LEs premieres racines du mont Apennin ſortent des
riuages de la mer Tyrrhene, & s’eſtendent à trauers
les Alpes juſques aux extremités de la Tuſcane: mais
la croppe de ceſte montaigne ſe courbe comme vn
arc: puis ſa cambrure du milieu touche à peu pres les limites de
la mer Adriatique: & par ſes circuïtions arriue juſques au deſtroit
lequel eſt entre ces deux mers. Ainſi donc icelle cambrure inte-
rieure, qui tend deuers les deux contrees, à ſçauoir de la Campa-
gne, & de la Tuſcane, eſt totalement expoſee au Soleil, dont elle
eſt ordinairement batue tant que l’annee dure. Mais le dos de la-
dite cambrure, regardant la mer d’amont, par eſtre ſubject au Se-
ptentrion, eſt abondant de ſolitudes ombrageuſes: qui fait que
les arbres prouenans de ce coſté là, pour eſtre perpetuellement
entretenus d’vne puiſſance humide, non ſeulement ne ſe font
grands & amples, mais (qui plus eſt) leurs poroſités ſont par rem-
pliſſage d’humidité, touſiours enflees, comme ſaoules de liqueur
ſuperſlue: & de là vient que quand on les a coupés ou charpẽtés,
en ſorte qu’ils ont perdu leur vie vegetale, leurs pores venans à
chãger de vigueur, en deſſeichant de jour en jour, s’eſlargiſſent&
vuydent: à l’occaſion dequoy les ouurages que lon en fait, ne peu-
uent auoir longue duree. Mais ceux qui ſont produits en lieux
aërés, regardans le cours du Soleil, pource qu’ils n’ont les veines
gueres ouuertes, & ſont eſſuyés des chaleurs ordinaires, deuiẽnẽt
fermes, & bien ſolides: car ledit Soleil ne ſucce ſeulement les hu-
midités de la terre, mais auſſi les attire des arbres, dont il les rend
plus allegés. Pourtant ceux-là (comme dit eſt) qui ſont en regions
deſcouuertes & chaudes, eſtans durs le poſſible, pour auoir leurs
pores eſpoiſſis & ſerrés, meſmes pour n’eſtre gueres garnis de va-
riuages de la mer Tyrrhene, & s’eſtendent à trauers
les Alpes juſques aux extremités de la Tuſcane: mais
la croppe de ceſte montaigne ſe courbe comme vn
arc: puis ſa cambrure du milieu touche à peu pres les limites de
la mer Adriatique: & par ſes circuïtions arriue juſques au deſtroit
lequel eſt entre ces deux mers. Ainſi donc icelle cambrure inte-
rieure, qui tend deuers les deux contrees, à ſçauoir de la Campa-
gne, & de la Tuſcane, eſt totalement expoſee au Soleil, dont elle
eſt ordinairement batue tant que l’annee dure. Mais le dos de la-
dite cambrure, regardant la mer d’amont, par eſtre ſubject au Se-
ptentrion, eſt abondant de ſolitudes ombrageuſes: qui fait que
les arbres prouenans de ce coſté là, pour eſtre perpetuellement
entretenus d’vne puiſſance humide, non ſeulement ne ſe font
grands & amples, mais (qui plus eſt) leurs poroſités ſont par rem-
pliſſage d’humidité, touſiours enflees, comme ſaoules de liqueur
ſuperſlue: & de là vient que quand on les a coupés ou charpẽtés,
en ſorte qu’ils ont perdu leur vie vegetale, leurs pores venans à
chãger de vigueur, en deſſeichant de jour en jour, s’eſlargiſſent&
vuydent: à l’occaſion dequoy les ouurages que lon en fait, ne peu-
uent auoir longue duree. Mais ceux qui ſont produits en lieux
aërés, regardans le cours du Soleil, pource qu’ils n’ont les veines
gueres ouuertes, & ſont eſſuyés des chaleurs ordinaires, deuiẽnẽt
fermes, & bien ſolides: car ledit Soleil ne ſucce ſeulement les hu-
midités de la terre, mais auſſi les attire des arbres, dont il les rend
plus allegés. Pourtant ceux-là (comme dit eſt) qui ſont en regions
deſcouuertes & chaudes, eſtans durs le poſſible, pour auoir leurs
pores eſpoiſſis & ſerrés, meſmes pour n’eſtre gueres garnis de va-