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l’armée contraire:
il n’y faut perdre temps, ains de premier abord y planter quelques pie-
ces, & les ſi bien aſſeurer, que l’ennemy y ſuruenant ſoit contraint de faire vne grande
batterie pour les en deſloger. En apres pour s’y fortiſier à la legere, on fera matcher mil ou
deux mil hommes portans paelles, hoyaux & piques, & enuiron cinq cens paulx, ayans ſix
pieds en hauteur, & vn pied d’eſpoiſſeur. Ainſi ayant bien conſideré ledit lieu, & ſe pour-
uoyant de ramages, ſi on en peutauoit, on procedera enleuant touſiours le parapet iuſques
à la hauteur requiſe, en la façon qu’on voit en la ruë couuerte au chaſteau d’Anuers, lo-
geant deuers le front & approches destrenchées les palliſſades bien cloüées. Et tel eſt le
deuoir des bons & valeureux ſoldats, que comme ils ne ſe doiuent iamais trop fier de leurs
forces, ainſi ils ne fuyentaucun labeur, pour ſe mettre en quelque auantage: de ſorte que
chacun y ſoit promptement occupé: les vns à couper les ramages pour les fagots, les au-
tres à faire leſdits fagots, les autres à les attacher auec les palliſſades, les autres finalement
à fouyr & tranſporter la terre, de ſorte que l’ennemy venant, il les trouue auec defenſe re-
quiſe: en laquelle ils auront encor cet auantage, que le lieu dont ils auront prins la terre
leur ſeruira d’vn petit foſſé de grande importance, pour ſe preualoir de la caualerie enne-
mie. Et pour eſtre tant mieux fortifiez, ils prendront encor quatre pieces de campagne ou
quarts de canon, leſquelles ils logeront auec leurs parapets, en ſorte qu’elles puiſſent flan-
quer ladite fortification de toutes parts. Quant à la poudre, ſi on n’auoit des chariots on la
departira entre les ouuriers ou pionniers, & en defaut d’iceux, entre les ſoldats picquiers.
En lieu aſpre & montaigneux on y fera monter ſelon l’inſtruction du chap. 14. du traicté
troiſieſme, quelques petites piecestirantes enuiron vnelb. & demie de boulet. En quoy
combien qu’il y aura de la peine & labeur, auſſi en ſeront-ils tant mieux gardez, & les en-
nemis trouuant ces pieces, où moins ils penſent, ſoient bien eſbahis. Et pour ſemblables
occurrences, il vient bien à proposqu’en vne iuſte armée il y ait bonne quantité d’ouuriers
pour s’en ſeruir auec grand auantage, ſans y empeſcher & laſſer les ſoldats, qui doiuent
touſiours eſtre preſts au combat.
ces, & les ſi bien aſſeurer, que l’ennemy y ſuruenant ſoit contraint de faire vne grande
batterie pour les en deſloger. En apres pour s’y fortiſier à la legere, on fera matcher mil ou
deux mil hommes portans paelles, hoyaux & piques, & enuiron cinq cens paulx, ayans ſix
pieds en hauteur, & vn pied d’eſpoiſſeur. Ainſi ayant bien conſideré ledit lieu, & ſe pour-
uoyant de ramages, ſi on en peutauoit, on procedera enleuant touſiours le parapet iuſques
à la hauteur requiſe, en la façon qu’on voit en la ruë couuerte au chaſteau d’Anuers, lo-
geant deuers le front & approches destrenchées les palliſſades bien cloüées. Et tel eſt le
deuoir des bons & valeureux ſoldats, que comme ils ne ſe doiuent iamais trop fier de leurs
forces, ainſi ils ne fuyentaucun labeur, pour ſe mettre en quelque auantage: de ſorte que
chacun y ſoit promptement occupé: les vns à couper les ramages pour les fagots, les au-
tres à faire leſdits fagots, les autres à les attacher auec les palliſſades, les autres finalement
à fouyr & tranſporter la terre, de ſorte que l’ennemy venant, il les trouue auec defenſe re-
quiſe: en laquelle ils auront encor cet auantage, que le lieu dont ils auront prins la terre
leur ſeruira d’vn petit foſſé de grande importance, pour ſe preualoir de la caualerie enne-
mie. Et pour eſtre tant mieux fortifiez, ils prendront encor quatre pieces de campagne ou
quarts de canon, leſquelles ils logeront auec leurs parapets, en ſorte qu’elles puiſſent flan-
quer ladite fortification de toutes parts. Quant à la poudre, ſi on n’auoit des chariots on la
departira entre les ouuriers ou pionniers, & en defaut d’iceux, entre les ſoldats picquiers.
