292140Troiſiéme Traicté
La chambre de la piece commence dés la lumiere s’eſtendant vers la bouche, iuſques
à quatre calibres de ſa bouche, dont les deux ſont pour y enchaſſer la poudre, l’vne pout
les morceaux, & l’autre pour l’aſſiette & logis du boulet. Sur la fin de ces quatre calibres,
la piece ordinairementa vne ceinture éleuée, de mouleures ou friſes, pour tant mieux re-
tenir la force & la percuſſion du boulet, & pour luy donner forme plus aggreable. La
ceinture des tourillons doit eſtre iuſtement au milieu de la piece, en quel endroit la piece
aura perdu, dés la lumiere, vn quart de calibre de renfort: & d’icelle enuers la chambre
ſont colloquez les dauphins, par le moyen deſquels, y attachant les cordes, la piece eſt
éleuée, par le monter ou deualer de ſon fuſt. Les bras de metal que la piece a au tiers de ſa
longueur, ſont appellez les aureilles ou tourillons, leſquelles enchaſſées és lumieres, &
où ſe poſent les tourillons, & y eſtant enſerrées auec chaiſnes de fer, facilitent grande-
ment le maniement de la piece, la tenant quaſi en balance d’equilibre. Et dés cette ceintu-
re iuſques au col, la piece diminue derechef d’vn quart de calibre, de ſorte que dés la lu-
miere, iuſques à l’orbe de la bouche, la piece aura diminué iuſtement de demy calibre.
L’eſpoiſſeur des metaux tant en chambre, qu’és tourillons & col, & par toute la piece eſt
appellée renfort.
à quatre calibres de ſa bouche, dont les deux ſont pour y enchaſſer la poudre, l’vne pout
les morceaux, & l’autre pour l’aſſiette & logis du boulet. Sur la fin de ces quatre calibres,
la piece ordinairementa vne ceinture éleuée, de mouleures ou friſes, pour tant mieux re-
tenir la force & la percuſſion du boulet, & pour luy donner forme plus aggreable. La
ceinture des tourillons doit eſtre iuſtement au milieu de la piece, en quel endroit la piece
aura perdu, dés la lumiere, vn quart de calibre de renfort: & d’icelle enuers la chambre
ſont colloquez les dauphins, par le moyen deſquels, y attachant les cordes, la piece eſt
éleuée, par le monter ou deualer de ſon fuſt. Les bras de metal que la piece a au tiers de ſa
longueur, ſont appellez les aureilles ou tourillons, leſquelles enchaſſées és lumieres, &
où ſe poſent les tourillons, & y eſtant enſerrées auec chaiſnes de fer, facilitent grande-
ment le maniement de la piece, la tenant quaſi en balance d’equilibre. Et dés cette ceintu-
re iuſques au col, la piece diminue derechef d’vn quart de calibre, de ſorte que dés la lu-
miere, iuſques à l’orbe de la bouche, la piece aura diminué iuſtement de demy calibre.
L’eſpoiſſeur des metaux tant en chambre, qu’és tourillons & col, & par toute la piece eſt
appellée renfort.
Et quand le fondeur veut fondre vne piece, apres auoir bien formé ſes moules, tant
celle de l’ame, que de la circonference, afin que la piece ſoit égalle, & que l’ame ne s’ac-
coſte plus d’vn coſté que de l’autre, y mette entre les deux moules trois cruſettes de l’eſ-
poiſſeur d’vn doigt, vne par la chambre, l’autre par les tourillons, & la tierce par le col. La
couuerture enchaſſée aux gens & molinets des metaux, couurant la lumiereafin que l’eau
n’y entre & moüille la poudre, eſt communément appellée la diotre ou braguette. Les fri-
ſes plus hautes de la bouche s’appellent la ioye, & celles de la culatte raſimire. Et s’il eſt
queſtion de la mire ou pointage, elle ſe prend iuſtement au milieu des plus hauts metaux
ou friſes de la raſimire & de la ioye. Et ce que la raſimire ſera plus haute que la ioye, s’ap-
pelle le vif. Poinct neceſſaire d’eſtre bien entendu du canonnier, auec l’intelligence de
l’oſter quand la neceſſité le requiert pour bien aſſeurerſon coup, principallement s’il faut
emboucher ou demonter vne piece ennemie.
