3816LA SCIENCE DES INGENIEURS,
CHAPITRE TROISIE’ME.
Où l’on détermine quelle épaiſſeur il faut donner au ſommet
des Murs qui ſont élevés à plomb d’un côté & en talud de
l’autre, pour que ces Murs puiſſent être en équilibre par
leur reſiſtance, avec la pouſſée qu’ils ont à ſoûtenir.
des Murs qui ſont élevés à plomb d’un côté & en talud de
l’autre, pour que ces Murs puiſſent être en équilibre par
leur reſiſtance, avec la pouſſée qu’ils ont à ſoûtenir.
IL y a aparence que dès les premiers tems que les Hommes ſe
ſont aviſé de faire des revêtemens de Maçonnerie pour ſoûtenir
des Terraſſes ou des Rempars de Fortification, ils ont ſenti la ne-
ceſſité de leur donner du talud du côté du parement; mais l’on
ne ſait pas bien s’ils ont eu deſſein de donner plus d’aſſiete à la
baſe du Mur, ou ſi c’étoit ſeulement pour que les matériaux ſe
ſoûtiennent mieux, à l’imitation de ce que l’on fait pour les ouvra-
ges de Terraſſe; car il ne paroît pas que leur vûë ait été de rendre
les revêtemens capables de réſiſter davantage à la pouſſée des terres,
du moins les Architectes tant anciens que modernes qui ont écrit
n’en font pas mention; & ce qui me feroit préſumer qu’ils n’ont
pas aperçû tout l’avantage des taluds, c’eſt qu’ils ſe ſont conten-
tés d’établir pour regle générale qu’il falloit donner aux Murs pour
talud la cinquiéme partie de leur hauteur, & que dans bien des
occaſions où ils auroient pû en donner beaucoup plus pour ne
point employer une quantité prodigieuſe de matériaux ſuperflus,
ils ne l’ont pas fait; au contraire ſouvent il leur eſt arrivé de don-
ner du talud à des Murs qui n’en devoient point avoir, & d’élever
à plomb des deux côtés ceux qu’un talud auroit rendu capables d’une
force beaucoup plus grande, même avec moins de maçonnerie. Ce-
pendant il eſt ſi naturel d’apercevoir qu un Mur qui a du talud ré-
ſiſte mieux qu’un autre qui n’en à point, que, malgré tout ce que
je pourrois dire pour confirmer ma penſée, j’aime mieux croire
qu’ils ont vû que le talud étoit néceſſaire, mais qu’ils n’ont eû là-
deſſus que des ſentimens obſcurs, ce qui ne peut arriver autrement
quand on ne conſidere pas les choſes dans leur principe; mais
comme rien, en fait d’Architecture, ne me paroît plus néceſſaire
d’être bien entendu que ce qui vient de faire le ſujet de cette petite
Diſſertation, je vais faire enſorte dans ce Chapitre d’en bien déve-
loper toutes les circonſtances.
ſont aviſé de faire des revêtemens de Maçonnerie pour ſoûtenir
des Terraſſes ou des Rempars de Fortification, ils ont ſenti la ne-
ceſſité de leur donner du talud du côté du parement; mais l’on
ne ſait pas bien s’ils ont eu deſſein de donner plus d’aſſiete à la
baſe du Mur, ou ſi c’étoit ſeulement pour que les matériaux ſe
ſoûtiennent mieux, à l’imitation de ce que l’on fait pour les ouvra-
ges de Terraſſe; car il ne paroît pas que leur vûë ait été de rendre
les revêtemens capables de réſiſter davantage à la pouſſée des terres,
du moins les Architectes tant anciens que modernes qui ont écrit
n’en font pas mention; & ce qui me feroit préſumer qu’ils n’ont
pas aperçû tout l’avantage des taluds, c’eſt qu’ils ſe ſont conten-
tés d’établir pour regle générale qu’il falloit donner aux Murs pour
talud la cinquiéme partie de leur hauteur, & que dans bien des
occaſions où ils auroient pû en donner beaucoup plus pour ne
point employer une quantité prodigieuſe de matériaux ſuperflus,
ils ne l’ont pas fait; au contraire ſouvent il leur eſt arrivé de don-
ner du talud à des Murs qui n’en devoient point avoir, & d’élever
à plomb des deux côtés ceux qu’un talud auroit rendu capables d’une
force beaucoup plus grande, même avec moins de maçonnerie. Ce-
pendant il eſt ſi naturel d’apercevoir qu un Mur qui a du talud ré-
ſiſte mieux qu’un autre qui n’en à point, que, malgré tout ce que
je pourrois dire pour confirmer ma penſée, j’aime mieux croire
qu’ils ont vû que le talud étoit néceſſaire, mais qu’ils n’ont eû là-
deſſus que des ſentimens obſcurs, ce qui ne peut arriver autrement
quand on ne conſidere pas les choſes dans leur principe; mais
comme rien, en fait d’Architecture, ne me paroît plus néceſſaire
d’être bien entendu que ce qui vient de faire le ſujet de cette petite
Diſſertation, je vais faire enſorte dans ce Chapitre d’en bien déve-
loper toutes les circonſtances.