541159Preludes de l’ Harmonie.
ſorte d’alterations, &
de changemens,
& ſe trompent facilement à cauſe du
mouuemĕt & du flus perpetuel de leur
matiere, s’ils ne ſont conduits & main-
tenus dans l’ordre par la raiſon. De là
vient que comme l’œil prend le cercle
qu’on fait par hazard ſans compas, pour
vn cercle parfait, quand il approche de
la perfection, iuſques à ce que la raiſon
en faſſe vn parfait, qui fait paroiſtre le
défaut & l’imperfection du premier,
que l’oüie croit ſemblablement que les
interualles conſonants, ou diſſonants
ſont paifaits, quand ils approchent de la
perfection, mais elle eſt contrainte de
confeſſer leur imperfection, quand la
raiſon donne les parfaits, car il eſt plus
facile de iuger de cette perfection que
de la trouuer, comme il eſt plus facile
de iuger d’vn combat, que de combat-
tre, ou de la courſe, que de courir, & c.
Or encore que les ſons sĕblent iuger de
la veritable difference des choſes qui
leur ſeruent d’obiect, & qu’ils ne ſe trõ-
pent pas de beaucoup, quand ils conſi-
derent de cõbien les parties ſe ſurmon-
tent lors qu’elles ſont grandes & en pe-
tit nombre, neantmoins ils ſe
& ſe trompent facilement à cauſe du
mouuemĕt & du flus perpetuel de leur
matiere, s’ils ne ſont conduits & main-
tenus dans l’ordre par la raiſon. De là
vient que comme l’œil prend le cercle
qu’on fait par hazard ſans compas, pour
vn cercle parfait, quand il approche de
la perfection, iuſques à ce que la raiſon
en faſſe vn parfait, qui fait paroiſtre le
défaut & l’imperfection du premier,
que l’oüie croit ſemblablement que les
interualles conſonants, ou diſſonants
ſont paifaits, quand ils approchent de la
perfection, mais elle eſt contrainte de
confeſſer leur imperfection, quand la
raiſon donne les parfaits, car il eſt plus
facile de iuger de cette perfection que
de la trouuer, comme il eſt plus facile
de iuger d’vn combat, que de combat-
tre, ou de la courſe, que de courir, & c.
Or encore que les ſons sĕblent iuger de
la veritable difference des choſes qui
leur ſeruent d’obiect, & qu’ils ne ſe trõ-
pent pas de beaucoup, quand ils conſi-
derent de cõbien les parties ſe ſurmon-
tent lors qu’elles ſont grandes & en pe-
tit nombre, neantmoins ils ſe