Bélidor, Bernard Forest de
,
La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile
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LA SCIENCE DES INGENIEURS,
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ruſtiques, l’on conviendra qu’il ſe rencontre mille occaſions d’en
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faire uſage, ſoit pour orner les Portes des Villes, les Guerites de
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Maçonnerie, & </
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">les Edifices Militaires en general, puiſqu’il faut ne-
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ceſſairement certains principes pour profiler ſelon les regles les par-
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ties d’un entablement, & </
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">même celles de la moindre corniche: </
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preserve
">d’ail-
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leurs, quelle ſatisfaction n’eſt-ce pas pour ceux qui ſe piquent d’avoir
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quelque connoiſſance au-deſſus des autres, de pouvoir juger du
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mérite des ſuperbes monumens qui marquent de toute part la ma-
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gnificence de nos Roys; </
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">que pourroit-on penſer ſi on les voyoit
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au milieu du Château de Verſailles y admirer commele Peuple les
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beautés qu’on y trouve, ſans en avoir un ſentiment plus éclairé?
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">Il eſt des choſes que l’on ne peut ignorer ſans ſe faire tort, on n’ex-
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cuſe point aiſément un galant homme qui n’a nulle connoiſſance de
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la Fable, ni de l’Hiſtoire, à plus forte raiſon ſeroit-on en droit de
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/>
trouver à redire ſi un Ingenieur ne ſavoit pas faire la difference d’un
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/>
Ordre Toſcan d’avec un Corinthien, ce n’eſt pas que je penſe qu’il
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/>
y en ait beaucoup dans ce cas, je ſuis fort éloigné d’un préjugé ſi
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injuſte, les entretiens que j’ai eus avec pluſieurs ſur cette matiere
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m’ont fait voir qu’il s’en trouvoit d’auſſi capables de conſtruire un
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/>
Palais, qu’une demi-Lune ou une contre-Garde, je veux ſeulement
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deſabuſer ceux qui veulent s’attacher aux Fortifications de l’opinion
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que Vitruve, Palladio, Vignole, & </
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">Scamozzy, ſont des Auteurs qui
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ne les intereſſent pas, s’imaginant qu’il leur ſuffit de ſavoir tracer
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ſur le Papier un front de Poligonne pour être d’habiles gens, & </
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">que
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tout ce qui ne tend pas directement à la maniere de fortifier les
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Places regarde le miniſtere des Architectes plûtôt que le leur,
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il y en a même qui croiroient déroger s’ils s’y apliquoient, comme
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s’il y avoit plus de gloire de faire bâtir un corps de Cazernes qu’un
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Portique.</
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">Malgré tout ce que je pourrois dire pour juſtifier les raiſons que
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j’ai eûes de parler de la Décoration, ce n’a pas été ſans peine que je
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me ſuis déterminé à écrire ſur un ſujet ſi délicat, les Bibliotheques
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étant remplies d’une grande quantité de Livres qui ſemblent avoir
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épuiſé la matiere; </
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">car, il faut avoüer que cette Science, après avoir
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éte long-tems enſevelie ſous les ruines des Edifices antiques, eſt
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parvenue ajourd’hui à un dégré de perfection qui la met au-
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deſſus de ſon ancienne ſplendeur, & </
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">qu’il faut être bien habile ou
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bien téméraire, pour ajoûter quelque choſe aux préceptes que tant
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de grands hommes nous ont laiſſés, auſſi n’eſt-ce pas mon deſſein,
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n’ayant eû en vûë que de rendre mon Ouvrage complet, en évitant
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aux Lecteurs la peine d’étudier un grand nombre de Traités, où il </
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