Ufano, Diego, Artillerie, ou vraye instrvction de l' artillerie et de ses appartenances : contenant une declaration de tout ce qui est de l' office du General d' icelle, tant en un siege qu' en un lieu assiegé; Item des batteries, contre-batteries, ponts, mines & galleries, & de toutes fortes de machines requises au train

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18291De l’Artillerie. entremeſlez de terre & de pierres. doiuent eſtre bien eſtroittement liez en diuers endroits,
&
ainſi faits, on les roule où l’on veut. Inuention ſinguliere pour s’approcher des lieux
maritimes, ou ſituez proche des grandes riuieres.
Le ſaulſiçon eſtoit dés le commencement de ſon inuention fort lourd & peſant, mais
auec le temps il eſt deuenu plus maniable, de ſorte qu’à preſent on s’en peut ſeruir:
com-
bien que non ſans grand labeur, comme on voit en la figure.
Au commencement on le fit
à 46.
pieds de longueur, & 15. d’eſpoiſſeur, charge bien grande & fort difficile à manier:
Mais apres, ennuyé de telle difficulté, on l’a amoindri, le faiſant venir à 23. pieds de lon-
gueur, &
12. d’eſpoiſſeur: & le fermant auec grande violence de trois cercles, comme
on voit és lettres A, B, C, bien accrochez &
garnis de fer, & le corps meſme de la ſaulſice
bien entaſſé de cheuilles longues, qui s’y enchaſſent à grands coups de marteau.
Et pour
le mouuoir &
rouler où l’on s’en veut ſeruir, la figure en donne ſuffiſante in ſtruction. A
ſçauoir ſi on eſt à couuert de l’Artillerie ennemie, on fiſche bien auant deux pillotins forts
en terre, auſquels attachant vn bout de la corde, on en donne vn tour à la ſaulſice, &
ainſi
par le moyen des perſonnages, ou cheuaux ſuffi ſans on les tire iuſques auſdits pillotins,
qui alorsle tranſportent plus auant, iu ſques au lieu où ladite ſaulſice doit auoir ſon giſte.
Et
pour faciliter le mouuement on y peut auſſi appliquer l’inſtrument qu’on voit en la figu-
re, ou quelque autre ſorte de leuier, ſelon que la commodité ſe preſentera.
Mais ſi on a
peur de l’Artillerie ennemie, il faut aller d’vne autre façon, au lieu de pillotins on prend
deux ancres, qui ayent des poulies aux anneaux de leurs queuës, par leſquelles faiſant paſ-
ſerles cordes deſquelles vn bout eſt attaché à vn pillotin, fiſché en terre au derriere de la
ſaulſice, de ſorte qu’elle paſſe par deſſus, &
de l’autre bout donnant auſſi vn tour audit
ſaulſiçon, onle tire par derriere, l’auançant touſiours à couuert d’iceluy.
CHAP. III.
Comment il faut conduire vne mine, & faire vne
gallerie en vn foßé.
L’V ſage des mines eſt tres ancien & commun, vſitédes Perſes, Parthes, Grecs, Ro-
mains, &
tous autres peuples, qui ont mené de grandes guerres: & ce non ſans rai-
ſon, eſtant le moyen plus propre &
facile pour forcer l’ennemy. Mais cependant
il n’y a auſſi choſe plus dangereuſe pour celuy qui s’en veut ſeruir, que les contremines.
De ſorte que s’il y a du ſoupçon d’eſtre ainſirencontré, il fautauec grande dexterité & pru-
dence decliner le chemin de l’aduerſaire, ſoit à dextre ou à ſeneſtre, comme l’occaſion &

le lieu le permettra.
Et d’autant que ſelon les raiſons naturelles des effets de la crainte, les
aſſiegez cherchent touſiours le plus court chemin pour endommager leur ennemy par
contremines, le mineur s’auiſera touſiours de courber ſa mine, comme la figure 16.
mon-
ſtre depuis A, iuſques à B, &
depuis B, iuſques à C, & là preparera le four, & l’armera de
poudre, en ſorte que luy donnant le feu il face ſaulter les ennemis, ſans endommager les
amis qui auront leurs ſtations à l’enuiron.
Et afin qu’elle ne s’enfonce, & oppreſſe ceux qui
y trauaillent, il la faut bien fourrer.
Pour lequel effet il dreſſera les pilliers des coſtez en
hauteur de 7.
pieds, ſi le lieu le permet, & en largeur de 5. pour les parois des coſtez, les y
reueſtant de planches de pin:
mais au haut il les fauttrauerſer ou couurir de bonnes & for-
tes tables de cheſne.
Et ſi le lieu eſtoit humide ou ruiſſelant, il la faut auſſi couurir par em-
bas de meſme que deſſus, y laiſſant vn petit canal, par lequel l’eau s’eſcoule, ou bien y
creuſant par interualles de petites foſſes, pour en puiſer l’eau qui s’y aſſemblera, auec des
ſeaux de cuir, &
les faire vuider de main à main, comme on fait la terre des mines.

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