252119De l’Artillerie.
qui couſtumierement ſemble eſtre de plus loingtaine diſtance qu’il n’eſt pour ceſte chaſ-
ſe: & alors, ſi le cas requiert, on ne luy en baillera que la moitié.
ſe: & alors, ſi le cas requiert, on ne luy en baillera que la moitié.
Ilfaut auſſi que le canonnier prenne garde, que tirant de haut en bas, le coup iamais
ne ſera de ſi grande force ou efficace, que s’il eſtoit fait de bas en haut, pource que la force
du feu, qui de ſon naturel tend touſiours en haut, abandonne trop toſt le boulet. Car meſme
la piece eſtant au niueau elle perd deſia beaucoup de ſa force, en comparaiſon de celle qui
y eſt tant ſoit peu eſleuée. Dont on s’en apperceuroit facilement en l’eſpreuue. Comme
pour exemple: Entre grandes montaignes il y a vne coline de 100. pas de hauteur, de la-
quelle il faut tirer contre vn chaſteau ou tour ſitué à l’oppoſite, en meſme hauteur, en di-
ſtance de 160. pas: pour lequel effet il faudroit pointer les pieces au niueau de l’ame. Et au
pied de ladite coline on y loge auſſi vne ou pluſieurs pieces qui tirent contre le meſme
chaſteau ou tour à bouchebien haut eſleuée, en meſme diſtance. Certainement on verra
que les pieces tirant contre mont, feront plus d’effet & de breſcheés murailles oppoſées,
que celles qui tirent en ligne droite & du niueau, & ſelon leur poſitiõ en moindre diſtance.
Et combien qu’on eſtime que le coup plus court & du niueau ſoit le meilleur & plus fort, ſi
ſe doit on aſſeurer du cõtraire: eſtant certain que plus que la piece eſt moins eſleuée deſſous
le quarante cinquieſme degré, tant plus grande ſera auſſi (toutesfois en diſtance determi-
née) ſa force. Car comme on voit en cet exemple, tel coup eſleue le mur, le decouſt, briſe
& renuerſe, & y fait beaucoup plus grande breſche, que le coup à niuellé, le duquel la force
ne s’eſtend non plus que la largeur du boulet. De cecy on verra que la piece eſtant plus ab-
baiſſée ne fera pas ſeulement le coup plus court, mais auſſi plus foible: car ſans ce que la li-
gne en eſt plus courte, auſſi le boulet s’approchant de la terre, ou ſautellant ſur icelle, perd
toute ſa vigueur & force ſans faire aucun ou bien peu de dommage.
ne ſera de ſi grande force ou efficace, que s’il eſtoit fait de bas en haut, pource que la force
du feu, qui de ſon naturel tend touſiours en haut, abandonne trop toſt le boulet. Car meſme
la piece eſtant au niueau elle perd deſia beaucoup de ſa force, en comparaiſon de celle qui
y eſt tant ſoit peu eſleuée. Dont on s’en apperceuroit facilement en l’eſpreuue. Comme
pour exemple: Entre grandes montaignes il y a vne coline de 100. pas de hauteur, de la-
quelle il faut tirer contre vn chaſteau ou tour ſitué à l’oppoſite, en meſme hauteur, en di-
ſtance de 160. pas: pour lequel effet il faudroit pointer les pieces au niueau de l’ame. Et au
pied de ladite coline on y loge auſſi vne ou pluſieurs pieces qui tirent contre le meſme
chaſteau ou tour à bouchebien haut eſleuée, en meſme diſtance. Certainement on verra
que les pieces tirant contre mont, feront plus d’effet & de breſcheés murailles oppoſées,
que celles qui tirent en ligne droite & du niueau, & ſelon leur poſitiõ en moindre diſtance.
Et combien qu’on eſtime que le coup plus court & du niueau ſoit le meilleur & plus fort, ſi
ſe doit on aſſeurer du cõtraire: eſtant certain que plus que la piece eſt moins eſleuée deſſous
le quarante cinquieſme degré, tant plus grande ſera auſſi (toutesfois en diſtance determi-
née) ſa force. Car comme on voit en cet exemple, tel coup eſleue le mur, le decouſt, briſe
& renuerſe, & y fait beaucoup plus grande breſche, que le coup à niuellé, le duquel la force
ne s’eſtend non plus que la largeur du boulet. De cecy on verra que la piece eſtant plus ab-
baiſſée ne fera pas ſeulement le coup plus court, mais auſſi plus foible: car ſans ce que la li-
gne en eſt plus courte, auſſi le boulet s’approchant de la terre, ou ſautellant ſur icelle, perd
toute ſa vigueur & force ſans faire aucun ou bien peu de dommage.
