58670LA SCIENCE DES INGENIEURS, à
commencer depuis les ſoûterrains juſqu’au comble:
ſans ces pré-
cautions, on s’expoſe à des inconveniens très-facheux, & qui devien-
nent quelquefois irréparables; car ce qui rend une diſtribution par-
faite, c’eſt l’arrangement naturel de toutes les piéces de l’Edifice,
dans leſquelles il faut conſerver la nobleſſe, la grandeur, & la pro-
portion qui leur eſt convenable.
cautions, on s’expoſe à des inconveniens très-facheux, & qui devien-
nent quelquefois irréparables; car ce qui rend une diſtribution par-
faite, c’eſt l’arrangement naturel de toutes les piéces de l’Edifice,
dans leſquelles il faut conſerver la nobleſſe, la grandeur, & la pro-
portion qui leur eſt convenable.
Si nous avons ſurpaſſé les Anciens dans la diſtribution, parce qu’ils
pouvoient avoir moins de délicateſſe, ou que nous jugeons mal de
leur magnificence, on peur dire avec juſtice que nous ne ſommes
que leurs copiſtes pour la décoration, & que la plus belle Architec-
ture de nosjours n’a de prix qu’autant qu’elle eſt conforme à la leur;
mais il eſt plus difficile qu’on ne penſe de la bien imiter, puiſque
quelque habile que l’on ſoit on ne peut jamais s’aſſurer du ſuccès, ne
travaillant pour ainſi dire que par conjecture, n’ayant point de princi-
pes démontrés ſur leſquels on puiſſe ſe déterminer. Si l’on peut ſe
fonder ſur quelques régles certaines, ce ne peut être que ſur celle de
la Perſpective qui pourra faire connoîtreles vraies proportions qu’on
doit ſuivre. On doit donc s’apliquer avec tout le ſoin poſſible
à l’étude d’une ſcience ſi neceſſaire, & dont l’union eſt ſi étroite
avec l’Architecture, qu’il eſt preſque impoſſible d’atteindre à la
perfection de celle-ci ſans avoir une connoiſſance très diſtincte
de l’autre; car il ſe trouve dans la décoration des grands Edifices
tant de parties differentes, dont les unes ſont plus enfoncées que les
autres, qu’il faut convenir qu’on ne ſauroit guére juger de leurs
effets par une ſimple Elevation Géometralle.
pouvoient avoir moins de délicateſſe, ou que nous jugeons mal de
leur magnificence, on peur dire avec juſtice que nous ne ſommes
que leurs copiſtes pour la décoration, & que la plus belle Architec-
ture de nosjours n’a de prix qu’autant qu’elle eſt conforme à la leur;
mais il eſt plus difficile qu’on ne penſe de la bien imiter, puiſque
quelque habile que l’on ſoit on ne peut jamais s’aſſurer du ſuccès, ne
travaillant pour ainſi dire que par conjecture, n’ayant point de princi-
pes démontrés ſur leſquels on puiſſe ſe déterminer. Si l’on peut ſe
fonder ſur quelques régles certaines, ce ne peut être que ſur celle de
la Perſpective qui pourra faire connoîtreles vraies proportions qu’on
doit ſuivre. On doit donc s’apliquer avec tout le ſoin poſſible
à l’étude d’une ſcience ſi neceſſaire, & dont l’union eſt ſi étroite
avec l’Architecture, qu’il eſt preſque impoſſible d’atteindre à la
perfection de celle-ci ſans avoir une connoiſſance très diſtincte
de l’autre; car il ſe trouve dans la décoration des grands Edifices
tant de parties differentes, dont les unes ſont plus enfoncées que les
autres, qu’il faut convenir qu’on ne ſauroit guére juger de leurs
effets par une ſimple Elevation Géometralle.
Les ſaillies les plus utiles &
les plus belles pour décorer les Bâ-
timens ſont les Corniches, parce qu’elles les couronnent avec grace
& conſervent le parement contre les injures de l’air: la hauteur &
11Planch.
48. la ſaillie des Entablemens dépendent de l’élevation des Edifices &
de la diſtance d’où ils doivent être vûs: les moindres Corniches ſont
en Chanfrain, & n’ont qu’une moulure couronnée comme un gros
Talon, un quart de rond, ou une Doucine avec quelques Filets ou
Aſtragales, ellesne s’employent qu’aux Bâtimens ruſtiques qu’on ne
veut point décorer; mais quand on veut les faire plus riches, on
peut employer à propos celles de l’Entablement d’un des cinq Ordres,
ſelon qu’on juge qu’elles pourront convenir à l’Edifice: ce qui neſe
fait guére que lorſqu’on employe tout l’Entablement du même Or-
dre, puiſqu’à le bien prendre il vaut mieux compoſerla Corniche ex-
près, afin d’avoir égard aux circonſtances les plus eſſentielles, ſoit
par raport aux differens effets que peuvent cauſer les moulures,
ou à la nature de la pierre, qui ne ſe rencontre pas toûjours pro-
timens ſont les Corniches, parce qu’elles les couronnent avec grace
& conſervent le parement contre les injures de l’air: la hauteur &
11Planch.
48. la ſaillie des Entablemens dépendent de l’élevation des Edifices &
de la diſtance d’où ils doivent être vûs: les moindres Corniches ſont
en Chanfrain, & n’ont qu’une moulure couronnée comme un gros
Talon, un quart de rond, ou une Doucine avec quelques Filets ou
Aſtragales, ellesne s’employent qu’aux Bâtimens ruſtiques qu’on ne
veut point décorer; mais quand on veut les faire plus riches, on
peut employer à propos celles de l’Entablement d’un des cinq Ordres,
ſelon qu’on juge qu’elles pourront convenir à l’Edifice: ce qui neſe
fait guére que lorſqu’on employe tout l’Entablement du même Or-
dre, puiſqu’à le bien prendre il vaut mieux compoſerla Corniche ex-
près, afin d’avoir égard aux circonſtances les plus eſſentielles, ſoit
par raport aux differens effets que peuvent cauſer les moulures,
ou à la nature de la pierre, qui ne ſe rencontre pas toûjours pro-