527145Preludes de l’Harmonie.
ment des ſons à la ſeule raiſon, les au-
tres aux ſens, & les autres ont conioint
le ſens à la raiſon. Ceux qui diſent que
le ſens de l’oüie doit eſtre le iuge de la
Muſique, ſ’appuyent ſur ce raiſonne-
ment. Si l’office, diſent-ils, de iuger des
ſons appartenoit à l’ame raisõnable, ou
à la raiſon, elle iugeroit touſiours de la
meſme façon, d’vn meſme concert, &
tous les hommes trouueroient les con-
certs d’vne meſme bõté, car toutes nos
ames ſont égales, n’y ay ant nulle autre
difference entre les eſprits des hom-
mes, que celle qui vient des organes, &
du temperament vniuerſel de tout le
corps, & du particulier, & ſpecifique de
chaque partie d’iceluy. Or le iugemĕt
ne dépend point des organes, car quel-
que mauuais temperament qu’on aye,
la partie de l’ame que les Grecs appel-
lent γ{οῦ}ς, (qui eſt à l’entendement ce
qu’eſt la ſplendeur à la lumiere, & à la
ſyndereſe, ce qu’eſt le Pilote au Naui-
re) iuge touſiours équitablement, com-
me nous experimentons aux propoſi-
tions vniuerſelles de la Philoſophie na-
turelle, & de la Morale, car tous leshõ-
mes du monde auoüent que le bien
tres aux ſens, & les autres ont conioint
le ſens à la raiſon. Ceux qui diſent que
le ſens de l’oüie doit eſtre le iuge de la
Muſique, ſ’appuyent ſur ce raiſonne-
ment. Si l’office, diſent-ils, de iuger des
ſons appartenoit à l’ame raisõnable, ou
à la raiſon, elle iugeroit touſiours de la
meſme façon, d’vn meſme concert, &
tous les hommes trouueroient les con-
certs d’vne meſme bõté, car toutes nos
ames ſont égales, n’y ay ant nulle autre
difference entre les eſprits des hom-
mes, que celle qui vient des organes, &
du temperament vniuerſel de tout le
corps, & du particulier, & ſpecifique de
chaque partie d’iceluy. Or le iugemĕt
ne dépend point des organes, car quel-
que mauuais temperament qu’on aye,
la partie de l’ame que les Grecs appel-
lent γ{οῦ}ς, (qui eſt à l’entendement ce
qu’eſt la ſplendeur à la lumiere, & à la
ſyndereſe, ce qu’eſt le Pilote au Naui-
re) iuge touſiours équitablement, com-
me nous experimentons aux propoſi-
tions vniuerſelles de la Philoſophie na-
turelle, & de la Morale, car tous leshõ-
mes du monde auoüent que le bien