En lieu aſpre & montaigneux on y fera monter ſelon l’inſtruction du chap. 14. du traicté
troiſieſme, quelques petites piecestirantes enuiron vnelb. & demie de boulet. En quoy
combien qu’il y aura de la peine & labeur, auſſi en ſeront-ils tant mieux gardez, & les en-
nemis trouuant ces pieces, où moins ils penſent, ſoient bien eſbahis. Et pour ſemblables
occurrences, il vient bien à proposqu’en vne iuſte armée il y ait bonne quantité d’ouuriers
pour s’en ſeruir auec grand auantage, ſans y empeſcher & laſſer les ſoldats, qui doiuent
touſiours eſtre preſts au combat.
Note que i’ay dit que la poudre doit eſtre recommandée, ou aux ouuriers, ou aux pic-
quiers, eſtant entre les mains de ceux-là plus aſſeurée, qu’entre celles qui portent armes à
feu, auſquelsil n’en faut laiſſerplus qu’ilsn’ont de beſoing, bien pourront-ils porter quel-
ques boulets pour les pieces & inſtruments des ouuriers & pionniers; mais de la poudre
on ne s’y doit fier.
quiers, eſtant entre les mains de ceux-là plus aſſeurée, qu’entre celles qui portent armes à
feu, auſquelsil n’en faut laiſſerplus qu’ilsn’ont de beſoing, bien pourront-ils porter quel-
ques boulets pour les pieces & inſtruments des ouuriers & pionniers; mais de la poudre
on ne s’y doit fier.
SIXIESME ADVERTISSEMENT.
Premierementil eſt obligé de viſiteren toutes les armées vne fois au mois de Iuin la
poudre, & la mettre ſeicher. Pour lequel effet, il tirera pour chacun iour la troiſieſme par-
tie du magazin, laquelle eſpanduë ſur vne grande toille ou voille de nauire, propre pour
cette affaire, la fera tourner au plus chaud du ſoleil auec vne paelle de bois: mettant entre
les tonneaux nettoyez & reliez la bouche ouuerte au ſoleil; comme auſsi le magazin meſ-
me aura & portes & toutes les feneſtres ouuertes, afin que la chaleur paſſant par tout, con-
ſomme toute l’humidité qu’il y pourroit auoir; Et que la poudre ainſi miſe ſecher ſoit gar-
dée des picquiers pour les raiſons ſuſdites.
poudre, & la mettre ſeicher. Pour lequel effet, il tirera pour chacun iour la troiſieſme par-
tie du magazin, laquelle eſpanduë ſur vne grande toille ou voille de nauire, propre pour
cette affaire, la fera tourner au plus chaud du ſoleil auec vne paelle de bois: mettant entre
les tonneaux nettoyez & reliez la bouche ouuerte au ſoleil; comme auſsi le magazin meſ-
me aura & portes & toutes les feneſtres ouuertes, afin que la chaleur paſſant par tout, con-
ſomme toute l’humidité qu’il y pourroit auoir; Et que la poudre ainſi miſe ſecher ſoit gar-
dée des picquiers pour les raiſons ſuſdites.