Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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28384LA SCIENCE DES INGENIEURS,
CHAPITRE DOUZIE’ME.
De la maniere de conſtruire les Ouvrages de Terraſſes.
AMeſure que l’on éleve le revêtement d’un ouvrage, l’on fait
le remblais des terres pour former le rempart.
On commence
par égaliſer le fond du terrain qui répond à la derniere retraite du
côté de la place, en lui donnant une pente d’environ trois pouces
par toiſe du devant au derriere, afin de ſoulager le revêtement;
car
nous ſupoſons que cet eſpace eſt bien deblayé, &
n’eſt pas occupé
par les terres qu’on a tirées du foſſé pour former les remparts, c’eſt
ce qui nous a fait dire dans le 8e.
Chapitre qu’il falloit les porter
à 8 ou 10 toiſes au-delà de l’allignement interieur de la muraille,
afin qu’on ne ſoit pas obligé de les rejetter plus loin, mais placées
de façon que les travailleurs, les ayant ſous la main pour faire les
remblais, l’on poſe un lit de faſcinage, dont le gros bout eſt du côté
de la muraille, les brins eſpacés de 4 à 5 pouces les uns des autres:
les faſcines doivent avoir au moins 12 pieds de longueur, & 3 ou 4
pouces de circonference par le gros bout, on les recouvre d’un
lit de terre d’environ 8 pouces de hauteur que l’on bat à la Dame
tant qu’il ſoit réduit à ſix;
on répete un ſecond & un troiſiéme lit
de terre toûjours de 8 pouces bien batus &
chacun réduit à ſix pou-
ces.
S’il ſerencontre des pierres qui empêchent qu’on ne puiſſe bat-
tre également par-tout, on les ôte pour les mettre de côté, enſuite
on étend ſur ce troiſiéme tas un ſecond lit de faſcinage diſpoſé com-
me le premier, que l’on couvre encore de trois autres tas de terre
de 8 pouces, chacun batus ſéparement &
réduits à 6 que l’on re-
couvre encore d’un lit de faſcinage, ainſi de ſuite alternativement
trois tas de terres, &
un lit de faſcinage juſqu’à la hauteur du terre-
plain du rempart auquel on donne une pente d’un pied &
demi de-
puis la banquette juſqu’au talud interieur, en obſervant d’en faire
la ſurface d’une terre bien épierrée &
battuë ſi uniment que les eaux
de pluye coulent ſans difficulté;
après quoi on éleve le parapet qui
ſe conſtruit de même que le rempart;
mais avec un peu plus de
précaution:
car ſi les terres dont on veut ſe ſervir ſont pierreuſes,
on les paſſe à la claye, ou bien on en choiſit de douce, &
de celle
qui convient le mieux.
O’eſt ainſi qu’on a coûtume de travailler les ouvrages de terraſſe

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