543161Preludes de l’ Harmonie.
la moitié, de ſorte que nous n’auons
que faire de conſiderer la huictieſme
partie, ou la raiſon octuple, mais ſeule-
ment les moitiez de pluſieurs nombres
inegaux, à ſçauoir les moitiez de 8. de
4. & de 2. qui nous menent iuſques à
l’vnité: mais c’eſt touſiours la raiſon
qui iuge, car ſi c’eſtoit le ſens exterieur
il faudroit qu’il iugeaſt ou deuant que
d’auoir ſenty, ou en ſentant, ou apres
auoir ſenty: de iuger auparauant, il eſt
impoſſible, car de ijs quæ non ſunt, & non
apparent idem iudicium. De iuger en ſen-
tant, il eſt impoſſible, car tout iuge-
ment ſe doit faire par reflexion, & la
reflexion preſuppoſe vn ordre de tĕps,
il faudroit donc qu’il iugeaſt apres, or
ſurquoy iugeroit-il apres, veu qu’il n’a
rien de preſent, & qu’il manque de me-
moire & d’imagination. Ce n’eſt donc
pas le ſens exterieur qui iuge, ny l’inte-
rieur, que l’on appelle ſens commun,
pource que les meſmes inconueniens
luy arriueroient qu’au ſens exterieur,
il s’enſuit donc que c’eſt la raiſon ſeule
qui iuge. Or ſi l’on applique à l’ouie ce
qui a eſté dit des nombres & de la veuë,
qui diſcerne facilem ent quand vne
que faire de conſiderer la huictieſme
partie, ou la raiſon octuple, mais ſeule-
ment les moitiez de pluſieurs nombres
inegaux, à ſçauoir les moitiez de 8. de
4. & de 2. qui nous menent iuſques à
l’vnité: mais c’eſt touſiours la raiſon
qui iuge, car ſi c’eſtoit le ſens exterieur
il faudroit qu’il iugeaſt ou deuant que
d’auoir ſenty, ou en ſentant, ou apres
auoir ſenty: de iuger auparauant, il eſt
impoſſible, car de ijs quæ non ſunt, & non
apparent idem iudicium. De iuger en ſen-
tant, il eſt impoſſible, car tout iuge-
ment ſe doit faire par reflexion, & la
reflexion preſuppoſe vn ordre de tĕps,
il faudroit donc qu’il iugeaſt apres, or
ſurquoy iugeroit-il apres, veu qu’il n’a
rien de preſent, & qu’il manque de me-
moire & d’imagination. Ce n’eſt donc
pas le ſens exterieur qui iuge, ny l’inte-
rieur, que l’on appelle ſens commun,
pource que les meſmes inconueniens
luy arriueroient qu’au ſens exterieur,
il s’enſuit donc que c’eſt la raiſon ſeule
qui iuge. Or ſi l’on applique à l’ouie ce
qui a eſté dit des nombres & de la veuë,
qui diſcerne facilem ent quand vne