Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

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2994LA SCIENCE DES INGENIEURS, ceux, qui viennent du côté du midi, ſont meilleurs que ceux du
côté du couchant, le ſoleil contribuant beaucoup à les rendre plus
durs, plus hauts, &
plus gros; d’ailleurs, ils n’ont que très peu d’au-
bier, qui eſt une partie de l’arbre immediatement ſous l’écorce,
plus tendre que le reſte, qu’on peut regarder comme la matiere
dont l’arbre s’eſt augmenté depuis peu de tems, parce que tous les
ans la ſeve commence au printems à former un nouvel aubier,
qui va toûjours en croiſſant juſqu’à la chûte des feuilles, &
fe dur-
cit enſuite pendant l’hiver, pour ſe joindre au corps de l’arbre, par-
ce qu’alors le froid fait reſerrer les pores, qui ne recevant plus le
ſuc qui s’y introduiſoit, l’arbre reſte comme s’il étoit mort;
mais
quand la terre vient à s’échaufer au printems, la nature forme en-
core un nouvel aubier, &
tous les ans il arrive la même choſe,
juſqu’à ce qu’il commence à dépérir par la vieilleſſe.
Il eſt encore à remarquer, que les arbres, qui croiſſent éloignés
les uns des autres, &
qui ſont battus par les vents, comme ſont
ceux qui viennent ſur la rive ou le bord des forêts, ſont ordinai-
rement plus durs &
plus forts que les autres, qui viennent dans des
lieux ſerrés, où les vents ne penetrent point;
les premiers reſſem-
blans aux hommes qui ſe fortifient par l’exercice &
le travail: quant
à la qualité des arbres en general, les meilleurs ſont ceux qui ſont
bien ſains, qui ont un droit fil, qui ne ſont point roullés, rabou-
gris, ni geliffes, &
qui n’ont ni fentes ni gerſures.
L’on peut abattre le chêne depuis 60. juſqu’à 200. ans, parce
que devant qu’il ait 60.
ans il eſt trop jeune, & n’a point aſſés de
force, &
qu’après 200. ans, il deperit & ne ſe conſerve pas ſi long-
tems étant employé:
l’âge le plus convenable, pour le couper dans
toute ſa force, eſt autour de 100.
ans.
On dit communement, que le bois croît pendant 100. ans, s’en-
tretient 100.
ans, & enſuite eſt 100. ans à deperir: il eſt vrai, qu’au
bout de 200.
ans, un arbre deperit; mais c’eſt une erreur de croi-
re qu’après 100.
ans, il reſte 100. autres années dans une eſpece
d’inaction, puiſque, tandis qu’on s’imagine qu’il ne fait que s’entre-
tenir, il augmente en groſſeur juſqu’à 160.
& 180. ans, comme
il eſt aiſé de s’en apercevoir quand il eſt abattu;
il eſt bien vrai
qu’après 100.
ans un arbre n’augmente plus guere en hauteur; mais
cela ne l’empêche pas de groſſir, puiſqu’il prend encore de la
nourriture:
car tout bois, qui porte des feuilles, a de la ſéve, &
tout ce qui a de la ſéve doit profiter;
au lieu que ſi la croiſſance
d’un arbre ne duroit que pendant un ſiécle, il ne marqueroit plus
après ce tems aucune nouvelle augmentation, ce qui eſt contraire
à l’experience.

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