent qu’avec du tems; de plus j’ôſe bien
dire, &
il n’eſt que trop certain, que quelque ſoin que les gens pren-
nent à ſe rendre ſavans dans ce métier, le Souverain, aux dépens
de qui on l’aprend, en paye toûjours chérement l’apprentiſſage.
Car s’il eſt vrai (comme l’on n’en peut pas douter) que dans tous
les commencemens des grands Ouvrages il eſt impoſſible aux plus
intelligens même, quelque application qu’ils y apportent, d’empê-
cher que la dépenſe n’en excede toûjours le juſte prix d’un cinquié-
me ou d’un ſixiéme;
que doit-il arriver aux Travaux de Places,
où l’on change tous les ans d’Ingenieurs, &
où jamais perſonne n’a
le tems d’apprendre ce qu’il doit ſavoir.
Certainement, il n’en
peut proceder que des deſſeins mal executés &
des redoublemens
de dépenſes effroyables, à quoi il n’y a d’autre remede que de bien
choiſir une fois pour tout les gens qu’on y voudra employer, ſe
donner patience qu’ils s’y ſoient bien inſtruits, &
les perpetuer
après dans l’employ tant qu’on aura beſoin d’eux &
qu’ils s’y con-
duiront bien.
F’ ai tiré ce Diſcours mot pour mot, d’un petit Ouvrage de Mr. de
Vauban, qui a pour Titre, Le Directeur General des Fortifications.

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