557175Preludes de l’Harmonie.
quelque nouuelle loy, ou couſtume,
qui leur ſemble ſi diſſonante, qu’ils ont
plus de peine à l’endurer que n’ont les
Muſiciens à ſouffrir des diſcords dans
l’harmonie: quoy que le temps, les oc-
caſions & la neceſſité le requierent, &
qu’il arriue ſouuent que les nouuelles
loix, & les nouuelles couſtumes rĕdent
les Eſtats, & les Royaumes plus floriſ-
ſants, plus ſtables, & plus puiſſants, cõ-
me il arriue que les diſſonances & les
fauſſes relations rendent la Muſique
plus agreable, & plus charmante, lors
que l’õ en vſe à propos, & aux endroits
qui donnent autant de graces aux con-
ſonances qui precedent ou qui ſuiuent,
que l’ombre donne de luſtre à la lumie-
re, ou aux couleurs.
qui leur ſemble ſi diſſonante, qu’ils ont
plus de peine à l’endurer que n’ont les
Muſiciens à ſouffrir des diſcords dans
l’harmonie: quoy que le temps, les oc-
caſions & la neceſſité le requierent, &
qu’il arriue ſouuent que les nouuelles
loix, & les nouuelles couſtumes rĕdent
les Eſtats, & les Royaumes plus floriſ-
ſants, plus ſtables, & plus puiſſants, cõ-
me il arriue que les diſſonances & les
fauſſes relations rendent la Muſique
plus agreable, & plus charmante, lors
que l’õ en vſe à propos, & aux endroits
qui donnent autant de graces aux con-
ſonances qui precedent ou qui ſuiuent,
que l’ombre donne de luſtre à la lumie-
re, ou aux couleurs.
Mais comme l’on experimente que
les Muſiciens qui n’õr autre raiſon que
leur fantaſie, & quelque vieille routi-
ne, qu’ils ont appriſe de leurs maiſtres,
ſont tellement preuenus de l’authorité,
ou de la couſtume, qu’il n’y a plus de
place dans leur eſprit pour la raiſon, &
qu’ils blaſment certains paſſages, à rai-
ſon qu’ils n’en oſent pas vſer, ou qu’ils
ne les ſçauent pas employer comme
les Muſiciens qui n’õr autre raiſon que
leur fantaſie, & quelque vieille routi-
ne, qu’ils ont appriſe de leurs maiſtres,
ſont tellement preuenus de l’authorité,
ou de la couſtume, qu’il n’y a plus de
place dans leur eſprit pour la raiſon, &
qu’ils blaſment certains paſſages, à rai-
ſon qu’ils n’en oſent pas vſer, ou qu’ils
ne les ſçauent pas employer comme