celle de l’ame, que de la circonference, afin que la piece ſoit égalle, & que l’ame ne s’ac-
coſte plus d’vn coſté que de l’autre, y mette entre les deux moules trois cruſettes de l’eſ-
poiſſeur d’vn doigt, vne par la chambre, l’autre par les tourillons, & la tierce par le col. La
couuerture enchaſſée aux gens & molinets des metaux, couurant la lumiereafin que l’eau
n’y entre & moüille la poudre, eſt communément appellée la diotre ou braguette. Les fri-
ſes plus hautes de la bouche s’appellent la ioye, & celles de la culatte raſimire. Et s’il eſt
queſtion de la mire ou pointage, elle ſe prend iuſtement au milieu des plus hauts metaux
ou friſes de la raſimire & de la ioye. Et ce que la raſimire ſera plus haute que la ioye, s’ap-
pelle le vif. Poinct neceſſaire d’eſtre bien entendu du canonnier, auec l’intelligence de
l’oſter quand la neceſſité le requiert pour bien aſſeurerſon coup, principallement s’il faut
emboucher ou demonter vne piece ennemie.
Lieutenant.
Telle curioſité me plaiſt ſingulierement, comme de fait elle ne doit
eſtre ignorée de celuy qui fait profeſſion de canonnier. Mais paſſons auant, & dites-moy
toutes les particularitez & noms qu’il ya en vn fuſt, tout ſerré & parfait.
eſtre ignorée de celuy qui fait profeſſion de canonnier. Mais paſſons auant, & dites-moy
toutes les particularitez & noms qu’il ya en vn fuſt, tout ſerré & parfait.
Canonnier.
Quant à ce que i’entends deces particuliaritez, ie trouue qu’il y en a dix-
huict. Premierement & en general, il a le nom de char, currenne & fuſt, compoſé & for-
mé de deux iambes ou cuiſſes, longues, larges & groſſes, de bois dur, comme de cheſne,
orme ou noyer. La partie de deuant, qui eſt la plus large, eſt appellée la teſte du fuſt: le
milieu prés de la premiere, courbée embas & dependante, s’appelle la couche. Les pertuis
eſquels les trauerſes ſont enchaſſées, par le moyen deſquelles les deux cuiſſes ſont iointes
enſemble, ſont appellezles falcages, leſdites trauerſes auſsi y eſtant retenuëspar le moyen
de deux gros boulons, qui paſſant toutes les deux cuiſſes, les ſerrent d’vne part de leur
teſtes, & de l’autre part des cheuilles de fer, qui ſur des roſettes de fer, à coups de marteau
ſont paſſées par les eſquilles deſdits boulons, de ſorte que tout le fuſt en demeure ſerré &
fermé, comme vn corps entier.
huict. Premierement & en general, il a le nom de char, currenne & fuſt, compoſé & for-
mé de deux iambes ou cuiſſes, longues, larges & groſſes, de bois dur, comme de cheſne,
orme ou noyer. La partie de deuant, qui eſt la plus large, eſt appellée la teſte du fuſt: le
milieu prés de la premiere, courbée embas & dependante, s’appelle la couche. Les pertuis
eſquels les trauerſes ſont enchaſſées, par le moyen deſquelles les deux cuiſſes ſont iointes
enſemble, ſont appellezles falcages, leſdites trauerſes auſsi y eſtant retenuëspar le moyen
de deux gros boulons, qui paſſant toutes les deux cuiſſes, les ſerrent d’vne part de leur
teſtes, & de l’autre part des cheuilles de fer, qui ſur des roſettes de fer, à coups de marteau
ſont paſſées par les eſquilles deſdits boulons, de ſorte que tout le fuſt en demeure ſerré &
fermé, comme vn corps entier.
Chaque cuiſſe eſt enuironnée &
garnie de trois bandes ou fortes lames de fer bien
cloüées, pour retenir le bois en ſorte qu’il ne ſe fende. la garniture qui a la queuë va
trainant par terre, s’appelle la contiere, & enuironne cette partie du fuſt tant par em-
bas que par enhaut, bien cloüée. Se nomme auſsi Bandon terrin du fuſt. Et icy eſt en-
chaſſée & affermie par ſes boulons la trauerſe de la contiere, dont, commenous auons dit
cy deſſus, le fuſt eſt en ce lieu ſerré en vn corps. Le pertuis par lequel on paſſe le clou
cloüées, pour retenir le bois en ſorte qu’il ne ſe fende. la garniture qui a la queuë va
trainant par terre, s’appelle la contiere, & enuironne cette partie du fuſt tant par em-
bas que par enhaut, bien cloüée. Se nomme auſsi Bandon terrin du fuſt. Et icy eſt en-
chaſſée & affermie par ſes boulons la trauerſe de la contiere, dont, commenous auons dit
cy deſſus, le fuſt eſt en ce lieu ſerré en vn corps. Le pertuis par lequel on paſſe le clou