Bélidor, Bernard Forest de, La science des ingenieurs dans la conduite des travaux de fortification et d' architecture civile

Table of handwritten notes

< >
< >
page |< < (50) of 695 > >|
16150LA SCIENCE DES INGENIEURS, pieds; mais la ſolution de ce Probléme dépend plûtôt de l’intelligen-
ce de ceux qui font travailler, que de la Géometrie:
c’eſt pourquoi
il ſemble que le meilleur parti eſt de s’en raporter à l’experience;
c’eſt-à-dire d’examiner avec attention les anciens monumens de cette
eſpece, afin qu’ayant reconnu la qualité des pierres qu’on y a em-
ployé, la longueur des vouſſoirs à pluſieurs grandeurs d’Arches dif-
férentes, on ſoit en état de calculer une table qui puiſſe ſervir dans
tous les cas qu’on peut rencontrer.
C’eſt ce que Mr. Gautier a fait:
nul n’étoit plus capable que lui de remplir un pareil deſſein;
il a
vû &
fait la deſcription des plus beaux Ponts qui ont été bâtis en
France, tant par les anciens que par les modernes:
ainſi, il me
ſuffira de raporter la Table qu’il a calculée pour la portée des vouſ-
ſoirs;
on verra qu’il a eû égard aux pierres dures & à celles qui ne
le ſeroient pas, afin qu’on ait recours à la colomne dont la pierre
auroit quelque raport avec celle qu’on veut employer.
Ceux, qui
n’ont pas une grande connoiſſance des travaux, ſeront peut-être
ſurpris de voir dans la colomne où l’on ſupoſe la pierre tendre des
vouſſoirs de 8 &
même de 9 pieds de longueur, par la difficulté
qu’il y auroit d’avoir des pierres d’un ſi grand apareil;
auſſi ne pré-
tend-on pas que ces vouſſoirs ſoient abſolument compoſés d’une
ſeule pierre, puiſque quand on n’en a pas d’aſſés grandes on les al-
longe pour faire ce qu’on apelle des vouſſoirs ſans fin.
C’eſt ainſi qu’on
en a uſé pour conſtruire le Pont Royal des Thuilleries à Paris.
La largeur, que l’on doit donner aux Piles des Ponts par raport à
l’ouverture des Arches, eſt encore une difficulté ſur laquelle les Ar-
chitectes ne s’accordent point, &
que la Geometrie paroît ne pouvoir
entreprendre, puiſqu’elle dépend abſolument de la conſiſtance de la
pierre:
car comme il s’agit de rendre les Piles aſſés fortes pour
ſoutenir le poids des Arches, &
tout ce qu’elles peuvent porter, il
n’y a pas de doute que la pile qui n’auroit qu’une mediocre largeur,
&
qui ſeroit conſtruite de bonne & grande Pierre de Taille, ne ſou-
tienne plûtôt une Arche de 15 toiſes d’ouverture, qu’une autre
Pile qui auroit deux fois plus de largeur, mais qui n’auroit que le
parement de Pierre dure, &
le dedans rempli de mauvais moîlon,
n’en ſoûtiendroit une de huit toiſes.
Cependant, il eſt de conſéquen-
ce de ſe ſervir de bonne Pierre, pour n’être pas contraint de donner
une trop grande largeur aux Piles, parce que ſi le lit de la Rivierre
ſur laquelle on veut faire un Pont eſt reſſerré, il eſt à craindre que le
courant de l’eau, ſe trouvant gêné, ne renverſe le Pont dans le tems
des grandes inondations, comme cela arrive aſſés ſouvent.
Un autre
inconvenient encore des Piles trop larges;
c’eſt que leurs avant-becs

Text layer

  • Dictionary

Text normalization

  • Original

Search


  • Exact
  • All forms
  • Fulltext index
  • Morphological index