Bélidor, Bernard Forest de, Nouveau cours de mathématique à l' usage de l' artillerie et du génie : où l' on applique les parties les plus utiles de cette science à la théorie & à la pratique des différens sujets qui peuvent avoir rapport à la guerre
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767651DE MATHÉMATIQUE. Liv. XVI.
dans un lieu plus élevé que le bord de la mer, le mercure eſt
toujours au deſſous de 28 pouces, ſelon que la colonne d’air
qui y répond, eſt moindre que ſur le bord de la mer.
Ceux qui ne raiſonnent pas ont de la peine à s’imaginer
que l’air ait de la peſanteur, parce qu’ils n’en ſentent pas le
poids;
mais ſi on leur fait remarquer qu’un animal qui eſt dans
l’eau a la liberté de ſe mouvoir ſans ſentir le poids de l’eau, à
cauſe qu’il en eſt preſſé également de toutes parts, ils ne s’é-
tonneront plus ſi on ne s’apperçoit pas du poids de l’air qui
nous preſſe auſſi également de toutes parts, &
qui eſt en équi-
libre avec celui que nous avons dans les poulmons &
dans le
ſang, &
avec celui qui eſt généralement répandu par tout le
corps.
Si l’on a cru ſi long tems que l’air étoit léger, c’eſt parce
que les anciens Auteurs l’ont dit, &
que ceux qui font profeſ-
ſion de les croire, les ſuivoient aveuglément, aux dépens même
de la vérité &
de la raiſon: l’on a même été ſi éloigné de
penſer que la peſanteur de l’air fût la cauſe de l’élévation de
l’eau dans les pompes, qu’on a cru qu’il ſuffiſoit de tirer l’air
avec un piſton pour faire monter l’eau auſſi haut que l’on vou-
droit, &
qu’on pouvoit faire paſſer l’eau d’une riviere par deſ-
ſus une montagne pour la faire rendre dans le vallon oppoſé,
pourvu qu’il ſoit un peu plus bas que la riviere, par le moyen
d’un ſiphon placé ſur la montagne, dont l’une des jambes ré-
pondroit dans la riviere, puiſque pour cela il ne faudroit que
pomper l’air du ſiphon, &
il n’y a pas plus de 100 ans que l’on
étoit dans cette erreur.
L’air a encore la propriété de pouvoir être extrêmement
condenſé &
dilaté, & de conſerver toujours une vertu de reſ-
ſort, par laquelle il fait effort pour repouſſer les corps qui le
preſſent, juſqu’à ce qu’il ait repris ſon exiſtence naturelle.
L’air ſe dilate auſſi très-facilement par la chaleur, & ſe con-
denſe par le froid, comme on le remarque dans le thermo-
metre, où l’on voit que l’air qui eſt dans l’eſprit de vin fait
monter cette liqueur à vue d’œil dans le tuyau, quand on l’ap-
proche du feu, ou quand le ſoleil donne deſſus;
& au contraire
on s’apperçoit qu’elle baiſſe beaucoup, quand il fait ſort froid,
ou quand on met le tuyau dans l’eau froide.
L’air qui eſt proche de la ſurface de la terre, eſt fort con-
denſé, parce qu’il n’a pas ſon étendue naturelle:
car

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