Ufano, Diego, Artillerie, ou vraye instrvction de l' artillerie et de ses appartenances : contenant une declaration de tout ce qui est de l' office du General d' icelle, tant en un siege qu' en un lieu assiegé; Item des batteries, contre-batteries, ponts, mines & galleries, & de toutes fortes de machines requises au train
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10354Second Traicté
Gen. Ieme trouue du tout ſatisfait, quand à ce poinct, de vos raiſons, confeſſant
que iuſques à preſent i’ay eſté bien abuſé.
Mais puis qu’il eſt heure de diſner, nous nous
contenterons de ce que nous auons traicté pour cette fois:
& apres diſner nous verrons
vne autre queſtion, à ſçauoir quelle piece fait plus de portée, celle qui eſt logée au haut de
quelque tour, ou celle qui ſe tient au pied d’icelle.
Cap. En celaie taſcheray ſelon tout mon pouuoir de vous ſatisfaire, ſinon entiere-
rement, pour le moins en partie.
DIALOGVE IX.
Des pieces eſgalles, quelle pouſſera ſon boulet plus loing, celle qui eſt logée au baut
d’vne tour, ou celle qui eſt logée au pied d’icelle.
GEn. Seigneur Capitaine, ie deſire fort d’eſtre deueloppé de ce doute, dont i’ay
fait mention deuant diſner, des deux pieces eſgalles, (ou bien ſe ſeruant d’vne
meſme piece) l’vne logée en vne haute tour, &
l’autre au pied d’icelle; de laquel-
le la portée ſera plus loingtaine.
Cap. De choſe ne veuë ny experimentée ie n’en ſçaurois donner ſi parfaite & en-
tiere reſolution.
Gen. Pour le moins dites moy ce qu’il vous en ſemble.
Cap. Puis que V. S. ainſi le deſire, il me ſemble que celle qui eſt logée au haut
doit pouſſer ſon boulet beaucoup plus loing que celle d’enbas.
Gen. Pourquoy cela? I’eſtimerois auſſi icy le contraire, car le boulet d’en haut, ſe
trouuant pluſtoſt en l’air, qui le retient &
empeſche ſelon l’experience, ſon cours ne peut
faire ſa volée ſi longue que celle d’enbas, qui eſtantà l’abry du vent &
de l’air, ne ſent pas
ſi toſt l’empeſchement.
Cap. Il eſt bien vray, que l’air & le vent donne quelque empeſchement au boulet,
mais cependant celle d’enbas n’eſt pas exempte, ains plus empeſchée en ce que pour mon-
ter ſeulement a la hauteur de l’autre piece, elle conſomme vne bonne partie de ſa force;
&
puis amoindrie de force, montant plus haut, elle ſent auſſi plus de retenuë que l’autre, qui
auec toute ſa vigueur, a auſſi la hauteur de ladite tour à ſon auantage.
Gen. Mais quelles raiſons y a-il icy qui ſoient aucunement apparentes?
Cap. Les raiſons en ſont certaines & naturelles: En ce que, pour tirer au plus loing,
il faut tellement eſleuer la piece, qu’elle eſgalle le quarante &
cinquieſme degré de ſon ho-
rizon, qui reuient iuſques au ſixieſme poinct du quadrant, auquel elle aura ledit horizon
plus proche que celle qui eſt au pied en bas.
Gen. Voire c’eſtoit pourcela, que i’eſtimoy qu’elle feroit le coup plus court, le
boulet ſe mettant autant pluſtoſtà repos, qu’elle ſe trouue plus prés dudit horizon.
Cap. Il eſt vray que la piece eſtant eſleuée par deſſus ledit ſixieſme poinct du qua-
drant, le boulet montant beaucoup plus haut en l’air, fait auſſi ſon voyage plus court.
Tou-
tesfois auſsi icy la piece d’enhaut retient touſiours ſonditauantage par deſſus celle d’enbas,
lequel elle demonſtre, en ce, que ſelon la meſure de ladite hauteur elle iettera touſiours
ſon boulet plus loing, que celle du pied, comme il appert par la figure 7.
a.
Gen. Quelle difference de mouuements a le boulet, dés ſa premiere ſortie de ſa
piece iuſques a ſon repos.
Cap. Il y a trois mouuements diuers. Le premier a ſon commencement inconti-
nent dés la ſortie de la bouche de la piece, comprenant en vne ligne droite toute la force
&
vigueur d’icelle: dont il eſt appelé mouuement violent. L’autre commence

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