CHAP. XIV.
Comment on doit monter vne piece ſur vne baute &
aſpre montagne.
aſpre montagne.
LA meilleure façon de faire monter vne piece ſur vne montagne eſt celle qu’on voit
en la figure 23. par le moyen d’vn cabreſtant. D. Eſt le ſommet de la montaigne
E. Eſt le pied d’icelle. A. B. C. ſont les courbes & mauuais chemins, par leſquels il
faut faire marcher & monter la piece, tirée d’vne groſſe longue corde par des poulies, pour
y faire vne batterie entre D. & C. contre la tour F. Pour cecy le canonnier apres auoir bien
recogneu le lieu, mettra le cabreſtant derriere D. l’affermant bien ſoigneuſement, afin qu’il
ne puiſſe gliſſer & ſuiure le grand pris de la piece. Puis es lieux propres des courbées du
chemin, ſi n’y a des arbres deſquels on ſe puiſſe ſeruir, qui ſeroit vn grand auantage, on
plantera à grands coups de marteaux de grandes cheuilles en terre, pour y attacher auec
cordes bonnes & fortes les poulies, parleſquelles la corde principale doit paſſer, attachée
au fuſeau ou tour du cabreſtant, & de l’autre bout à l’aneau qui eſt à la queuë du fuſt. Fina-
lement quatre ou pluſieurs hommes tournant par le moyen des longues trauerſes ledit fu-
ſeau feront monter la piece iuſques à la premiere poulie, où elle ſera retenuë & arreſtée,
iuſques à ce que ceſte poulie deſtachée, on tourne la piece vers la ſeconde, & ainſi en auant
iuſques à paruenir au lieu deſiré.
en la figure 23. par le moyen d’vn cabreſtant. D. Eſt le ſommet de la montaigne
E. Eſt le pied d’icelle. A. B. C. ſont les courbes & mauuais chemins, par leſquels il
faut faire marcher & monter la piece, tirée d’vne groſſe longue corde par des poulies, pour
y faire vne batterie entre D. & C. contre la tour F. Pour cecy le canonnier apres auoir bien
recogneu le lieu, mettra le cabreſtant derriere D. l’affermant bien ſoigneuſement, afin qu’il
ne puiſſe gliſſer & ſuiure le grand pris de la piece. Puis es lieux propres des courbées du
chemin, ſi n’y a des arbres deſquels on ſe puiſſe ſeruir, qui ſeroit vn grand auantage, on
plantera à grands coups de marteaux de grandes cheuilles en terre, pour y attacher auec
cordes bonnes & fortes les poulies, parleſquelles la corde principale doit paſſer, attachée
au fuſeau ou tour du cabreſtant, & de l’autre bout à l’aneau qui eſt à la queuë du fuſt. Fina-
lement quatre ou pluſieurs hommes tournant par le moyen des longues trauerſes ledit fu-
ſeau feront monter la piece iuſques à la premiere poulie, où elle ſera retenuë & arreſtée,
iuſques à ce que ceſte poulie deſtachée, on tourne la piece vers la ſeconde, & ainſi en auant
iuſques à paruenir au lieu deſiré.
Ilfaut auſſi que le fuſt ait en ſa queuë vne petite rouë qui l’eſleue, afin qu’il ne s’aheurte
à quelque ſentier ou pierre trauerſée. Aupres de la piece il y faut auſſi auoir quelques per-
ſonnes, tant pour l’auancer, en la pouſſant que pour la tourner ſelon que l’occaſion le re-
quiert: comme on en voit au bout du col de la piece.
à quelque ſentier ou pierre trauerſée. Aupres de la piece il y faut auſſi auoir quelques per-
ſonnes, tant pour l’auancer, en la pouſſant que pour la tourner ſelon que l’occaſion le re-
quiert: comme on en voit au bout du col de la piece.